Zone euro : la croissance progresserait fortement en 2021 sans retrouver son niveau pré-crise

Le Fonds monétaire international a révisé à la hausse ses prévisions de croissance au sein de la zone monétaire pour 2021 à 5% contre 4,4% auparavant. En 2022, la croissance du PIB devrait ralentir à 4,3%.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

Les voyants sont au vert en Europe. Près de deux ans après l'arrivée du virus sur le Vieux continent, les chiffres de la pandémie n'affolent plus les compteurs. Après avoir traversé une terrible crise sanitaire économique, la plupart des pays ont retrouvé le chemin de la croissance en 2021.

Selon les dernières projections du Fonds monétaire international (FMI) dévoilées ce mercredi 20 octobre, l'activité devrait bondir de 5% cette année et de 4,3% en 2022 en zone euro. Les économistes ont révisé à la hausse leurs derniers chiffres de 0,6 point pour 2021 (4,4%) et 0,5 point pour 2022 (3,8%).

Après une chute vertigineuse du PIB en 2020 (-6,3%), les moteurs de l'économie ont redémarré plus vite que prévu à la faveur d'une accélération de la vaccination et de la levée des mesures sanitaires. Dans le contexte de ce redémarrage, la flambée des prix de l'énergie et le prolongement des perturbations sur les chaînes d'approvisionnement pourraient peser sur la reprise économique dans les prochains mois, alerte le FMI.

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La France et l'Italie tirent la croissance de la zone euro en 2021

Derrière cette moyenne de 5%, il existe des disparités au sein de l'union monétaire. En 2021, la croissance est principalement tirée par la France (6,3%) et l'Italie (5,8%). L'Espagne enregistre également un rebond important (5,7%).

Les politiques budgétaires expansionnistes et les mesures d'urgence ont permis à ces trois pays de connaître un fort rebond cette année.

Cette reprise est cependant loin d'être spectaculaire au regard du violent plongeon économique enregistré par ces trois pays (supérieur à 8%). Outre les bilans humains catastrophiques de ces poids lourds de la zone euro, leur modèle économique principalement basé sur les services et le tourisme a été brutalement frappé par toutes les mesures visant à limiter les interactions sociales.

Parmi les grandes puissances, l'Allemagne figure plutôt en bas de tableau (3,1%) en 2021 mais la première puissance de la zone euro a enregistré une récession de moindre ampleur l'année dernière (-4,6%). L'Allemagne empêtrée dans une ralentissement industriel à rallonge doit actuellement faire face à de fortes difficultés d'approvisionnement pour répondre à la demande.

Hausse de la consommation et baisse de l'épargne

La consommation des ménages est repartie au cours de l'année 2021 portée par une hausse des heures travaillées retrouvant des niveaux proches de ceux d'avant-crise. Le chômage partiel a ainsi permis d'amortir le choc de la récession entraîné par les mesures prophylactiques en 2021. Les dernières enquêtes de la Commission européenne suggèrent que "les ménages sont prêts augmenter leurs dépenses dans des achats de biens durables dans les prochains mois", précise le FMI, reflétant une hausse de la confiance.

En parallèle, une partie de l'épargne accumulée pendant les périodes de confinement pourrait venir booster la reprise en 2022. Il reste qu'une grande partie de cette épargne concerne les ménages au sommet de la pyramide. Or, ces ménages ne sont pas forcément ceux qui ont la plus forte propension à consommer.

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Une inflation à 2,1% en 2021 et 1,7% en 2022

Le fort rebond de l'économie mondiale a entraîné de fortes tensions inflationnistes depuis le début de l'année. En Europe, l'indice des prix à la consommation s'est envolée à 3,4% en septembre, principalement tiré par la flambée des prix de l'énergie et des matières premières selon les derniers chiffres d'Eurostat rendus publics ce mercredi.

Sur l'ensemble de l'année, les économistes tablent sur une inflation à 2,1%, soit un chiffre légèrement supérieur à l'objectif de la Banque centrale européenne (2%). L'année prochaine, le rythme de l'inflation devrait marquer le pas pour s'établir à 1,7%, puis 1,4% en 2023. L'année dernière, les prix avaient seulement augmenter de 0,3%.

"L'inflation globale en Europe a frôlé les 5% en glissement annuelle à la fin du mois d'août, reflétant un fort 'effet de base', les goulets d'étranglement sur les chaînes d'approvisionnement, la hausse des prix de l'immobilier et de la demande post-confinement" indiquent les économistes du Fonds.

Même si les chiffres sur l'inflation sont encore difficiles à interpréter, la plupart des économistes interrogés par La Tribune ne s'attendent pas une forte poussée inflationniste dans la durée.

"En zone euro, l'indice des prix a atteint 3,4% et plus de 5% aux USA. Parmi les facteurs, la hausse des prix de l'énergie et des matières premières ont largement contribué à cette hausse. Les tensions apparaissent aujourd'hui un peu moins nettement. Il s'agit aussi d'un rattrapage de la désinflation de 2020. Les tensions devraient se résorber au cours du premier semestre 2022.

Globalement, l'immunité collective pourrait être atteinte. Cela permet de retrouver une mobilité à l'intérieur des frontières. A partir de 2022, les restrictions vont se lever", a déclaré l'économiste de l'OFCE, Christophe Blot lors d'un récent point presse.

Dans ce contexte, les gouverneurs de la Banque centrale européenne doivent faire face à un casse-tête. Après avoir mis en œuvre des mesures de politique monétaire expansionnistes en 2020, l'institution de Francfort pourrait prévoir un resserrement au cours de l'année 2022 au risque de plomber la reprise.

"Si les tensions sont plus durables, quel va être le comportement des banques centrales ? C'est pas évident de répondre. La BCE a un peu modifié sa cible à 2%. Comment va-t-elle réagir si l'inflation dépasse les 2% pendant plusieurs mois ?  L'inflation est un risque dans notre scénario pour les ménages en termes de pouvoir d'achat mais c'est aussi une bonne nouvelle. Les banques centrales vont arrêter de se battre contre la désinflation", ajoute l'économiste.

Les règles du pacte de stabilité font débat

Mardi 19 octobre, la Commission européenne a lancé une consultation publique sur les règles du pacte de stabilité. Pour éviter un effondrement économique, l'Union européenne avait mis de côté temporairement le pacte de stabilité, qui limite les déficits publics à 3% et la dette à 60% du produit intérieur brut (PIB). Avec le retour de la croissance, se pose la question de sa remise en place.

Ce dossier divise toujours les Etats membres. Les frugaux comme l'Allemagne et les Pays-Bas, s'inquiètent de devoir payer pour les excès supposés de leurs voisins du Sud et redoutent l'abandon de la rigueur.

Mais la crise liée à la pandémie, en mettant à terre les activités touristiques, a plus sévèrement touché les pays du Sud comme l'Espagne, l'Italie, la Grèce ou le Portugal, aggravant des déséquilibres économiques déjà très forts au sein de l'UE. Ces pays redoutent qu'un strict retour au pacte budgétaire entraîne une réduction brutale de l'investissement public au risque de replonger l'Europe toute entière dans la récession.

A cela s'ajoutent les investissements nécessaires à la transition énergétique  afin de répondre aux objectifs de l'Union européenne en matière de réduction des émissions de C02. A quelques jours de la COP 26 en Ecosse, ces règles risquent à nouveau d'enflammer les débats.

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Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 21/10/2021 à 10:32
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On est tous là à gloser sur la croissance, la crise truc et machin, et je m'aperçois qu'on ne trouve pas facilement le premier chiffre qui compte : le PIB de la France en milliards d'euros. On ne trouve que des variations en %. De quoi ? personne n'...

à écrit le 21/10/2021 à 3:04
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Ces chiffres sont faux. La croissance en europe est insignifiante, voire proche de zero.

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