Banque d'Angleterre : les 325 ans de la vieille dame de Threadneedle Street

La deuxième plus ancienne banque centrale du monde, nationalisée en 1946 et devenue indépendante du gouvernement en 1997, raconte ses 325 ans à travers une exposition à Londres. Un anniversaire célébré en pleine période d'incertitude pour l'économie britannique avec le Brexit.
Mark Carney, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, devant le nouveau billet de 50 livres sterling, mettant à l'honneur le grand mathématicien britannique Alan Turing.
Mark Carney, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, devant le nouveau billet de 50 livres sterling, mettant à l'honneur le grand mathématicien britannique Alan Turing. (Crédits : Andrew Yates)

Entre un billet tricentenaire et un autre falsifié à plusieurs reprises, la "vieille dame de Threadneedle Street" comme l'on surnomme la Banque d'Angleterre célèbre ses 325 ans d'existence, dans une exposition rendant hommages aux hommes et femmes qui l'on façonnée. Parcourir l'histoire de la Banque d'Angleterre (Bank of England, ou BoE), la deuxième plus ancienne banque centrale du monde après celle de la Suède, c'est d'abord remonter à une époque où la valeur des billets de banque était inscrite à la main.

Parmi les 325 objets exposés (un par année, à l'instar des bougies), un billet de 40 livres datant de 1702. Une somme énorme pour l'époque, puisqu'elle équivalait à plus de 10.000 euros actuels.

A quelques mètres, un faux billet, présenté deux fois à trente ans d'écart à la Banque d'Angleterre. Après la première tentative, quelqu'un avait tenté d'effacer le tampon attestant du caractère factice du billet.

"C'est une histoire fascinante qui montre comment les gens tentent toujours leur chance", s'amuse Jenni Adam, curatrice du musée de la BoE, tandis que le faux-monnayage a été puni de la peine capitale jusqu'en 1832.

Une époque révolue alors que "la Banque travaille toujours très dur pour améliorer la sécurité de ses billets", souligne auprès de l'AFP Miranda Garrett, responsable des collections et des expositions du musée.

Caricaturée à 103 ans

Lorsqu'elle est créée en juillet 1694, la BoE n'emploie que 19 personnes et sert avant tout à soutenir les emprunts de l'Etat.

Un siècle plus tard, en 1797, elle reçoit le surnom de "vieille dame de Threadneedle Street", lorsqu'une caricature la représente sous les traits d'une personne âgée assise sur son coffre et en train de repousser les avances du Premier ministre de l'époque.

Si elle a considérablement grandi depuis sa création, avec 4.000 employés aujourd'hui, sa mission officielle n'a pas tellement évolué. Elle vise "toujours le bien du peuple à travers le maintien de la stabilité financière du Royaume-Uni", explique Mme Adam.

Nationalisée en 1946 et devenue indépendante du gouvernement en 1997, la Banque centrale a pour principal objectif de maintenir l'inflation autour de 2% par an, afin de conserver la confiance dans la monnaie tout en encourageant la croissance.

Mais l'exposition anniversaire de l'institution, qui débute lundi pour dix mois, ne se résume pas à un récit historique ni à un amoncellement de pièces, de billets et de lingots d'or - dont la Banque possède environ 400.000 unités dans ses coffres.

Une calculatrice mécanique y côtoie ainsi des vestiges archéologiques de l'époque romaine, trouvés sous le bâtiment au 20e siècle. Il y a aussi des peintures, dont l'une de 1859 illustre le versement des dividendes aux actionnaires de la Banque, représentés dans toute leur diversité sociale.

Pour Mme Garrett, l'objectif était d'"essayer de refléter des histoires, pas seulement celles des gouverneurs mais aussi celles des employés". Et notamment celles des employées.

Lente intégration des femmes

Ce n'est qu'en 1894, qu'une femme, Miss Janet Hogarth, intègre le personnel de la Banque. Si cela peut sembler tardif, la BoE a été la première des institutions de la City à faire une place aux femmes, souligne Mme Adam.

Une étiquette sur un porte-document utilisé jusqu'en 1970 est toutefois rédigée de telle sorte qu'elle présuppose que le destinataire, le "caissier en chef", ne peut être qu'un homme. Aujourd'hui, c'est pourtant une femme qui occupe ce poste.

La part des femmes dans les postes à responsabilités atteint désormais 32% à la BoE, contre 14% pour la finance britannique dans son ensemble.

L'institution reste néanmoins critiquée pour son manque de diversité et sa réputation a souffert quand en mai 2018 le gouverneur adjoint Ben Broadbent a dû s'excuser pour avoir décrit une économie britannique "ménopausée" et peu dynamique.

Reste à savoir quand une femme pourra accéder à la fonction suprême de gouverneur. Le poste sera renouvelé en janvier 2020 mais, pour l'heure, ce sont surtout des noms d'hommes qui circulent dans la presse pour succéder à Mark Carney.

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Commentaire 1
à écrit le 22/07/2019 à 13:55
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Et la fait qu'elle ne se soit pas salie avec l'euro démotre qu'elle devrait encore durer quelques siècles de plus, elle a la tête sur les épaules.

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