L'Europe bancaire ne semble pas près de voir le bout du tunnel

Les banques européennes dégageront une rentabilité des fonds propres de 8 % en 2012, contre une moyenne historique de 13 %.
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Les analystes financiers chargés des banques euroépennes ont la difficile tâche d'imaginer l'avenir d'un secteur confronté à un cumul inédit de risques : du durcissement de la réglementation sur les fonds propres à la menace d'une récession, en passant par l'exposition aux dettes souveraines européennes et par le tarissement de ses financements en dollars. Édouard de Vitry, responsable du suivi des banques chez UBS, s'est attelé à cet exercice. Et ses conclusions ne sont guère rassurantes : « Le ralentissement économique, qui va entraîner une hausse du coût du risque, et le renchérissement du coût de refinancement des banques engendrent des inquiétudes au sujet de leurs perspectives financières, à moyen terme. » De fait, les banques européennes devraient clore 2012 sur une rentabilité des fonds propres de l'ordre de 8 %, contre une moyenne historique de 13 %, selon le cabinet Factset.

Pourtant, depuis septembre, la majorité des grandes banques européennes ont tenté de s'adapter, en annonçant une diminution de leurs activités en dollars et, plus globalement, une réduction de la taille de leurs bilans. Mais encore faut-il pouvoir céder les actifs en question. Or seuls quelques fonds spécialisés dans l'achat d'actifs décotés - comme Lone Star - s'intéressent à ceux mis en vente par les banques, et pour des prix très inférieurs à leur valeur comptable.

« Se réinventer »

Des propositions que certaines banques ne pourront pas refuser, malgré les pertes importantes qui en découleront. Car « les banques européennes devront se réinventer », affirme Édouard de Vitry. Et de préciser : « UBS et Credit Suisse ont récemment annoncé une réduction du capital alloué à leur activité de banque d'affaires. Certaines banques françaises et allemandes pourraient faire de même. » Par ailleurs, des métiers comme le crédit à la consommation et le leasing, qui nécessitent beaucoup de financements et génèrent peu de dépôts, vont perdre de leur attrait auprès des banques.

Peut-être est-ce au prix de telles cures d'amaigrissement que les investisseurs se réconcilieront avec le secteur bancaire européen. En chute de 45 % depuis janvier, celui-ci se paie en Bourse moins de 0,5 fois l'actif net estimé pour 2012, selon Factset. « Une valorisation extrêmement faible », juge Alain Dupuis, gérant chez Oddo Asset Management. Mais les perspectives du secteur sont telles que, pour Édouard de Vitry, « il est difficile d'imaginer un retour des valorisations à leurs niveaux d'avant la crise », quand les banques se traitaient sur la base de multiples de 1,5 à 2.

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