Longtemps inconnu du grand public, le géant des services financiers Citadel Securities, opérateur de marché mais surtout spécialiste du « trading à haute fréquence » (opérations ultra-rapides et automatisées sur des titres cotés) a gagné, à son corps défendant, une certaine notoriété l'an dernier pour son rôle dans la folle spéculation sur des actions décotées - connues désormais sous le vocables « memes ».
Le fondateur de Citadel Securities, Kenneth Griffin, également à la tête du fonds spéculatif Citadel, fit même partie des « cinq affreux », parties prenantes de la saga GameStop, auditionnés par le Congrès des Etats-Unis le 18 février 2021. D'autant que le fonds spéculatif Citadel, féru des ventes à découvert, avait laissé de son côté beaucoup de plumes dans l'affaire.
Le shériff de Wall Street, Gary Gensler, tout juste nommé, avait même promis de « casser » une partie du business model de Citadel Securities en promettant de réglementer, voire d'interdire, la pratique controversée de la vente des flux d'ordres (order flow trading). Cette technique consiste pour un courtier à céder les ordres de ses clients à un teneur de marché, généralement un trader haute fréquence, qui se charge alors de les exécuter.
Une réforme qui se fait attendre
Cette technique, interdite en France, permet aux courtiers de se rémunérer et d'offrir des services de courtage gratuits, mais aussi aux teneurs de marché de peser sur le marché, à leur profit, compte tenu du nombre important d'ordres qu'ils exécutent. Ainsi, près d'un ordre sur deux aux Etats-Unis n'est pas traité sur le marché réglementé mais bien par ces teneurs de marché, ce qui n'est pas un gage de transparence.
Un an plus tard, la réforme se fait toujours attendre. Mieux, Citadel Securities apparaît au mieux de sa forme. La société (non cotée) vient en effet d'annoncer la cession, pour 1,15 milliard de dollars de son capital à deux fonds d'investissement, Sequoia et Paradigm. Une transaction qui valorise Citadel Securities à 22 milliards de dollars !
L'un de ses principaux concurrents, Virtu Financial, a gagné de son côté 25% en Bourse sur un an, pour une capitalisation de 5,5 milliards de dollars. En revanche, Robinhood a eu moins de succès en perdant 60% de sa valeur par rapport à son prix d'introduction en Bourse en juillet dernier.
Un pas dans les cryptos ?
« L'engagement de Citadel Securities à répondre aux besoins de ses clients grâce à des analyses et des technologies avancées a contribué à rendre les marchés plus accessibles à des millions de personnes », a indiqué Alfred Lin, associé chez Sequoia, dans un communiqué. C'est vrai. Sans des acteurs comme Citadel Securities, la plateforme Robinhood, qui a attiré des millions d'Américains à la Bourse, n'aurait sans doute jamais existé.
La présence de Paradigm est loin d'être neutre. Ce fonds est en effet spécialisé dans les cryptomonnaies et les technologies qui leur sont associées. Le cofondateur de Paradigm, Matt Huang, évoque d'ailleurs dans le communiqué la possibilité que Citadel Securities entre dans le monde des cryptomonnaies. De quoi se rappeler au bon souvenir de Gary Gensler !
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