Le "crédit conso" poursuit sa descente aux enfers

La production de nouveaux crédits à la consommation a fléchi de 2%, en France, au cours des six premiers mois de l’année 2013, selon l’ASF. Il s’agit du quatrième semestre consécutif de baisse pour un secteur en proie à la mauvaise conjoncture économique, et à un durcissement de sa règlementation.
Christine Lejoux
La production de nouveaux crédits à la consommation s'set limitée à 35 milliards d'euros en France, au cours des 12 derniers mois, soit une chute de 22% par rapport à son record historique de 2008.

Il ne fait pas bon être spécialisé dans le crédit à la consommation, depuis quelques années. Au cours des six premiers mois de l'année 2013, la production de nouveaux crédits à la consommation a fléchi de 2% en France, à 17,3 milliards d'euros, selon les données publiées le 26 septembre par l'Association française des sociétés financières (ASF). Cela fait maintenant quatre semestres que le "crédit conso" n'en finit plus de baisser.

Résultat, la production de nouveaux crédits n'excède pas 35,3 milliards d'euros sur les douze derniers mois, soit une dégringolade de 22% par rapport à son record historique de l'année 2008 (45 milliards d'euros).

 Le secteur a perdu 2.000 emplois depuis 2010

Certes, la conjoncture macro-économique explique en partie ces contre-performances. En ces temps de chômage galopant, les ménages y réfléchissent à deux fois avant de contracter un crédit pour financer l'achat d'une voiture ou s'équiper d'une nouvelle cuisine. Mais le durcissement de la réglementation y est pour beaucoup, lui aussi.

La loi Lagarde de juillet 2010, destinée à mieux protéger les consommateurs contre le surendettement, a porté un rude coup à l'activité des établissements spécialisés dans le crédit à la consommation : depuis, 4 millions de comptes de crédit renouvelable - sur un total de 20 millions environ - ont été fermés, et le secteur du "crédit conso" a perdu 2.000 emplois.

 Le vote final du projet de loi Hamon devrait intervenir fin 2013

 Des chiffres qui risquent d'augmenter encore, en raison du projet de loi Hamon sur la consommation, redoute l'ASF. Adopté en première lecture par le Parlement cet été, ce texte - dont le vote final devrait intervenir fin 2013 ou début 2014 - prévoit notamment de ramener de 2 ans à 1 an le délai de résiliation automatique des comptes de crédits renouvelables non utilisés par leurs détenteurs. Mais également de réduire de 8 ans à 5 ans la durée maximale des plans conventionnels de redressement. Ceux-ci permettant à une personne surendettée de négocier avec ses créanciers pour rétablir sa situation financière, les établissements de crédit redoutent que le raccourcissement de leur durée ne les expose à davantage de risques d'impayés.

 Des mesures « très invalidantes » pour le crédit à la consommation

 Les pouvoirs publics "rajoutent une couche de réglementation avant même que toutes les mesures de la loi Lagarde aient produit tous leurs effets", regrette Eric Spielrein, vice-président de l'ASF. Celui qui est par ailleurs secrétaire général de RCI Banque, la filiale de crédit automobile du groupe Renault, dénonce ainsi "des mesures très invalidantes pour le crédit à la consommation." "Il faut un projet de loi équilibré entre la protection du consommateur français - déjà l'un des plus protégés d'Europe - et la préservation de l'emploi dans notre secteur", renchérit Philippe Dumont, président de l'ASF et directeur général de Crédit Agricole Consumer Finance.

 Rester un établissement de crédit ou devenir une société de financement ?

 Et, comme si les contraintes règlementaires n'étaient pas suffisamment nombreuses, voilà à présent les acteurs de crédit à la consommation aux prises avec Bâle III, la future règlementation relative au renforcement des fonds propres des banques. Dans le cadre de la transposition en droit européen de Bâle III, qui interviendra le 1er janvier 2014, les sociétés françaises de crédit à la consommation devront choisir entre deux statuts. Soit elles garderont celui d'établissement de crédit, soit elles opteront pour le nouveau statut de société de financement.

 Le premier leur permet de se refinancer auprès de la BCE (Banque centrale européenne) mais les contraint à respecter Bâle III à la lettre, une tâche compliquée pour les nombreuses sociétés de crédit à la consommation qui ne collectent pas de dépôts. Le second statut est, de ce point de vue, mieux adapté aux acteurs du crédit conso, mais ne leur donne plus accès au guichet de la BCE. Autrement dit, il s'agit de choisir entre le marteau et l'enclume.

 

Christine Lejoux

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 20
à écrit le 28/09/2013 à 17:42
Signaler
les français sont pas fous, même si les médias et les politiques parlent à leur place et veulent leur imposer ce qui est bon pur eux : ils épargnent parce qu'ils n'ont aucune confiance dans les énormités et mensonges des politiciens, et ils freinent ...

le 28/09/2013 à 18:43
Signaler
Vous soulignez un point essentiel: les taux de l'usure sont exorbitants. C'est une incitation pour les sociétés de crédit à prêter même à des personnes peu solvables ou financièrement fragiles, car l'ampleur des intérêts couvre largement les éventuel...

à écrit le 27/09/2013 à 11:49
Signaler
Trop de crédit l'endettement est un danger mortel voyez à l'échelle des états les dégâts. Le FMI nous a prévenu. Ralentissez et consommez selon votre salaire. il finira par être augmenter seul moyen de relancer la consommation.

à écrit le 27/09/2013 à 7:57
Signaler
Si tu les as pas comme ça tu les dépenses pas.

à écrit le 26/09/2013 à 22:49
Signaler
Et dire qu?après ça, on ose vanter l'optimisme des consommateurs! Ils préfèrent puiser dans leur bas de laine pour survivre jusqu?à des temps meilleurs!

le 27/09/2013 à 0:05
Signaler
C'est plutôt rassurant de voir nos compatriotes cesser d'emprunter à 20%...

à écrit le 26/09/2013 à 22:29
Signaler
Excellente nouvelle. Le crédit à la consommation ne profite qu'aux préteurs. L'emprunteur est toujours le dindon du système. Ces gens sont des vampires . Et je me fous de la conséquence sur la croissance et le PIB. Tant qu''à changer de modèle, autan...

à écrit le 26/09/2013 à 21:50
Signaler
C'est une très mauvaise nouvelle car si la consommation baisse alors on va avoir des paquets de dizaine de milliers de chomeurs en plus. Jacques Sapir estimait à +/- 500 000 chomeurs de plus à fin 2013 si la consommation baissée de 4%... Je ne sais p...

le 27/09/2013 à 0:07
Signaler
Avec des taux à 20%, c'est surtout du crédit qu'ils consomment... Et quand ils empilent ces crédits, ils ne consomment plus le temps de se remettre à flot. Bonne nouvelle donc!

à écrit le 26/09/2013 à 21:30
Signaler
Je souhaite que le secteur en perde encore autant à l'avenir, signe que les Français commencent à réfléchir... Autant de familles sauvées... Continuez!

à écrit le 26/09/2013 à 21:12
Signaler
A la lecture de cet article, je prédis une prochaine concentration des acteurs du crédit conso. Au final, la concurrence sera moins forte et les consommateurs risquent de payer plus cher leur crédit.

le 26/09/2013 à 21:35
Signaler
C'est une blague? Certainement pas dans la finance en tout cas... Pour la concurrence, faudra comparer avec vos voisins ! Vous verrez ce qu'est une vraie concurrence...

à écrit le 26/09/2013 à 21:07
Signaler
Ma TV est tombée en panne. Ben, j'en ai trouvé une autre à Emmaus pour 20 euros. J'ai payé cash.Fini, le crédit, c'est fini.

le 26/09/2013 à 23:06
Signaler
Excellent

à écrit le 26/09/2013 à 20:21
Signaler
Et alors ? c'est plutôt intéressant et satisfaisant. Trop de gens se faisaient piéger par les gogos du revolving. Il y a certainement de la place pour le crédit conso mais l'argent qu'on ne gagne pas comment le rembourser ? Prendre un crédit est un...

à écrit le 26/09/2013 à 20:03
Signaler
Très bonne nouvelle ! Encourager l'endettement des pauvres pour leur consommation courante immoral, cela devrait se borner à des biens d'équipement durables et relativement chères. L'augmentation de la consommation doit passer par une politique d'aug...

à écrit le 26/09/2013 à 19:48
Signaler
Les français deviennent sages et les organismes de crédit ont été muselés dans leur excès les plus voyants avec les loi Lagarde et le projet Hamon. L'assainissement ne pouvait passer que par une chute dans un contexte d'austérité.

à écrit le 26/09/2013 à 18:53
Signaler
la faute a qui hein vous pouvez me le dire ah ca va continuez dans tous les domaines

à écrit le 26/09/2013 à 18:35
Signaler
2% c'est le purgatoire? he beh, il y a certainement bcp de boites qui reverraient de ne prendre que 2% de baisse dans les gencives! le batiment c'est -20, et ca sera pareil l'an prochain, comme l'annee derniere du mois... comme disait einstein ' tt e...

le 26/09/2013 à 19:14
Signaler
Sans compter l'automobile !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.