
En 1978, le fameux rapport Simon-Nora affirmait que le secteur bancaire serait la sidérurgie de demain. Plus de quarante ans plus tard, cette sombre prophétie ne s'est toujours pas réalisée. Le secteur témoigne au contraire d'une singulière résilience sur le terrain de l'emploi, y compris après la crise financière de 2008. Du moins en France, car les banques des pays européens voisins ne cessent de tailler dans leur effectif et leur réseau d'agences.
Certes, l'érosion est régulière, de l'ordre de 1% par an sur les cinq dernières années, selon les chiffres de la Fédération bancaire française (FBF). La baisse dans les banques commerciales, plus concentrées sur les grandes villes et en Ile-de-France, est plus prononcée, de l'ordre de 1,5% par an. La carte de la décentralisation des banques mutualistes joue clairement en faveur de l'emploi, notamment dans les fonctions support, les plus touchées par les baisses d'effectifs.
Effet du confinement sur les embauches
Depuis 2012, en cumulé, la baisse des effectifs s'établit à 7 % pour atteindre 354.000 salariés fin 2020, soit 1,8% de l'emploi privé en France. Nous sommes donc loin des annonces de suppressions de postes massives de postes annoncées en Allemagne, en Espagne ou au Royaume-Uni.
« Le secteur bancaire (en France, NDLR) s'inscrit dans la continuité en matière d'emploi avec des recrutements qui sont restés solides, tant en CDI qu'en alternance », se félicite ainsi Mya Atig, directrice générale de la FBF, lors d'une présentation sur l'évolution de l'emploi dans le secteur. « Cette érosion des effectifs que nous constatons depuis plusieurs années ne doit pas masquer la dynamique du marché de l'emploi qui est celle du recrutement », ajoute la dirigeante de l'organisation patronale.
Cette dynamique du recrutement a cependant connu quelques ratés en 2020, un effet du premier confinement qui a stoppé net les mobilités et paralysés les services des ressources humaines pendant plusieurs mois, selon l'association professionnelle. Ainsi, les recrutements ont baissé de près de 20 % en 2020 à 35.300 (dont 16.000 sur le périmètre des banques commerciales), contre 44.400 en 2019. Ce fléchissement des recrutements devrait donc être temporaire et l'embauche reprendre son rythme de croisière cette année.
Six embauches sur dix en CDI
Fait remarquable, six embauches sur dix s'effectuent en CDI alors que la moyenne du secteur privé en France s'établit à ... 17%. L'emploi bancaire reste fidèle à sa réputation : il est pérenne et le salarié peut espérer y faire carrière. Le turn-over est d'ailleurs plutôt faible (6,6% en 2020, 8% en 2019) alors que la moyenne nationale du secteur privé se situe plutôt autour de 20%.
Sur la branche AFB du secteur (banques commerciales), l'ancienneté moyenne est de 15 ans et 99% des emplois sont en CDI, un chiffre très stable d'une année sur l'autre. C'est également un emploi de plus en plus qualifié avec plus de deux tiers de cadres (contre seulement 55% en 2012).
Enfin, si la féminisation de l'emploi est une donnée historique, le poids des femmes dans l'encadrement s'est envolé et désormais un cadre bancaire sur deux est une femme. Contrairement à une idée reçue, le recrutement des banques commerciales s'opère désormais majoritairement hors de l'Ile-de-France, à plus de 60%.
Le secteur a longtemps joué sur une pyramide des âges favorable pour éviter les départs contraints, compte tenu des recrutements massifs du secteur dans les années 70 et début 80. Ce facteur joue désormais moins et seul un départ sur cinq correspond à un départ à la retraite (âge moyen de 62 ans) dans les banques commerciales.
Et demain ? « Il est difficile de faire des prévisions sur le rythme de la baisse des effectifs et de prévoir si la tendance de 2020 va se poursuivre ou non en 2021. En revanche, la politique de la gestion prévisionnelle de l'emploi est une constante dans le secteur bancaire et nous pouvons anticiper les départs qui relèvent de la volonté des collaborateurs », souligne Mya Atig.
En attendant, le secteur se prépare au retour progressif de ses salariés (hors agence) dans les locaux. Environ 50 % des effectifs des fonctions support seront sur site d'ici septembre et, ensuite, les banques basculeront à partir d'octobre sur les accords de télétravail qui devraient permettre, en moyenne, 2,5 jours de télétravail par semaine aux salariés qui le souhaitent.
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