Alors que les Etats-Unis redoutent une hausse durable des prix à la consommation, les derniers chiffres dévoilés par Eurostat ce mercredi 18 août montrent que l'économie européenne est loin d'être en surchauffe. L'indice des prix à la consommation est passé de 1,9% en juin à 2,2% en juillet en zone euro dépassant légèrement l'objectif de la Banque centrale européenne (BCE) fixé à 2%. Le taux d'inflation annuel dans l'Union européenne est quant à lui passé de 2,2% en juin à 2,5% en juillet. En excluant les prix de l'énergie et de l'alimentation les plus volatils, les prix ont augmenté de seulement 0,7% en juillet contre 0,9% en juin en zone euro.
Outre-Atlantique, la hausse des prix a marqué le pas en juillet passant de 0,9% à 0,5% en un mois. Le spectre d'une spirale inflationniste agitée comme un épouvantail en début d'année dans l'union monétaire semble s'éloigner de plus en plus. La plupart des économistes interrogés par La Tribune ces derniers mois n'avaient pour l'instant pas observé d'effet boucle "prix salaire" dans les pays ayant adopté la même monnaie.
Si les niveaux d'inflation demeurent à un niveau élevé et que les risques d'une hausse durable des prix ne peuvent être complètement écartés, les poussées inflationnistes liées notamment à la flambée des prix de l'énergie ne traduisent pas vraiment une tendance de fond.
La flambée des prix de l'énergie et des matières premières
Sans surprise, la hausse des prix de l'énergie et ceux des matières premières ont largement contribué à la hausse des prix à la consommation ces derniers mois. L'examen plus approfondi des tableaux d'Eurostat indique que l'énergie a largement gonflé l'indice des prix avec une contribution de 1,34 point de pourcentage, très loin devant l'alimentation (0,35 point). Sur un an, elle est en hausse de 14,3%, contre +14,1% en première estimation. Pendant le premier semestre, le prix de certaines énergies a flambé en raison notamment de la reprise économique musclée aux Etats-Unis et en Chine mais cette dynamique demeure fragile.
Les prix du pétrole ont chuté lundi dernier, trahissant les inquiétudes sur la demande de pétrole en Chine alors que le Covid-19 et les restrictions qui l'accompagnent gagnent du terrain dans le pays et que les données économiques déçoivent. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre a reculé de 1,52% ou 1,08 dollar à Londres par rapport à la clôture de vendredi, à 69,51 dollars. Il a lâché presque 3% en séance. A New York, le baril américain de WTI pour le mois de septembre a perdu dans le même temps 1,68% ou 1,15 dollar à 67,29 dollars. A côté de cela, les tensions sur le commerce mondial liées aux difficultés d'approvisionnement ont provoqué des goulets d'étranglement dans certaines zones.
Une accélération attendue à l'été
Après un premier trimestre atone, la croissance a accéléré de 2% au second trimestre d'après les derniers chiffres de la Commission européenne rendus publics mardi 17 août. L'accélération de la vaccination et la levée des mesures de restriction ont permis à l'économie européenne de retrouver des couleurs au printemps. Et même si la saison estivale est en partie gâchée par le variant Delta, l'activité demeure relativement soutenue en zone euro du côté de la demande.
En revanche, les voyants ne sont pas au beau fixe du côté de l'offre. Certains Etats où l'industrie est forte comme en Allemagne, les entreprises ont parfois des difficultés à se fournir en composants. Des tensions existent également du côté de la main d'œuvre. "L'offre limite un peu l'élan économique [...] L'industrie allemande est handicapée par les problèmes d'approvisionnement. Dans d'autres pays qui comptent sur les services comme l'Italie ou l'Espagne, il y a moins de contraintes sur l'approvisionnement" a expliqué l'économiste d'ING Charlotte de Montpellier en charge du suivi de la zone euro interrogée par La Tribune. "L'Europe reste à des niveaux d'activité inférieurs à ceux d'avant-crise. Aux Etats-Unis, l'activité est en train de dépasser leur niveau pré-crise. Les annonces des plans de relance de Joe Biden ont boosté la demande et l'investissement " a-t-elle ajouté.