BNP Paribas planche sur la vente de sa filiale américaine Bank of the West

Le groupe bancaire aurait mandaté deux banques conseil pour trouver des repreneurs, selon l’agence Reuters. La cession de cette filiale, qui pourrait être valorisée près de 15 milliards de dollars, fait l’objet de nombreuses rumeurs depuis des mois alors que la consolidation des banques régionales américaines bat son plein et que de nombreux acteurs étrangers quittent le marché de la banque de détail aux États-Unis.
Le groupe BNP Paribas est davantage rompu aux acquisitions qu'aux cessions.
Le groupe BNP Paribas est davantage rompu aux acquisitions qu'aux cessions. (Crédits : BENOIT TESSIER)

La vente de la filiale américaine de BNP Paribas est désormais clairement sur la table. Selon Reuters, qui cite trois sources anonymes, le premier groupe bancaire européen aurait mandaté deux banques conseil, JP Morgan et Goldman Sachs, pour chercher des repreneurs de sa filiale Bank of the West, une banque californienne acquise en 1979, et renforcée depuis par des acquisitions successives. Le montant de la transaction pourrait s'élever à 15 milliards de dollars. Sollicitée, BNP Paribas se refuse à ce jour à tout commentaire.

« Cette vente potentielle aurait un sens stratégique », a aussitôt réagi le courtier Jefferies, qui avait déjà avancé cette hypothèse dans une note en avril dernier. Cette filiale ne manque pas d'atouts : avec près de 100 milliards de dollars de total de bilan, la banque figure parmi les dix premiers établissements en Californie, l'État le plus riche des États-Unis, avec des implantations dans plusieurs états de l'Ouest américain. En revanche, elle peine à dégager une rentabilité suffisante et absorbe, compte tenu de ses activités de détail, du capital sans réelles synergies avec les autres activités du groupe BNP Paribas, centré avant tout sur l'Europe.

Désengagement des acteurs étrangers

L'opération interviendrait surtout dans un timing favorable. La consolidation des banques régionales américaines bat à nouveau son plein. Pas moins de trois transactions d'envergure ont été annoncées ces derniers mois, comme le rachat de People United Bank par M&T Bank ou de TCF Financial par Huntington Bancshares. Ce mouvement de consolidation est d'ailleurs alimenté par la décision de grands groupes bancaires internationaux de quitter le marché américain de la banque de détail. Il y a tout juste un an, le groupe espagnol BBVA a cédé sa branche américaine, pour 11,6 milliards de dollars à PNC Financial Services Group, auparavant souvent cité comme repreneur potentiel de Bank of the West.

De même, le groupe sino-britannique HSBC a annoncé cette année son intention de quitter la banque de détail aux États-Unis. Et Mitsubishi UFJ Financial Group a annoncé en septembre son intention de vendre ses activités de détail aux Etats-Unis à US Bancorp, pour 8 milliards de dollars. Ce mouvement de repli se constate d'ailleurs également en Europe continentale, avec les annonces de recentrage de Citigroup et de HSBC. Le mythe du supermarché financier mondial des années 2000 est bien enterré.

L'agence Reuters cite plusieurs candidats potentiellement intéressés par la reprise de Bank of the West. Les banques canadiennes TD Bank et Montréal Bank figurent en bonne place. Leurs dirigeants respectifs n'ont pas caché ces derniers mois leur intérêt pour le marché américain. PNC Financial pourrait également regarder le dossier, malgré son acquisition récente, tout comme la banque régionale américaine KeyCorp. La transaction devrait se faire, en toute logique, en cash.

Une opération intéressante pour les actionnaires

Pour BNP Paribas, cette opération serait une grande première. Le groupe est davantage rompu aux acquisitions (Paribas, BNL, Fortis...) qu'aux cessions d'actifs, même s'il a déjà sa petite filiale d'Hawaï. Selon les analystes financiers, cette vente présenterait en effet de nombreux avantages, notamment pour les actionnaires. Tout d'abord, les banques américaines sont généralement mieux valorisées que les banques européennes.

Ainsi, la filiale américaine de BBVA a été valorisée, l'an dernier, à vingt fois ses bénéfices de 2019 (ou 1,4 fois son actif net) alors que BNP Paribas est actuellement valorisée entre 8 et 9 fois ses résultats 2022 ! « Le cours de l'action BNP Paribas intègre déjà en partie cette transaction potentielle mais la réallocation du capital (à l'issue de cette vente, NDLR) pourrait également servir de catalyseur à une réévaluation » de la valorisation du groupe, estime Jefferies.

Reste à savoir comment BNP Paribas compte utiliser le produit de cette vente, alors que le groupe est déjà largement (trop ?) capitalisé, avec un ratio de solvabilité CET1 de 13% au troisième trimestre (contre un objectif de 12%). La banque a déjà annoncé un programme de rachat d'actions surprise d'un montant de 900 millions d'euros.

Une manne de 15 milliards de dollars en cash pourrait, en tout état de cause, permettre au groupe BNP Paribas de grossir en Europe, une fois la cible trouvée. La banque est déjà très implantée en Belgique (l'État belge détient d'ailleurs une participation de 7,7% dans le capital de BNP Paribas) et en Italie.

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Commentaire 1
à écrit le 16/11/2021 à 12:22
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Aller aux US est trop risqué pour les banques qui se prennent ensuite des amendes quand elles commercent avec des pays qui ne plaisent pas aux Etats Uniens.

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