La République tchèque prête à emboîter le pas au Royaume-Uni en cas de Brexit

Faut-il craindre un effet domino si la Grande-Bretagne quitte l'Union européenne? C'est en tout cas la menace qu'a laissé planer, mardi, le Premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka, en affirmant qu'un débat serait engagé dans son pays d'ici à "quelques années" si cette hypothèse devait se confirmer.
Le Premier ministre britannique David Cameron et le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka. Alors que David Cameron a arraché à Bruxelles un "statut spécial" favorable au Royaume-Uni pour tenter de le maintenir dans l'Union, son homologue tchèque

Naguère utilisée pour décrire le basculement des pays d'Europe de l'Est dans le giron soviétique, la théorie de l'effet domino pourrait bien resurgir à l'aune de l'actuel débat sur le "Brexit". En effet, si la Grande-Bretagne quittait l'Union européenne au terme du référendum prévu le 23 juin prochain, la République tchèque se pencherait également sur la question, a averti mardi son Premier ministre, Bohuslav Sobotka.

"Si la Grande-Bretagne quitte l'UE, un débat sur le retrait de la République tchèque sera à attendre dans quelques années", a déclaré Bohuslav Sobotka à l'agence tchèque CTK. L'impact risque d'être vraiment énorme", a-t-il insisté, avant de mettre en garde contre les conséquences économiques et sécuritaires d'un éventuel retrait de son propre pays.

Aujourd'hui, 62% des Tchèques voteraient contre l'adhésion à l'UE...

Après la partition à l'amiable de la Tchécoslovaquie en 1993, la République tchèque a rejoint l'Otan en 1999 et la Slovaquie l'a suivie en 2004, avec l'adhésion des deux pays à l'UE. Malgré le bénéfice tiré des fonds d'investissements structurels européens, la République tchèque conserve une large défiance vis-à-vis de l'UE. Selon un sondage effectué en octobre dernier par l'institut de sondage pragois STEM, trois Tchèques sur cinq sont mécontents de l'appartenance de leur pays à l'Union. Et si un référendum sur l'adhésion à l'UE devait se tenir aujourd'hui, 62% d'entre eux voteraient contre. Le débat autour de la volonté de Bruxelles de contraindre certains des Etats membres - et notamment d'accroître la participation des pays d'Europe de l'Est - à accepter des quotas pour l'accueil des migrants n'a fait qu'accroître cette défiance.

manifestations anti-migrants à Prague

Une manifestation anti-migrants à Prague, début février 2016. (Photo: David W Cerny/ Reuters)

Alimenté notamment par l'ancien président eurosceptique Vaclav Klaus, chef de l'Etat en 2003-2013, le sentiment anti-européen actuel est d'ailleurs surtout lié à la crise migratoire, précise STEM. Le président tchèque de gauche, Milos Zeman, réclame également un coup de frein à la vague de migrants et de réfugiés arrivant en Europe. Il a même participé l'année dernière à un rassemblement contre les migrants, organisé par le mouvement xénophobe "Bloc contre l'islam".

...mais n'aimeraient sûrement pas revenir dans la zone d'influence russe

Mais, selon le Premier ministre, une fois sortie de l'Union européenne, la République tchèque se retrouverait dans la "sphère d'influence" de la Russie.

"Il s'agirait là d'une négation absolue de l'évolution depuis 1989", date de la chute du régime communiste à Prague, a-t-il lancé.

Une hypothèse impopulaire dans l'ex-Etat soviétique, berceau du "Printemps de Prague" qui a ouvert la voie à une libéralisation progressive dans les anciens Etats satellites de l'URSS, initiée en janvier 1968 par le président Dubček et violemment réprimée huit mois plus tard, avec l'invasion des chars russes dans la capitale tchécoslovaque.

Les Serbes affichent leur désillusion avant même d'entrer dans l'UE

Pendant ce temps, le Premier ministre serbe Alexandre Vucic a a enfoncé le clou en affirmant que l'adhésion à l'Union européenne n'était plus "le grand rêve d'autrefois" pour les Etats des Balkans.

 "L'Union européenne à laquelle nous aspirons tous a perdu son pouvoir magique", a-t-il déploré à l'occasion d'une conférence de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (EBRD). "Quand vous voyez qu'au Royaume-Uni au moins 50% des gens disent qu'ils veulent sortir, cela a un effet sur l'opinion", a ajouté le chef d'Etat.

Sept pays sont actuellement candidats pour rejoindre l'UE lors de la prochaine phase d'élargissement, à l'horizon 2019: la Serbie, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine, l'Albanie, la Turquie et la Macédoine. Les rapports européens pointent ici et là des taux de chômage record, un niveau de corruption élevé ou autant de points susceptibles d'empêcher ou de retarder une adhésion de plusieurs années. Si tant est qu'ils veuillent toujours rejoindre l'Union européenne d'ici là.

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Commentaires 33
à écrit le 29/02/2016 à 21:50
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L'UE, c'est mort. Vous voulez un électrochoc, lisez ceci. L'élargissement, méga connerie. La charrue avant les boeufs !!! Bruxelles ? Vendu aux lobbies. Plus que vendu, corrompu. On n'est plus en démocratie !!! Souvenez-vous, nos grands parents se s...

à écrit le 26/02/2016 à 22:13
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Le meilleur scénario serait que les Britanniques votent non au référendum, pour que l'Europe puisse enfin reprendre sa construction. Depuis qu'ils sont entrés dans l'Europe, ils font tout pour arrêter sa construction, et on ne pourra reprendre le pro...

à écrit le 25/02/2016 à 16:09
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Il serait quand même fort utile que les 27 autres pays que le UK fassent état de leur opposition à tous ces modes dérogatoires, beaucoup pour les british, un peu pour les danois et autres. Mais bon, savoir que la Serbie, le Monténégro, la Bosnie-He...

à écrit le 25/02/2016 à 11:09
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La France ne fait plus rêver, elle n'a plus d'aura culturelle ni intellectuelle dans le monde. Chaque jour elle piétine ses idéaux républicains en créant toujours plus de réglementations catégorielles et de privilèges protectionnistes. L'Allemagne dé...

le 25/02/2016 à 12:17
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La France, en tant que première destination touristique de la planète et grosse receveuse d'investissements étrangers, doit encore bien faire rêver un tout petit peu... Le discours décliniste a ses limites, surtout à une époque où notre pays commence...

à écrit le 25/02/2016 à 9:49
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Certains parle de l'UE comme d'un club super. Depuis l'acte unique, il n'a plus rien d'intéressant pour les Français. En effet, l'acte unique a imposé un mode de fonctionnement qui va bien pour les anglais, très fort dans une logique d'actionnariat. ...

le 25/02/2016 à 11:43
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IL faut se méfier des grandes généralisations sur les "cultures nationales" et autres "schémas mentaux".... L'Allemagne n'a pas toujours eu une "culture régionale" de l'Etat comme vous dites! Notamment entre 1933 et 1945... Le culte de l'Etat fort, l...

à écrit le 25/02/2016 à 9:27
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La république Tchèque n'a aucun intérêt à quitter l'UE, elle verse 1,5 milliards au budget de l'UE et en reçoit 4,5. Par contre la Grande Bretagne en verse 13 et en reçoit 7. On se rend bien compte qu'il faudra que les autres pays compensent si le Br...

le 25/02/2016 à 12:04
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@Paul C: tout à fait. Tous ces pays ont rejoint l'UE pour profiter, mais dès qu'ils retombent sur leurs pattes, ils veulent bien continuer à bénéficier, mais pas à contribuer !!! Bon, il ne faut pas non plus les blâmer, car chacun défend ses propres ...

à écrit le 25/02/2016 à 7:36
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La population Tchèque est moins bête que ses dirigeants qui prendront une bonne rouste en cas de consultation électorale !

à écrit le 25/02/2016 à 3:40
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Quand je pense qu'il y en a qui croit à une sortie de la GB ! Mon dieu ! Cette mascarade est tellement pitoyable, et le pire ça marche ! GSachs claque des milliards, les médias martèlent la fin du monde, les pseudos patrons votent tous pour "je reste...

le 02/07/2016 à 8:37
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"Quand je pense qu'il y en a qui croit à une sortie de la GB !" Et alors...???

à écrit le 24/02/2016 à 21:20
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Les nationalismes sont en marche, partout dans le monde. En route pour un nouveau Yalta... après la fin des hostilités...Si tout n'a pas été vitrifié avant.

le 25/02/2016 à 9:54
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Déjà au point Goldwin? On peut réfléchir aussi; vu la situation, c'est même conseillé. Les petites lunettes n'apporterons rien.

à écrit le 24/02/2016 à 21:09
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Soyons réalistes, pratiquement tous les pays d'Europe seraient hors de l'UE si on consultait de nouveau les peuples par référendum. Factuellement, nous ne devrions plus y être après le non de 2005, ou plus exactement l'Europe qui devait se constr...

le 25/02/2016 à 12:24
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Il est toujours dangereux de vouloir donner un sens au résultat d'un référendum : certains ont voté non en 2005 parce qu'ils ne voulaient pas d'une Europe libérale, d'autres parce qu'ils ne voulaient pas d'Europe du tout, d'autres parce qu'ils voulai...

à écrit le 24/02/2016 à 20:00
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Pas de la Turquie en Europe pas de fasciste d Erdogan la Turquie c est pas l Europe l Europe aux européens

le 24/02/2016 à 22:41
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La Turquie c'est - si j'osé dire - le moindre mal mais quand on aura les albanais et la Bosnie Herzégovine, l'UE sera littéralement gangrenée par la pègre, la mafia, et le terrorisme . Comment peut-on en arriver là ?

à écrit le 24/02/2016 à 18:52
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Nous ne récoltons que ce que nous avons semé depuis plus de 20 années . Si les Etats de feu la CEE avaient avancé sur l'union politique au lieu de créer ce machin en ouvrant grand les portes aux pays de l'est, nous ne serions pas dans cette chienlit....

le 24/02/2016 à 20:06
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Il est clair que S'IL avait eu une véritable Europe... Néanmoins sinon, et j'attends un avis contraire SOLIDE, les us, avec leurs conflits et la destruction de la planète, sont bien RESPONSABLES de la migration actuelle. Ce qui s'accorde naturellemen...

à écrit le 24/02/2016 à 18:45
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dacia, to neni sdravi les tcheques font semblant de croire qu'ils quitteront l'europe en gardant la sous traitance des entreprises allemandes...... c'est pas sur du tout! pour le reste je discutais avec un serbe qui m'expliquait qu'on en etait au c...

à écrit le 24/02/2016 à 18:29
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Je pense qu'il serait mieux qu'ils partent. Ces pays ne sont rentrés dans l'Europe que pour toucher des subventions et pouvoir délocaliser des emplois. On n'aurait jamais dû les accepter.Ils ne satisfaisaient pas aux critères démocratiques et d'idée ...

le 24/02/2016 à 20:07
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Pardon, mais votre remarque sur les criteres democratiques et la corruption est juste a cote de la plaque. La republique tcheque n'a pas de lecon a recevoir de la France sur ces points là, voyagez un peu plutot que de rester dans votre hexagone moisi...

à écrit le 24/02/2016 à 17:37
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C'est le piège dans lequel on est entré en accordant des dérogations et privilèges aux Anglais. Une Grande Europe doit se construire pour parler d'égal à égal avec les autres grandes puissances. Peut-être faut-il donc la recentrer autour des pays fon...

à écrit le 24/02/2016 à 17:23
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En ce moment, sortir de l'UE est très à la mode. Mais qu'est ce que ces petits pays s'imaginent qui les attend dehors ? Qu'on continuera à leur ouvrir grand la porte de notre marché commun, alors qu'ils nous la claque à la figure ? Et gratis, avec ...

le 29/02/2016 à 18:45
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les petits pays ne veulent pas parler d'égal à égal avec les grands pays. Ils n'ont pas des armées de politiciens et de fonctionnaires. Ils souhaitent vivre en paix à l'intérieur de leurs frontières et commercent avec le monde entier ex SUISSE 8 mil...

à écrit le 24/02/2016 à 17:16
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On ne peut envisager un effet domino concernant la zone européenne (et non seulement euro) mais un effet mikado. Ce dernier revient à l'écroulement soudain de pans entiers et non d'une chute par petits bouts. Il est en effet impossible à ces acteurs ...

à écrit le 24/02/2016 à 17:06
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Bien, je propose de laisser tous ces gens quitter la communauté Européenne. Mais, pour bien marquer le coup et couper court à la "contagion", refuser toute négociation de libre-échange avec ces pays. L'accès 'libre' au marché européen réservé au...

à écrit le 24/02/2016 à 16:34
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" à l'horizon 2019: la Serbie, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine, l'Albanie, la Turquie et la Macédoine"....... Vraiment il nous manquait plus que ça.

à écrit le 24/02/2016 à 16:33
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Bon débarras !!! Il faut en revenir aux fondamentaux : les 9 ou 10 Pays de l'Ouest de l'Europe qui forment la zone Euro. Poutine doit commencer à se frotter les mains en rêvant de réétendre sa zone d'influence vers l'Ouest jusqu'à l'Allemagne. On en ...

le 24/02/2016 à 17:07
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L'Allemagne est bien entourée de pays "protégés" par l'OTAN. Donc, cela sera peu probable.

à écrit le 24/02/2016 à 16:29
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Quel pourcentage si une telle consultation était faite en France? Comme nos voisins, 62% des Tchèques et plus ici, non?... Va savoir nos dirigeants n'auront jamais le cran pour s'y essayer.

le 24/02/2016 à 17:27
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Un discours populiste absolument ridicule, alors que des responsables politiques pro-européens ont remporté en France toutes les élections nationales depuis un demi-siècle, avant comme après le référendum de 2005...

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