Climat : la Caisse d’Epargne Bretagne-Pays de la Loire veut aider à décarboner les océans

A l’issue d’une année record avec 6,5 milliards d’euros de financements, la Caisse d’Epargne Bretagne Pays de la Loire met en œuvre un projet d’entreprise tourné vers la transition environnementale. Au cœur de ce dispositif : la décarbonation des océans, l’accompagnement du vieillissement de la population et l’acculturation de ses équipes.
La Caisse d'Epargne Bretagne-Pays de la Loire a financé un prêt à impact auprès de l'armateur Grain de Sail qui a lancé la construction d'un voilier cargo destiné à transporter chocolat et café sur les mers en limitant ses émissions de Co2
La Caisse d'Epargne Bretagne-Pays de la Loire a financé un prêt à impact auprès de l'armateur Grain de Sail qui a lancé la construction d'un voilier cargo destiné à transporter chocolat et café sur les mers en limitant ses émissions de Co2 (Crédits : Grain de sail)

« La méthanisation qui, hier, faisait partie des sources d'énergies trop onéreuses redevient compétitive, au regard des circonstances internationales... On a un prix de revient qui vient concurrencer celui des produits que l'on ne va plus pouvoir importer. Ces nouveaux schémas concurrentiels sont pour nous un enjeu important », cite, en exemple, Christophe Pinaut, président du directoire de la Caisse d'Epargne Bretagne Pays de la Loire (CEBPL).

Les temps changent et la banque s'adapte. Au lendemain d'une année auréolée de résultats « historiques », elle se réorganise et se met en ordre de marche pour accompagner les mutations des territoires bretons et ligériens sur les chemins de la transition écologique et des besoins médico-sociaux.  « Au point que l'on en fait un véritable projet d'entreprise. Avec un triple objectif : augmenter notre impact positif sur le territoire, aider nos clients à être vertueux et à s'engager dans les projets à impacts durables et amener nos collaborateurs dans cette démarche », détaille Francis Delacre, membre du directoire en charge du pôle Finances, Crédit & IT. Le menu tient en quatre points : une extension de la collecte avec le renforcement de livrets Green et la diversification vers des comptes à terme indexés sur l'empreinte carbone, la traçabilité de l'épargne, le partage de l'écosystème pour intervenir le plus en amont possible, et, enfin,  le financement d'opérations liées à la transition environnementale dont les prêts à impacts dans les secteurs de la mobilité, des EnR, de la rénovation énergétique des bâtiments.

Un nouveau modèle économique : l'abonnement de mécénat

En 2021, la CEBPL, pionnière des prêts à impacts dans le logement social et déjà engagée sur le financement du solaire (ombrière, photovoltaïque...), a décliné cette solution vers les secteurs de la navale et du transport vélique.

Elle a ainsi financé des prêts à impact auprès de l'armateur Grain de Sail qui a lancé la construction d'un voilier cargo destiné à transporter chocolat et café sur les mers en limitant ses émissions de Co2, du projet Canopée, dont le cargo à propulsion vélique transportera des tronçons d'Ariane 6 ou encore de la Compagnie du Ponant pour la construction de son navire amiral.

« Surtout, pour cette dernière, le prêt inclut des critères environnementaux applicables à l'ensemble de la flotte de la compagnie », insiste Francis Delacre.

Ainsi, chaque année, l'entreprise, soumise aux objectifs de contrats de RSE, et au regard d'une trajectoire impliquant une réduction des émissions de Co2 et des déchets, peut bénéficier d'une bonification de dix points de son taux d'intérêts. « Sur un prêt de 15 millions d'euros, cela peut représenter jusqu'à 15.000 euros par an », explique-t-il.

Une somme que l'entreprise, peut choisir de réinvestir ou de reverser à l'association Theseacleaners, fondée par Yvan Bourgnon pour faire disparaitre les plastiques des océans et préserver la biodiversité.

Dans cette hypothèse, la CEBPL s'engage à doubler la mise. « Pour les associations toujours en quête de ressources, c'est un nouveau modèle économique. On créé une sorte d'abonnement de mécénat », souligne le président du directoire de la CEBPL, qui entend contribuer à la décarbonation des océans. Si l'objectif n'est pas de multiplier l'éventail associatif, le principe pourrait, néanmoins, être élargi au monde sanitaire où les besoins sont grandissants avec le vieillissement de la population.

Elargissement des prêts à impacts

Venue de façon empirique dans la transition écologique, la CEBPL, dont les encours de crédits liés à la transition écologique atteignent 537 millions d'euros, a engagé une véritable réflexion de fonds pour verdir ses rouages. Et le prêt à impact devrait contribuer à accélérer cette politique.

De 237 millions d'euros en 2021, ils devraient s'élever entre 300 et 500 millions d'euros par an au cours des prochaines années. Dispensés en moyenne pour des budgets de 14 à 20 millions d'euros, ils devraient à l'avenir subvenir à des investissements plus modestes et être élargis aux acteurs de l'économie sociale, de l'immobilier long termes (foncières) et aux collectivités. « La nécessité d'accompagnement dans les Ehpad, les soins de suites, l'hospitalisation à domicile, les résidences seniors impose une réflexion de fonds et de bâtir de nouveaux formats d'accompagnement. La transition environnementale n'est pas seulement climatique, elle est aussi sociale », estime Christophe Pinault.

Pour mettre en œuvre son ambitieuse politique, la Caisse d'Epargne Bretagne Pays de la Loire finalise pour le mois de juin la constitution d'un « comité des parties prenantes », et de sous-commissions thématiques où elle veut rassembler des acteurs du privé (clusters, experts...) et du public (régions, Ademe...) sur des questions de mobilité, de transports, d'infrastructures, de santé, de smart city, d'énergies renouvelables, d'agriculture et d'économie circulaire...

« Des facilitateurs qui doivent accélérer les synergies entre nos deux régions - Bretagne et Pays de la Loire - et les filières », indique le président du directoire de la CEBPL, qui devrait prochainement nommer un « Monsieur Transition environnementale » pour acculturer les effectifs (2.800 personnes, 370 agences, 15 centres d'affaires) à l'environnement voire organiser des missions de conseil crédibles auprès des acteurs économiques. La banque s'engage, par ailleurs, à publier ses actions tous les six mois ou tous les ans, de manière à être transparente sur les lieux et typologies de financement.

Un marché pro à la hausse

En 2021, la CEBPL a financé 80.000 projets pour un montant de 6,5 milliards d'euros, dont 3,6 milliards d'euros de crédits « habitat » contre 2,9 milliards d'euros en 2020. « Un niveau historiquement élevé qui nous a amené à prendre des parts de marché », se félicite Christophe Pinault.

Côté collecte, le montant d'épargne a atteint 1,3 milliard d'euros dont 50% par les livrets (A, LDD...) « C'est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. C'est l'illustration d'une inquiétude dans le marché, qui thésaurise plus qu'il ne réinjecte dans l'économie. Et le phénomène continue en 2022 », observe-t-il.

Mais c'est sur le marché des professionnels que la hausse a été la plus significative avec 450 projets financés de plus qu'en 2020. Le nombre d'entreprise clientes a lui aussi grimpé de +10% et les flux ont enregistré une croissance de 20%. Au total, les crédits accordés aux entreprises se sont élevés à 1,5 milliard d'euros dont 435 millions d'euros en direction des artisans, commerçants, professions libérales, dont l'activité 2021 n'a pas été boostée par la PGE, pour la plupart (700 millions d'euros) conclus en 2020. « 1,5 milliard d'euros, c'est donc vraiment le reflet de la dynamique du territoire », dit-il.

Au total, le produit net bancaire affiche une hausse de 40 millions d'euros par rapport à 2020, le résultat net (130 millions d'euros) a lui aussi battu des records historiques (+25 millions d'euros) et le coefficient d'exploitation (61%), l'équivalent de ses coûts de production, s'est amélioré de trois points.

En portant ses fonds propres à 3,3 milliards d'euros, la banque mutualiste entend amener un niveau de sécurité rassurant. « Ce qui nous permet d'envisager des opérations de croissance externe comme on a pu le faire avec la startup Hoomy pour le lancement de la solution de financement de résidences secondaires, "Ma seconde maiso" l'an dernier », précise Christophe Pinault.

Si le montant des investissements dévolus à la transition environnementale et à ce projet d'entreprise n'est pas dévoilé, les dirigeants de la CEBPL admettent que la décarbonation de la flotte navale, l'hydrogène ou le vélique sont de vrais sujets d'investissements.

Pour accompagner ces financements, la banque entend faire preuve d'innovation à travers ou du crédit-bail fiscal, des taux révisables pourvoir sortir du simple taux fixe, classique ou faire appel à la société de capital-risque Sodero Gestion qui dispose déjà de 150 millions d'euros d'actifs dans les entreprises ligériennes et bretonnes. « C'est là sans doute que l'on fera sans doute des opérations de croissance externe », esquisse le président du directoire de La CEBPL.

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