L’assurance-vie confirme sa dynamique sous le regard sourcilleux du régulateur

La collecte sur l’assurance-vie ne faiblit pas et retrouve même des records historiques depuis plus de dix ans. Un engouement porté à la fois par les unités de compte et les contrats d’épargne retraite (PER). Mais, derrière ce succès, les assureurs-vie sont sous pression des pouvoirs publics et des régulateurs pour garantir une meilleure lisibilité de l’offre et une meilleure transparence des commissions. Des premières mesures se mettent en place à partir du 1er juin comme la mise en ligne des tableaux récapitulatifs des frais. Mais le régulateur invite également les assureurs-vie à échanger cet été sur la base d’une étude approfondie du marché pour voir comment améliorer encore les choses. De nouvelles recommandations pourraient voir le jour à l’automne prochain.
L'assurance-vie affiche une collecte brute record depuis 2010 sur les quatre premiers mois de l'année.
L'assurance-vie affiche une collecte brute record depuis 2010 sur les quatre premiers mois de l'année. (Crédits : DR)

L'assurance-vie va bien, mieux en tout cas que l'épargne sur livrets. En avril, la collecte nette atteint 2,2 milliards d'euros, en hausse par rapport à avril 2021. « Depuis le début de l'année, l'assurance-vie maintient sa dynamique de développement, malgré les incertitudes économiques », se félicite Franck Le Vallois, directeur général de France Assureurs, qui compile chaque mois ces données. Cette dynamique est notamment alimentée par les plans d'épargne retraite (PER), soit près de 600.000 assurés supplémentaires depuis janvier. A la fin avril, quelque 3,2 millions de personnes détiennent désormais un PER pour un encours de 39 milliards d'euros.

Comme les mois précédents, la collecte nette en avril est portée par les contrats en unités de compte, dont le capital n'est pas garanti (3,1 milliards) alors que les fonds en euros à capital garanti continuent de décollecter, à hauteur de 900 millions d'euros. Au total, sur les quatre premiers mois de l'année, la collecte brute (cotisations) sur l'assurance-vie frôle les 55 milliards d'euros, son niveau le plus élevé pour cette période depuis 2010. Et la collecte nette retrouve un pic depuis 2011 à 10,5 milliards d'euros.

L'encours est en augmentation de 1,1 % sur un an glissant à 1.847 milliards d'euros, ce qui conforte sa place de placement financier préféré des Français. Les assureurs aiment désormais détailler leurs placements pour souligner leur rôle dans le financement de l'économie. Ainsi, à la fin mars, le capital investissement représente un encours de 30 milliards d'euros et 47 milliards sont investis dans des actifs liés aux infrastructures. Enfin, la finance durable pèse aujourd'hui 215 milliards d'euros (11% du total).

Face à l'opacité des commissions, l'enjeu de la transparence

Derrière ces bons chiffres, l'assurance-vie se met également en ordre de marche pour assurer une meilleure transparence des commissions, notamment sur les unités de compte qui compilent plusieurs types de commissions. Depuis le 1er juin, les assureurs sont désormais tenus de mettre en ligne un tableau récapitulatif des principaux frais de chaque contrat PER. Et à partir du 1er juillet, ils devront faire de même sur les unités de compte. « C'est un engagement pris par la profession », rappelle Franck Le Vallois. Et il est tenu. « Du moins, je n'ai pas d'informations contraires », précise le dirigeant de France Assureurs.

L'an dernier, un rapport du Comité consultatif des services financiers (CCSF) avait souligné l'opacité des commissions prélevées à différents niveaux, dont une partie en rétro-commissions censées rémunérer le travail du conseiller. Un travail d'ailleurs rendu d'autant plus indispensable que les contrats d'assurance-vie deviennent de plus en plus complexes à saisir avec l'essor des unités de compte (39% de la collecte brute en avril).

Ce devoir de conseil est d'ailleurs une obligation étroitement surveillée par le régulateur. Bercy également avait pointé l'an dernier les frais « excessifs » sur les PER. Selon une étude réalisée l'an dernier par le cabinet Fact & Figures, l'empilement des coûts sur les unités de compte représente une charge annuelle pour l'assuré comprise entre 2,5% et 3%.

Consultation des professionnels durant l'été

Le sujet est délicat. D'un côté, les commissions obèrent la performance des contrats sans que l'assuré en prenne pleinement conscience. Un enjeu croissant à l'heure où l'inflation atteint des pics historiques et les performances des marchés sont insuffisantes pour masquer la facture comme dans les années précédentes. De l'autre, la nature des contrats doit assurer la rémunération des assureurs, des différents supports et des réseaux de distribution.

« La distribution mérite une juste rémunération », a reconnu François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, lors de la présentation du rapport annuel de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), mardi dernier. Mais, selon ce dernier, « qui dit juste dit ouvert, et qui dit technique ne veut pas dire opaque ». En substance, même s'il n'a pas à se prononcer sur la politique commerciale, le gouverneur pense que la transparence est un préalable à la baisse des commissions.

Le régulateur ne compte d'ailleurs pas s'arrêter en si bon chemin. L'ACPR a mené une étude approfondie sur l'assurance-vie en croisant différents paramètres, comme les commissions, les rendements offerts ou la nature des supports. Les résultats de ce travail de fourmi « appellent à davantage de simplicité dans l'offre et une réflexion à conduire sur le partage des rémunérations », souligne François Villeroy de Galhau.

En clair, ces résultats seront discutés avec les professionnels de l'assurance-vie pendant l'été, avant d'être publiés à l'automne. Avec, à la clé, de nouvelles recommandations qui complèteront les mesures déjà mises en place, « pour éclairer les épargnants ».

« Notre objectif », confirme Jean-Paul Faugère, vice-président de l'ACPR, en charge de l'assurance, « est bien de s'assurer que l'intérêt du client soit toujours prioritaire. »

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Commentaire 1
à écrit le 01/06/2022 à 21:39
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En ces périodes troubles, les UC sont dans l'immédiat un pari risque. Après la fin de la guerre en Ukraine peut-être si Poutine n'est plus là et que la Russie devienne une vraie démocratie. Pas gagné.

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