La fièvre des prix n'est pas retombée à la fin de l'année 2021. La hausse des prix à la consommation dans les 19 pays utilisant la monnaie unique a été de 5% sur un an en décembre, après une hausse de 4,9% le mois précédent, alors que les économistes interrogés par Reuters anticipaient un taux d'inflation de 4,7%. Du jamais vu depuis le début de ses estimations en janvier 1997, selon Eurostat. Le précédent record se situe en 2008, lors de la crise financière, avec une inflation à plus de 4% pendant l'été.
Ces chiffres sont largement au-dessus de l'objectif de la Banque Centrale Européenne (BCE) d'une inflation à 2% dans la zone euro. Mais, pour l'institution monétaire, cette inflation est transitoire et devrait diminuer en 2023, après un pic atteint en 2022.
Malgré un léger coup de frein, l'énergie à un niveau élevé
La hausse des prix de l'énergie est estimée à 26% en rythme annuel, ce qui marque un léger ralentissement après la hausse de 27,5% le mois précédent, précise Eurostat. Les prix du gaz et de l'électricité ont contribué en grande partie à cette envolée de l'indice général des prix.
De leur côté, les prix de l'alimentation, de l'alcool et du tabac devraient avoir augmenté de 3,2% sur un an (contre +2,2% en novembre) et ceux des biens industriels hors énergie de 2,9% (après +2,4%).
Légère hausse de l'inflation sous-jacente
L'inflation dite de base, c'est-à-dire hors énergie et produits alimentaires non transformés, a augmenté de 2,7% en rythme annuel contre 2,6% en novembre. Une mesure plus étroite encore qui exclut également l'alcool et le tabac affiche une hausse de 2,6% sur un an, comme le mois précédent.
L'inflation est restée stable en France
En France, l'indice des prix à la consommation est restée stable entre novembre et décembre à 3,4%. Parmi les autres grandes puissances, l'Espagne (6,7%) et l'Allemagne (5,7%) enregistrent des niveaux élevés. L'inflation en Allemagne marque néanmoins le pas par rapport à novembre (6%) alors qu'elle a accéléré dans la péninsule ibérique (5,5%). Lors de ses voeux à la presse ce vendredi 7 janvier, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a déclaré :
"Ce qui est frappant est que l'inflation en France est stabilisée. C'est un évidemment un sujet que nous regardons de très près. De l'avis de Christine Lagarde et la BCE, cette inflation est temporaire. Personne ne pense que nous sommes entrés dans un cycle de hausse de plusieurs années en Europe. Cela va amener la banque centrale européenne à faire évoluer sa politique monétaire notamment sur les rachats d'actifs dans les prochains mois. Ce qui se passe aux Etats-Unis n'est pas ce qui se passe en Europe. Nous avions averti sur les risques de surchauffe aux Etats-Unis."
A quelques semaines de la présidentielle, la question du pouvoir d'achat est au centre des préoccupations. L'explosion des prix alimentaires et des prix de l'énergie pourraient bien assombrir le bilan du gouvernement.
(avec agences)