Les dégrations de S&P font replonger l'euro face au dollar

L'euro a touché un nouveau plancher de seize mois face au dollar et de onze ans face au yen après la perte de leur note triple A par la France et l'Autriche.
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L'effet S&P a pris le pas sur l'effet Draghi. À la veille du week-end, l'agence de notation Standard & Poor's est venue semer une nouvelle fois le trouble, en laissant enfler la rumeur de la perte du triple A de la France et de l'Autriche, avant de la confirmer tardivement. Ce faisant, l'agence d'évaluation financière a sapé le travail de restauration de la confiance qu'avait entrepris jeudi le président de la Banque centrale européenne, à l'issue du premier conseil de l'institution de 2012. Mario Draghi avait redonné un peu de baume au coeur des acteurs des marchés en détectant des signes de stabilisation de l'activité dans la zone euro et en se félicitant des retombées positives de l'injection massive de liquidités à trois ans dans le système bancaire opérée le 21 décembre, qui a écarté l'« Armageddon » d'une congestion majeure du marché interbancaire.

Première victime de la sanction de S&P, l'euro a repris sa trajectoire baissière après avoir effectué un rebond marqué qui l'avait un moment entraîné à près de 1,29 dollar. Vendredi, il a crevé un nouveau plancher de seize mois face au billet vert en dérivant jusqu'à 1,2625 dollar, tandis qu'il enfonçait un point bas de onze ans vis-à-vis du yen à 97,15. Le marché obligataire de la zone euro qui n'en était encore qu'au stade de la convalescence, a lui aussi accusé le coup, mais sans que les écarts de taux entre la sage Allemagne et ses partenaires dégradés ne se creusent sévèrement. Tout au plus le « spread » entre les rendements allemands et français à dix ans, qui s'était récemment comblé, est-il remonté à plus de 130 points de base, mais on reste loin du record de la mi-novembre de 200.

emprunt transalpin

Heureusement pour le Trésor italien, sa deuxième émission de 2012 s'était déroulée quelques heures plus tôt. Après l'incontestable succès de l'opération à court terme de Rome jeudi, qui coïncidait avec la première émission à moyen terme, elle aussi très prisée, de l'autre pays dit périphérique sur la sellette - l'Espagne -, le placement de l'emprunt transalpin de vendredi a suscité moins d'engouement. Le Trésor de Rome a émis 4,75 milliards d'euros d'obligations à trois et six ans, le haut de sa fourchette de prévision, à des rendements en nette baisse par rapport aux adjudications comparables des derniers mois. Les titres arrivant à échéance en novembre 2014, soit le gros de l'opération, ont été placés au taux moyen de 4,83 %, contre 5,62 % lors d'une adjudication comparable il y a seulement deux semaines, soit le rendement à trois ans le plus bas enregistré depuis septembre dernier. Mais la demande n'a représenté que 1,22 fois l'offre, à comparer à un ratio de couverture de 1,36 fin décembre, alors que la veille l'afflux de demandes avait permis à Madrid de placer le double de ce qu'il prévoyait.

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