Zone euro : la croissance du PIB accélère de 2% au second trimestre

L'économie européenne a retrouvé le chemin de la croissance au deuxième trimestre de l'année, profitant des avancées de la vaccination contre le Covid-19 et d'une levée progressive des restrictions sanitaires, selon des chiffres publiés mardi par Eurostat, confirmant leur précédente estimation.
Grégoire Normand
Avec cette performance exceptionnelle, les 19 pays partageant la monnaie unique ont fait mieux que les Etats-Unis (+1,6%) et la Chine (+1,3%).
Avec cette performance exceptionnelle, les 19 pays partageant la monnaie unique ont fait mieux que les Etats-Unis (+1,6%) et la Chine (+1,3%). (Crédits : POOL New)

L'économie européenne commence-t-elle à voir le bout du tunnel ? Selon la dernière estimation de la direction statistique de la Commission européenne dévoilée ce mardi 17 août, le produit intérieur brut PIB de la zone euro a bondi de 2% au cours du deuxième trimestre. A l'échelle de l'Union européenne, l'activité a accéléré de 1,9% sur la même période. Entre janvier et mars, la croissance avait reculé de 0,3% en zone euro et 0,1% dans l'UE à 27.

"Ce n'est pas une surprise. Il n'y pas eu de révision de croissance trimestrielle de la part d'Eurostat. C'est un bon signe. Le deuxième trimestre n'avait pas très bien commencé. Il y avait encore des confinements. Au premier trimestre, il y avait encore quelques pays avec des confinements très stricts en Allemagne et aux Pays Bas par exemple. L'activité économique a repris assez rapidement. La demande est revenue rapidement. C'est une bonne performance pour la zone euro. Il existe encore des restrictions mais l'activité économique est encore bouillonnante. Les indices PMI sont à un niveau élevé" a expliqué Charlotte de Montpellier, économiste chez ING interrogée par La Tribune.

Après deux trimestres consécutifs en repli, l'activité repasse ainsi en territoire positif. "La vaccination a permis ces chiffres de croissance. Les restrictions ont pu être levées. Le niveau européen de vaccination a dépassé celui du Royaume-Uni et celui de Etats-Unis alors que l'Europe avait du retard en début d'année. Le retour de la confiance devrait favoriser la demande" a ajouté l'économiste.

Malgré ces signaux favorables, la progression du variant Delta dans les chaînes de contamination a obligé une fois de plus de nombreux Etats à prendre de nouvelles mesures prophylactiques. Pour les pays dépendant du tourisme international, la saison estivale s'annonce en demi-teinte. Certains Etats ont dû mettre en place des contrôles renforcés et des pass sanitaires à l'instar de la France limitant l'accès à certains lieux publics. En outre, "les entreprises font également face à des difficultés d'approvisionnement et de recrutement. L'offre limite un peu l'élan économique" complète-t-elle.

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Tous les pays retrouvent le chemin de la croissance, des écarts importants

L'un des résultats frappant des derniers chiffres d'Eurostat est que tous les pays où les données sont disponibles ont retrouvé le chemin de la croissance après une année 2020 cataclysmique. Le dernier trimestre 2020 et le premier trimestre 2021 ont été marqués par une croissance atone ou en recul dans de nombreux pays contraints de mettre en place de nouvelles restrictions faute de vaccins. Parmi les grands pays, la France a enregistré la moins bonne performance (+0,9%), derrière l'Espagne (+2,8%), l'Italie (+2,7%) et l'Allemagne (+1,5%) au cours du second trimestre 2021. Le Portugal a lui vu son PIB s'envoler de 4,9%. Lisbonne a connu un très fort rebond après un violent repli en fin d'année 2020. Malgré ce regain général d'activité, les écarts au sein de l'Union européenne demeurent particulièrement marqués. La reprise en ordre dispersé risque d'accentuer la fragmentation de la zone euro déjà fortement fragilisée par la crise de 2008 et la crise des dettes souveraines en 2012.

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Emploi : légère amélioration

Sur le front de l'emploi, les indicateurs passent également au vert. Le nombre de personnes ayant un emploi a augmenté de 0,5% au cours du second trimestre dans la zone euro et de 0,6% dans l'Union européenne. Entre janvier et mars, l'emploi avait diminué de 0,2%. La mise en place du chômage partiel a permis de limiter les destructions d'emplois dans un grand nombre de pays.

"Les Etats ont mis en place des systèmes d'activité partielle pour sauvegarder l'emploi. Nous n'avons pas encore vraiment vu les effets de la pandémie sur l'emploi. Les taux de chômage ont même parfois diminué. Les demandeurs d'emploi ont parfois arrêté de chercher un emploi lors des périodes de confinement et ont disparu des statistiques de l'emploi. Nous allons retourner vers une normalisation du marché du travail" a indiqué Charlotte de Montpellier.

La moindre prise en charge de l'activité partielle par les Etats et la collectivité pourrait cependant faire des dégâts dans les semaines à venir si l'économie européenne ne repart pas assez vite. En effet, les chiffres du chômage en Europe restent pour l'instant encore difficiles à interpréter. La récession historique enregistrée en 2020 par la plupart des pays n'a pas entraîné de chômage de masse en raison notamment des mécanismes mis en place. Une levée trop rapide des mesures d'aides pourrait entraîner des coupes drastiques dans les entreprises déjà affaiblies par plus de 18 mois de pandémie. "Il semble que les politiques de soutien de l'emploi vont diminuer progressivement. Le risque de rattrapage des effets de la récession sur l'emploi est limité avec la hausse de l'emploi au deuxième trimestre. L'emploi va permettre de soutenir la demande et donc l'activité", estime pour la sa part l'économiste.

Grégoire Normand
Commentaires 5
à écrit le 18/08/2021 à 8:59
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Certainement pas grâce à la France ! Et la GB fait 4.8%....alors ayons la victoire modeste....

à écrit le 17/08/2021 à 21:54
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Il faudrait réduire les émissions de CO2 et les émissions de métane et la croissante du PIB accélère. Je pense que l'augmentation du PIB et la réduction des gazs à effet de serre sont contradictoires.

le 18/08/2021 à 12:45
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Oui. On n'arrive toujours pas à décorreller croissance économique et hausse de la consommation d'énergie ansi que des emissions de CO2. Problème : on n'arrive désespérément pas non plus à améliorer le niveau de vie moyen sans croissance economique. ...

à écrit le 17/08/2021 à 18:21
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Ah bon? Et sans les "aides" du BCE?

le 18/08/2021 à 2:28
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Farpaitement.

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