"Nous devons aller au-devant des PME"

A l'occasion de la publication des résultats annuels du FSI, son directeur général, Jean-Yves Gilet, détaille la stratégie mise en œuvre par le fonds pour soutenir la croissance des PME et des ETI françaises. A l'avenir, le FSI ait être amené à s'intéresser à des secteurs comme les services aux entreprises, la distribution spécialisée, la logistique ou la maintenance industrielle.
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Comment expliquez-vous le ralentissement du rythme d'investissement fin 2010 ?

A la fin de l'année dernière, on a pu avoir le sentiment qu'il y avait un petit ralentissement dans le nombre de dossiers, mais je peux vous assurer que nous avons actuellement beaucoup de projets en devenir. Les projets d'investissements ont besoin d'un certain temps pour mûrir. Ce sera encore plus vrai à l'avenir car nous nous orientons vers davantage d'investissements dans des grosses ETI familiales. Nous adaptons notre cycle d'investissement au temps de l'industrie mais aussi au temps de la gestation des projets. Nous prévoyons d'investir entre 1,5 et 2 milliards d'euros par an mais pour autant, nous ne sommes pas dans une logique quantitative ni en nombre de dossiers ni en volume d'investissement.

Le FSI est- il mieux perçu par les PME ?

Beaucoup d'entreprises ne savent pas encore bien ce qu'est le FSI. Et celles dont le patron est aussi le propriétaire sont souvent réticentes à faire venir un tiers, même si c'est un tiers de confiance, à son conseil d'administration. Pour elles, un temps de maturation est souvent nécessaire. D'où la création des OC+, ces obligations dont la conversion en fonds propres est à la discrétion des entreprises et qui remportent un vif succès. Les 80 millions d'euros dont disposait la filiale commune entre Oséo et le FSI, Avenir Entreprise, ayant été consommés, nous venons de décider d'ajouter 60 millions d'euros. Par la suite, le fonds continuera à être abondé en fonction des besoins.

Comment le FSI peut-il améliorer son approche des PME ?

Les PME et en particulier les PME dans les régions sont une des trois priorités que j'ai fixées lorsque je suis arrivé à la tête du FSI il y a six mois, les deux autres étant l'investissement socialement responsable et l'approche par filières. Les petites entreprises nécessitent un traitement particulier et, les concernant, nous devons désormais passer à la vitesse supérieure. C'est pourquoi j'ai nommé Philippe Braidy directeur général délégué aux PME et à l'action régionale. Nous avons aussi mis en place un dispositif qui doit nous permettre d'aller au- devant des PME. En région, des délégués du FSI, localisés dans les directions régionales de la Caisse des dépôts, interagissent avec l'ensemble des acteurs locaux, comme les banques, Oseo, les experts comptables et les chambres de commerce, pour aller au plus près des entreprises. Au sein de l'équipe du FSI, depuis octobre, chacune des régions a un interlocuteur permanent, en la personne d'un des directeurs d'investissement. Au travers de CDC Entreprises nous investissons tant dans les PME qu'indirectement en nous associant aux levées de fonds régionaux en partenariat avec les banques et les collectivités territoriales.

Par rapport à l'Allemagne, la France manque surtout de grosses PME exportatrices... Que fait le FSI ?

Un des objectifs de l'action régionale en faveur des PME est justement de créer les ETI [entreprises de taille intermédiaire] de demain, en les aidant à croître soit par de façon organique, soit par des rapprochements ou des acquisitions. Par ailleurs, nous estimons à un millier le nombre d'ETI qui sont dans notre champ d'intervention, c'est-à-dire hors filiales de grands groupes, immobilier, commerce de détail ou services financiers. Nous en avons déjà rencontré 400 et nous avons déjà investi dans plus de 30 d'entre elles. Pour les identifier, nous procédons de trois manières. Les délégués régionaux recensent les entreprises qui sont les champions régionaux dans leur secteur. Nous sommes en contact avec les banques et les partenaires locaux de ces entreprises. Enfin, nous avons une approche par filière industrielle, qui nous permet de détecter les acteurs clés de la vie économique. Le FSI a commencé ce travail d'étude approfondi il y a un an. Une dizaine de filières sont d'ores et déjà bien connues. Et nous en avons mis cinq autres en chantier.

Quelle est la rentabilité des investissements du FSI ?

Nous n'avons pas de critère normatif en matière de taux de rentabilité entreprise par entreprise. Cela n'aurait pas beaucoup de sens car cela peut varier d'un secteur à l'autre et notre vocation à rester dans les entreprises plusieurs années nous conduit à privilégier leur capacité à créer de la valeur sur le long terme. A un horizon de 5 à 10 ans la rentabilité des capitaux engagés par le FSI devra être comparable à celle du groupe Caisse des dépôts, c'est-à-dire se situer entre 8 et 10%. En revanche, vous pouvez constater que le bilan du FSI est passé de 20 à 21,8 milliards d'euros car nous avons engrangé du résultat et un certain nombre de nos participations ont été valorisées.

La Commission des Finances du Sénat a décidé de lancer une mission de contrôle, signe que l'action du FSI n'est toujours pas comprise ?

Le lancement de cette mission de contrôle a été médiatisé mais c'est une procédure très classique. Il est tout à fait normal que la représentation nationale demande de mieux comprendre le fonctionnement d'un outil innovant comme le FSI. Nous avons déjà des contacts très réguliers avec les parlementaires car le FSI est une filiale de la CDC qui est sous le contrôle du parlement au travers de sa Commission de surveillance. Et si certains s'inquiètent, de nombreux parlementaires reconnaissent que le FSI est un outil positif et efficace. Mais que ce soit en régions ou au niveau de la représentation nationale, nous allons tout faire pour répondre au besoin de communication autour du FSI.

Les actionnaires du FSI accordent-ils toujours autant d'importance à l'autonomie du FSI ?

Le FSI a un conseil d'administration et les débats se déroulent au sein du conseil d'administration. C'est là que les décisions sont prises grâce au consensus trouvé entre les deux représentants de Etat, les deux représentants de la Caisse des dépôts et les trois personnalités qualifiées qui ont le statut d'administrateurs indépendants.

Le FSI a investi dans des entreprises qui ont licencié. N'est ce pas en contradiction avec votre approche ISR ?

Les entreprises ont parfois le besoin de s'adapter. Notre engagement ISR est que si une adaptation est nécessaire, elle doit se passer dans des conditions exemplaires.

Est-ce qu'il faut s'attendre à voir le FSI intervenir dans des secteurs où il n'était pas encore présent ?

Jusqu'à maintenant nous n'étions pas très présents dans des secteurs comme les services aux entreprises, la distribution spécialisée, la logistique, ou la maintenance industrielle. Or ce sont des éléments importants de la compétitivité des entreprises. Nous pourrions donc être amenés à nous y intéresser. En revanche nous resterons à l'écart de l'immobilier, des services à la personne et des services financiers.

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