Cotation directe de Wise : test réussi pour la place de Londres

La fintech spécialisée dans les transferts internationaux fait une entrée remarquée à la Bourse de Londres via une cotation directe. Les premiers échanges valorisent la société à près de 8 milliards de livres sterling (9,3 milliards d'euros), contre 5 milliards un an plus tôt lors d’une levée de fonds. Cette opération est également une bonne nouvelle pour la place de Londres qui se cherche un nouvel avenir dans l’ère post-Brexit.
Wise se fait le champion de la lutte contre les frais cachés sur les paiements internationaux.
Wise se fait le champion de la lutte contre les frais cachés sur les paiements internationaux. (Crédits : DR)

Opération réussie pour l'une des plus populaires fintechs britanniques : Wise (ex Transferwise) vient de faire une entrée remarquée le London Stock Exchange (LSE) par cotation directe (mise sur le marché des actions existantes), une première à Londres. Les premiers échanges ont valorisé la société près de 8 milliards de livres sterling (9,35 milliards d'euros) alors que la dernière valorisation, lors d'une nouvelle levée de fonds en juillet 2020, s'élevait à 5 milliards de livres sterling.

C'est une opération également réussie pour la place de Londres de l'ère post-Brexit. La place et les régulateurs, notamment la FCA, font feu de tout bois depuis plusieurs mois pour maintenir l'attractivité de Londres et attirer le plus d'opérations d'introduction en Bourse possibles, y compris pour les SPACs. Avec, en ligne de mire, le secteur de la Tech, également très convoité par les places européennes, Paris et Amsterdam en tête.

Le ministre britannique des Finances, Rishi Sunak, avait même promis, la semaine dernière, de faire de la place de Londres « le pôle technologique et financier le plus attirant du monde des prochaines décennies ». Ce qui pourrait inciter les autorités à mettre un cadre plus souple permettant les droits de vote multiples, auxquels sont très attachés les fondateurs des sociétés ou les investisseurs de la première heure.

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Une startup rentable

Créé en 2011, Wise n'est pas une fintech totalement comme les autres. Tout d'abord parce que cette société, spécialisée dans les transferts internationaux d'argent en P2P est rentable depuis 2017. Elle dégage sur son exercice un bénéfice de 31 millions de livres sterling, revendique plus de dix millions de clients, particuliers et entreprises, et traite environ 5 milliards de livres sterling de transactions chaque mois.

Ensuite, la société a réussi à faire de son modèle économique un combat très médiatisé pour la transparence et la baisse des commission d'interchange. Un combat qui n'a d'ailleurs pas été totalement étranger à la décision prise l'an dernier par les autorités européennes de réviser les règles de la commission d'interchange en faveur des consommateurs. A noter que la transparence est désormais un credo repris par la quasi-totalité des fintech et assurtech. Même les banques commencent à s'y intéresser !

Ses campagnes médiatiques récurrentes sur les commissions cachées du système financier sont désormais indissociables de son image. Le jour même de sa cotation, Wise a d'ailleurs publié une nouvelle étude qui estime à 150 milliards de livres sterling (175 milliards d'euros) le montant des frais cachés prélevés par les banques sur les paiements internationaux. Wise a toujours su lancer un formidable pied de nez aux grandes institutions financières, au grand plaisir de ses clients.

L'étendard de la transparence

C'est d'ailleurs toujours au nom de cette même transparence que les deux fondateurs de Wise, Taavet Hinrikus et Kristo Käärman, ont privilégié la cotation directe. « Laissons le marché fixer lui-même la valeur de l'entreprise plutôt que de fixer a priori un objectif de valorisation », expliquent les deux estoniens en substance.

Comme souvent, la startup est effectivement née de l'opacité du marché des transferts internationaux, à la fois lents et coûteux. La solution alors proposée par la fintech pour permettre des transferts en euros et en livres sterling à des tarifs défiants toute concurrence, combine à la fois le P2P (peer to peer) et le crowdsourcing (l'innovation participative).

Elle consiste basiquement à rapprocher des demandes complémentaires dans différents pays et d'équilibrer l'ensemble uniquement via des transactions locales peu coûteuses. Au final, l'argent ne sort pas des frontières et n'utilisent pas les tuyaux internationaux coûteux interbancaires.

Succès garanti au départ auprès des nombreux étudiants étrangers résidents au Royaume-Uni. Mais depuis, l'idée a depuis fait largement son chemin et Wise a su perfectionner son système et développer de nouveaux services (application mobile, notifications, comptes bancaires...) et viser de nouvelles cibles, comme les PME. Sa grande notoriété auprès des millennials n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle de Revolut, le spécialiste du compte bancaire multidevises, qui a également joué sur la transparence et les frais cachés des banques. Seule différence : Revolut continue à perdre beaucoup d'argent.

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Commentaires 2
à écrit le 08/07/2021 à 8:40
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Ah ça les trucs qui peuvent leur faire gagner toujours plus de fric toujours plus vite ça les passionne ! Inquiétant cet éternel aveuglement.

à écrit le 07/07/2021 à 19:20
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A quand le porno en bourse après l'intermédiaire financier?

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