En quête de ressources sûres, "Ma Tante" diversifie ses emprunts

Face à la croissance de la demande de prêts sur gage provoquée par la crise, le Crédit Municipal de Paris tente de diversifier sa structure de financement en lançant des produits d'épargne solidaires. Objectif : éviter les mauvais coups sur les marchés financiers.
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Voilà 4 ans que la fréquentation du Mont-de-Piété parisien ne cesse de croître.  "Ma Tante" doit donc trouver les solutions pour contrôler la situation. Depuis avril 2008 précisément, moment "où le prix de l?essence a atteint un sommet, l?activité a brutalement crû de 30%", constate Bernard Candiard, directeur général du Crédit Municipal de Paris (CMP). Ces derniers mois, les Parisiens affrontant une difficulté de trésorerie passagère convergent de nouveau massivement vers la rue des Francs-Bourgeois pour obtenir un prêt sur gage contre le dépôt d?un objet de valeur. Le nombre d?objets déposés a ainsi augmenté de 40% début 2012. Bernard Candiard l?explique toujours par le prix de l?essence qui "a dépassé les niveaux d?avril 2008", mais aussi par le taux de chômage qui augmente.

Diversifier ses financements

Face à cette "inflation", "Ma Tante" doit trouver de nouvelles ressources, elle qui se finance historiquement par emprunts obligataires, un jeu dangereux en ces temps de turbulence sur les marchés. Le CMP a donc récemment lancé deux produits d?épargne solidaire, principalement disponibles en ligne. Le premier est un livret de solidarité classique, liquide et donnant une rémunération à 2,5% brut par an, pour un placement de 50 à 300 000 euros. L?autre est un compte à terme qui peut s?étaler sur 6, 9, 12,18 ou 24 mois, avec une rémunération allant jusqu?à 3,75% bruts, pour des montants se situant entre 1500 à 500 000 euros. Bernard Candiard espère collecter entre 25 et 50 millions d?euros d?ici deux ans. Ce qui couvrirait une partie significative des 140 millions d?euros de besoins de financement annuels de l?enseigne.

Ma Tante estime que lui prêter est une action solidaire

Le CMP juge les nouveaux produits d?épargne qu?il propose "solidaires", au regard de l?intérêt social de la plupart des prêts sur gage qu?il octroie, mais également au vu de deux autres activités plus marginales qu?il exerce : l?accompagnement de personnes surendettées et l?octroi de microcrédits, à un taux de 4%, aux personnes ne pouvant pas bénéficier de prêt d?une banque. Cette dernière activité bénéficie à 1600 personnes et représente environ 3,5 millions d?euros d?encours.

Des taux élevés mais pas répercutés

Les taux d'intérêt de ces livrets peuvent apparaitre relativement élevés, comparé à ceux généralement pratiqués pour les produits d?épargne solidaires. Mais Bernard Candiard l'assure, ils ne seront pas répercutés sur les taux des prêts sur gage. Le but est plus ici de "ne pas être sous la menace constante des marchés volatiles pour financer notre activité. Mon souci est que nos clients soient à l?abri d?une hausse du coût de la ressource sur les marchés, car nous serions à ce moment là contraints de la répercuter", indique-t-il.
"Il faut sauver les 4% !", prône ainsi Bernard Candiard, qui fait notamment référence au taux des microcrédits, mais surtout aux taux d?intérêts pratiqués pour les petits prêts sur gage de 0 à 300 euros. Il est en revanche de 9,80 % pour les prêts de 300 à 1525 euros et de 9,30% pour les prêts de 1525 euros et plus.
Pour 120 millions d?euros de chiffre d?affaires, le CMP a enregistré un bénéfice de 800 000 euros en 2011, dont 500 000 ont été affectés à l?hébergement de personnes sans domicile fixe. Le reste a notamment été utilisé pour sponsoriser des expositions dans des musées.
 

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