Le bras de fer UE-Hongrie continue : Bruxelles veut geler 13 milliards d'euros de fonds européens destinés à Budapest

La Commission européenne soutient le gel de 18 milliards d'euros de fonds européens destinés à la Hongrie, lui reprochant de ne pas faire de réformes suffisantes de son système judiciaire et de sa politique anti-corruption. En parallèle, Budapest maintient son veto sur le versement d'un prêt de l'UE de 18 milliards d'euros à l'Ukraine.
Viktor Orban, le Premier ministre hongrois.
Viktor Orban, le Premier ministre hongrois. (Crédits : Reuters)

L'heure n'est pas à la détente entre l'exécutif européen et le gouvernement hongrois. La Commission européenne recommande désormais de geler 18 milliards d'euros destinés à la Hongrie : dont 7,5 milliards d'euros de fonds de cohésion du budget 2021-2027 de l'UE destinés à la Hongrie, auxquels s'ajoutent 5,8 milliards dans le cadre du plan de relance. Des sommes dont la Hongrie a besoin au moment où son économie tangue à cause de l'inflation qui caracole à plus de 20%, avec des prix alimentaires en hausse de 40%.

Le bras de fer entre Budapest et Bruxelles se durcit

Bruxelles justifie cette mesure en affirmant que les initiatives en matière d'indépendance de la justice et de lutte anticorruption exigées par l'UE n'ont pas été suffisamment mises en place par Budapest. Depuis avril, la Hongrie est soumise à une procédure qui conditionne le versement de fonds européens à des réformes, avec une première échéance le 19 novembre. « Aucun versement de fonds n'aura lieu tant que ces conditions essentielles ne seront pas correctement remplies », a lancé le vice-président exécutif de la Commission Valdis Dombrovskis ce mercredi à la presse.

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Cette décision s'inscrit dans le cadre d'une dégradation des relations entre le gouvernement de Viktor Orban et les instances européennes. Les tensions se cristallisent sur la réponse à apporter à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Budapest conteste vivement les sanctions européennes contre l'économie russe, qu'elles accusent d'appauvrir la Hongrie. Viktor Orban a ainsi obtenu de continuer à importer du pétrole depuis la Russie. L'entreprise Rosatom doit aussi construire les deux prochains réacteurs nucléaires hongrois.

Surtout, la Hongrie met son veto au versement d'un prêt de 18 milliards d'euros de l'UE à l'Ukraine pour 2023 et se contente d'une aide nationale de l'ordre de 187 millions d'euros. Or, ce prêt européen nécessite l'unanimité des 27 et le refus hongrois suffit à tout bloquer. Une position que le commissaire européen au Budget Johannes Hahn a qualifié de « pur chantage politique », y voyant une revanche de la Hongrie au blocage par Bruxelles des aides qui lui reviennent. De son côté, Budapest affirme qu'il n'y a aucun lien entre les deux dossiers.

Pression du Parlement européen

Dans le camp européen, le Parlement européen est en première ligne pour fustiger « les autorités hongroises ( qui ) continuent de se servir abusivement de la règle européenne de l'unanimité pour bloquer des décisions essentielles ». Très critique du gouvernement de Viktor Orban qualifié de « régime hybride d'autocratie électorale » par les eurodéputés en septembre, le Parlement fait pression sur la Commission européenne. Le groupe centriste Renew a ainsi menacé la Commission d'une motion de censure si elle devait accepter le dégel des fonds pour la Hongrie.

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La Commission européenne n'a néanmoins pas le pouvoir de décider seule d'une telle sanction. Le gel des 13 milliards d'euros qu'elle a recommandé aujourd'hui doit encore être confirmé par les Etats membres à la majorité qualifiée d'ici au 19 décembre. Cela suppose d'obtenir l'aval de 15 Etats sur 27.

(avec agences)

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Commentaires 3
à écrit le 30/11/2022 à 18:37
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Que Ven der LEYEN et MICHEL continuent de "taper" sur la Hongrie, la Pologne, l'Italie peut être aussi, et nous aurons sûrement une majorité qualifiée de droite ou droite anti Germanique et Technocratique aux élections de 2024. Cette UE, bien pensant...

à écrit le 30/11/2022 à 16:38
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La Hongrie a raison de ne rien céder à l'union européenne ! Elle doit tout faire pour préserver les intérêts de son peuple, tout en continuant à piétiner les commissaires, les parlementaires et les juges de l'UE !

à écrit le 30/11/2022 à 16:26
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La dictature européenne dans toute sa splendeur. Qu'en est il des sms de Mme Van der Leyen avec le PDG de Pfizer? Qu'en est il de l'opacité du contrat et des membres chargés de 'négocier' le vaccin avec Pfizer? Que l'UE s'occupe de ce qui se passe au...

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