Lutte contre la pollution : l'Europe présente son plan pour 2050

Air, eau, sols : l'Union européenne a détaillé ce mercredi son plan « zéro pollution » pour atteindre des seuils acceptables pour la santé humaine d'ici trente ans. Mais les ONG restent dubitatives quant à la volonté réelle des Etats de transposer ces mesures. Le texte doit notamment « garantir aux personnes dont la santé est affectée le droit d'être indemnisées en cas de violation des règles européennes de qualité de l'air. »
L'UE veut ajouter aux listes de polluants de l'eau à « contrôler plus strictement », via des seuils contraignants, 25 substances « problématiques. »
L'UE veut ajouter aux listes de polluants de l'eau à « contrôler plus strictement », via des seuils contraignants, 25 substances « problématiques. » (Crédits : Reuters)

L'Europe veut mettre fin à la pollution de l'air, de l'eau et des sols, dont les dégâts sont connus, mais pour lesquels les remèdes restent insuffisants. Bruxelles a détaillé mercredi son plan "Zéro pollution" pour 2050. Celui-ci repose sur des normes renforcées de qualité de l'eau et de l'air, l'indemnisation des victimes de la pollution atmosphérique, ou encore le traitement des eaux usées à la charge des industriels.

Seul bémol, aux yeux des ONG environnementales, ce plan supranational risque de rester lettre morte au niveau des Etats. Alors que la pollution de l'air fait 480.000 décès par an en Europe, la France vient par exemple d'être condamnée par le Conseil d'Etat en raison de « la persistance du dépassement des seuils limites ».

Or, la Commission européenne s'était fixée en mai 2021 des objectifs de réduction de la pollution de l'air, de l'eau et des sols d'ici la fin de la décennie, avec l'ambition d'atteindre en 2050 des niveaux qui ne soient « plus nocifs pour la santé humaine et les écosystèmes naturels ».

Réduire de 30% le nombre de décès

Le plan vise notamment à réduire de 75% d'ici 2030 le nombre de décès prématurés (actuellement 300.000 par an dans l'UE) causés par la pollution atmosphérique due aux particules de 2,5 microns (PM 2,5), principal polluant et le plus dangereux car pénétrant profondément dans les poumons.

La Commission propose d'abaisser la valeur limite annuelle pour ces particules fines à 10 microgrammes/m3 en 2030, contre 25 aujourd'hui -- et, plus généralement, d'aligner « plus étroitement » ses normes de qualité de l'air sur les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

ONG et eurodéputés écologistes réclament, eux, un « plein alignement » sur l'OMS, dont la recommandation est de 5 microgrammes/m3 pour les particules PM 2.5.

« On a fixé des standards pour 2030 tenant compte de la faisabilité technique et des facteurs sociaux-économiques (...) Des révisions auront lieu, et ce dès 2028, ce qui permettra de s'aligner pleinement sur l'OMS dès que les technologies et politiques publiques le permettront », argumente le commissaire à l'Environnement Virginijus Sinkevicius.

Par ailleurs, le texte « garantira aux personnes dont la santé est affectée le droit d'être indemnisées en cas de violation des règles européennes de qualité de l'air ». Elles pourront notamment être représentées par des ONG dans le cadre d'« actions collectives » pour réclamer réparation en justice.

Aussi, les procédures permettant aux autorités locales et régionales de sanctionner les entreprises polluantes seront « assouplies ».

Et si les Etats restent libres de décider des mesures spécifiques pour atteindre les normes de qualité de l'air, Bruxelles propose un système renforcé de surveillance, avec des « sanctions efficaces » en cas de manquements.

Les ONG dubitatives

« Il est encourageant de voir de nouvelles règles sur l'accès à la justice (...) Mais la proposition comporte des échappatoires qui permettent aux Etats de s'en tirer avec des violations flagrantes des règles », observe Ugo Taddei, de l'ONG juridique ClientEarth.

« La révision propose une surveillance superficielle des particules ultrafines, du carbone et de l'ammoniac, aucun alignement sur la science, et aucun outil garantissant que les États soient tenus responsables », abonde Margherita Tolotto, du European Environment Bureau (EEB).

La Commission vise par ailleurs "un traitement plus efficace et plus rentable des eaux urbaines résiduaires", en imposant la récupération les "nutriments" (azote, phosphate, composants chimiques...) et en étendant l'obligation de traitement des eaux aux petites communes de 1.000 habitants (contre 2.000 habitants actuellement).

Enfin, l'UE veut ajouter aux listes de polluants de l'eau à « contrôler plus strictement », via des seuils contraignants, 25 substances « problématiques » pour la nature et la santé humaine.

A Bruxelles, il s'agit donc surtout de fixer un cap. « Plus nous attendons pour réduire cette pollution, plus les coûts pour la société seront élevés », a martelé le vice-président de la Commission chargé du "Pacte vert" de l'UE, Frans Timmermans.

Reste que l'ensemble de ces mesures seront négociées entre le Parlement européen et les Etats membres, dont certains sont très hostiles à tout durcissement réglementaire.

(Avec AFP)

Lire aussiPollution de l'air : l'Etat à nouveau condamné en raison de « la persistance du dépassement des seuils limites »

Commentaire 1
à écrit le 26/10/2022 à 22:05
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En 2050 c’est trop tard aujourd'hui même si on prenait les mesures les plus drastiques les premiers effets seraient à la fin du siècle.... L ’OMM annonce le déplacement de 700 millions africains pour manque d’eau, ils vont aller ou..... Le scenario...

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