Assurtech : Luko met un pied en Allemagne par croissance externe

L’assurtech spécialisée dans l’assurance habitation, qui a plus que doublé son portefeuille en France en 2021, vient de racheter le néo-assureur allemand Coya, basé à Berlin, par échange de titres. De quoi consolider son ambition d’atteindre un million de clients en Europe d’ici à 2023. La société pourrait engager cette année une nouvelle levée fonds, après sa dernière opération en janvier 2020 à hauteur de 50 millions d’euros. .
L'assurtech Luko se prévaut d'un score élevé en matière de satisfaction, soit un net promote score (NPS) de 73 en 2021.
L'assurtech Luko se prévaut d'un score élevé en matière de satisfaction, soit un net promote score (NPS) de 73 en 2021. (Crédits : DR)

L'assurtech Luko, spécialisée dans l'assurance habitation, vient de faire un grand pas en Allemagne. Et, une fois n'est pas coutume dans l'univers de la fintech, la start-up qui monte dans l'assurance a privilégié la croissance externe.

La société vient en effet d'annoncer le rachat de l'assurtech allemande Coya, par échange de titres, sans sortie de cash. La valorisation de la transaction n'est pas dévoilée mais cette opération préfigure sans doute une prochaine levée de fonds cette année, après la dernière levée de Luko en janvier 2020 (50 millions d'euros).

« Nous avons trouvé qu'il existait un alignement des intérêts entre nos deux sociétés qui cherchaient à se développer à l'international », explique Raphaël Vuillierme, PDG et cofondateur de Luko. « Les marchés français et allemands sont les plus intéressants en Europe mais l'accès sur le marché allemand est difficile, avec beaucoup de spécificités réglementaires et culturelles, qui nécessitent forcément une grosse équipe locale pour se développer », ajoute-t-il.  Cette acquisition présente, du moins sur le papier, plusieurs avantages.

Passeport européen

Tout d'abord, elle conforte Luko dans sa croissance rapide. La start-up a franchi le cap des 230.000 assurés en France, un nombre multiplié par deux et demi en un an, et Coya apporte dans la corbeille 70.000 clients (+300% en un an). Avec un portefeuille de 300.000 assurés, Luko pourra certainement se prévaloir de la première place des néo-assureurs européens. L'objectif reste ambitieux : parvenir à un million d'assurés en Europe d'ici fin 2023.

Ensuite, les deux sociétés se ressemblent mais sont finalement assez complémentaires. L'Assurtech a opté dès le départ pour un agrément d'assureur (avant même son premier client) et a donc développé une infrastructure assurantielle pour porter son risque. De son côté, Luko a tout misé sur le parcours client et la gestion des sinistresGrâce au passeport européen, Luko va ainsi devenir plus facilement son propre assureur en évitant les fastidieuses démarches réglementaires. Ce statut lui donnera plus de latitude pour fixer ses prix ou faire évoluer ses produits, même s'il conservera ses partenaires réassureurs.

"No border policy"

Enfin, Luko récupère également le bassin d'emploi de la très internationale ville de Berlin. Chacun sait que le nerf de la guerre dans la Tech, gorgée de liquidités, est devenu la qualité du recrutement. Or, Berlin offre des profils plus diversifiés qu'à Paris, même si Luko a adopté, pour attirer les talents, une « no border policy », qui consiste à recruter partout en Europe, sous réserve d'être à moins de trois heures de fuseau horaire du siège à Paris. Déjà, 40 % des effectifs de Luko (170 salariés) travaillent à 100% en télétravail.

Avec cette opération de fusion (Coya sera rebaptisé Luko), la société met un pied sur le premier marché européen de l'assurance. Un dispositif européen complété depuis septembre par une présence en Espagne. L'année 2021 a permis à Luko de s'imposer rapidement sur le segment de l'habitation, c'est même l'un des principaux assureurs en France en termes de nouveaux contrats, tout en limitant son ratio sinistres sur primes à moins de 70%. De quoi tenir sa promesse de redistribuer une (petite) partie des primes à des associations (100.000 euros l'an dernier).

Cap sur l'assurance emprunteur

 La startup a également musclé son offre de services (agrégation d'annonces immobilières, Docteur House, sorte de service de télémédecine pour le logement, suivi des dépenses énergétiques) autour de son concept de «protection du foyer ».

Des investissements sont également prévus en matière d'intelligence artificielle, d'automatisation de la gestion des sinistres mais aussi dans le domaine de la prévention. Tous ces services sont pour l'instant gratuit et font partie du socle de l'offre assurantielle.

Cette année, Luko doit consolider ses bases en Allemagne, développer l'Espagne et, en France, elle compte mettre la priorité sur l'assurance emprunteur, actuellement en débat au Parlement pour faciliter les résiliations et casser le quasi-monopole des banques sur cette activité très lucrative.

D'un côté, les challengers dénoncent les pratiques bancaires pour gêner les résiliations et de l'autre, les banques redoutent une fuite des « bons risques » (« le trentenaire en bonne santé et non fumeur », dixit un banquier) vers la concurrence à grand renfort de dumping sur les prix ! L'assurtech réfléchit également à une assurance pour animaux, un business qui fait un carton au Royaume-Uni (Bought By Many) mais aussi dans les pays scandinaves.

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