Le crédit à la consommation n’a plus la cote auprès des ménages

Les Français sont de moins en moins nombreux à détenir un crédit à la consommation, selon une enquête de l’Observatoire des crédits aux ménages. C’est même le taux le plus faible depuis les années 1980. Entre changement de comportement des ménages, ou inquiétudes face à l’inflation ou bien un peu des deux, le secteur du crédit à la consommation, autrefois florissant, entre dans une zone de turbulences. Déjà, l’un des principaux acteurs européens, BNP Paribas annonce un plan de suppression de postes et Oney Bank, filiale de BPCE, compte réduire la voilure à l’international.
La production de crédit à la consommation est en légère croissance de 1,2% au quatrième trimestre 2022, contre une hausse de 9% au troisième trimestre.

C'est un vent glacial qui souffle sur le crédit à la consommation. Selon les derniers chiffres de l'Association française des sociétés financières (ASF), le nombre de crédits accordés recule de 2,6% en décembre à 4,12 milliards d'euros, après un repli de 0,5% en novembre. Ce sont les prêts personnels qui accusent le plus fort recul (-23,5%), « très pénalisés par le taux d'usure », selon un porte-parole de l'ASF, mais tous les types de crédit affichent une santé chancelante, qui semble s'aggraver mois après mois.

C'est d'ailleurs ce que constate également la 35ième vague de l'Observatoire des crédits aux ménages, qui sonde chaque année un échantillon représentatif de la population française de 13.000 ménages. Le constat est sans appel : « nous observons la poursuite du repli du taux de détention d'au moins un crédit par les ménages, à un point le plus bas observé depuis les années 80 », souligne Michel Mouillart, professeur des Université, qui a présenté cette étude. Et le phénomène est encore plus marqué pour les crédits à la consommation : 21,8% des ménages détenaient au moins un crédit à la consommation en 2022, contre 24,9 % en 2020 et 27,2% en 2017.Au total, c'est 1,2 million de ménages en moins pour le crédit à la consommation. Et la tendance n'est pas près de se retourner : seuls 3,6% des ménages interrogés pensent souscrire un crédit à la consommation dans les six prochains mois.

Lire aussiLe taux d'usure plombe les crédits à la consommation

Bien sûr, plusieurs facteurs peuvent expliquer ce coup de frein. La montée des inquiétudes sur le pouvoir d'achat, la flambée des prix de l'énergie, la montée des taux, même si les conditions d'accès au crédit restent aujourd'hui encore très bonnes. Dans cet environnement morose, où le pessimisme des ménages n'a jamais été aussi fort, tous les canaux de distribution du crédit sont affectés. Mais plus récemment, l'Observatoire relève pour la première fois une baisse très sensible du taux de détention d'un crédit directement auprès d'une banque ou d'un établissement spécialisé, de 19% à 15% en deux ans.

Restructurations à venir

Le mouvement de désaffection vis-à-vis du crédit à la consommation ne s'explique pas seulement par la guerre en Ukraine. Il remonte en fait à la crise sanitaire. « En 2021, nous n'avons pas connu le rebond de production que l'on aurait pu attendre. C'est un élément qui nous a surpris. La question que l'on pose aujourd'hui est de savoir si nous sommes face à un changement de comportement des ménages, notamment vers une consommation plus durable, ou face à des ménages qui puisent dans leur épargne pour financer leurs investissements », relate un dirigeant d'un des leaders du crédit à la consommation.

Ce qui est certain, c'est que la remontée rapide du coût du refinancement (autour de 4% aujourd'hui), un coût du risque qui reprend ses niveaux d'avant crise (190 points de base pour le prêt personnel chez BNP Paribas) et un manque d'appétence pour le crédit en France obligent les acteurs à resserrer les boulons. Ainsi, un plan social visant la suppression de plus de 900 postes chez BNP Paribas Personal Finance est actuellement engagé en France, avec à la clé, une revue stratégique de la présence internationale du groupe dans le crédit à la consommation.

Même logique chez Oney Bank, filiale crédit à la consommation, du groupe BPCE, qui va devoir revoir ses ambitions à l'international à la baisse. « Nous avons un plan de transformation chez Oney pour asseoir un modèle d'affaires rentable dans le temps. Il s'agit de mettre l'accent sur les expertises et ce plan se fera sans plan de départ », avait indiqué Nicolas Namias, président du directoire de BPCE lors de la présentation des résultats annuels.

Le tableau n'est pas plus rose du côté des fintechs, coincées entre des coûts de refinancement et un  risque qui explose. Il ne serait pas surprenant qu'un acteur étranger décide de quitter le marché français..

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Commentaires 13
à écrit le 16/02/2023 à 14:36
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A éviter dans la mesure du possible. Ce type de crédit appauvri les ménages et la société française.

à écrit le 16/02/2023 à 8:25
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Le crédit consommation non causé est souffrant mais il est remplacé par le financement de la mobilité et les n fois sans frais pour...les bons établissements.

à écrit le 16/02/2023 à 8:24
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Le crédit consommation non causé est souffrant mais il est remplacé par le financement de la mobilité et les n fois sans frais pour...les bons établissements.

à écrit le 15/02/2023 à 17:13
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Il reste les crédits renouvelables ou crédits revolving qui eux sont en hausse ...... et qui rapportent bien plus encore aux établissements financiers !!!

à écrit le 15/02/2023 à 16:58
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Dans un pays dirigé par un Macron rien d'étonnant a cela, les Francias ont de moins en moins d'euros sur leur comptes et n'ont plus droit de faire ce type de crédit car ils ne sont plus solvable. LaREM fait tout pour smmicariser l'ensemble des travai...

à écrit le 15/02/2023 à 10:36
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Il y a trois mois ... Les crédits à la consommation sont en hausse. Et contrairement au semestre précédent, ils ne sont pas uniquement portés par les prêts personnels ou les crédits renouvelables. Face à l'inflation, les Français cherchent des so...

à écrit le 15/02/2023 à 10:36
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Moins de crédit à la consommation, c'est sans doute moins de consommation, donc moins de publicité, plus de liberté, et moins de pollution sur la planète.... Que du bon !!!! .

à écrit le 15/02/2023 à 9:45
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he oui, plus de credit gratuit a taux zero; la fin de l'argent gratuit pour tous

à écrit le 15/02/2023 à 9:41
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Dans un pays en déficit commercial le crédit à la consommation est juste un facteur aggravant. Nous vivons collectivement en dessus de nos moyens et donc cette baisse du crédit à la consommation est une bonne nouvelle sur le long terme meme si à co...

à écrit le 15/02/2023 à 5:18
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Plus d'argent, plus de credit. Debiteur un jour, debiteur toujours. Les banques prete si vous etes a l'aise, sinon rien.

à écrit le 14/02/2023 à 20:14
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vu les taux de ces credits on ne peut que se rejouir que les gens ne se fassent plus truander. ces credits c est la voie d acces rapide au surendettement

à écrit le 14/02/2023 à 19:26
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Attention cependant aux locations farfelues, qui sont des crédits déguisés. Quand on voit des gens se mettre à louer de l'électroménager, des vêtements ou des meubles, il y a de quoi s'inquiéter

le 14/02/2023 à 20:16
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ca depend. ca peut faire sens de louer un truc que vous aller utiliser ponctuellement (par ex 1 semaine puis plus pendant 2 ans comme des outils)

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