Crédit agricole revient dans le jeu sur le marché du leasing automobile avec Stellantis

A l'occasion de la rationalisation des partenariats bancaires de Stellantis, Crédit agricole affiche de nouvelles ambitions sur le marché de la location longue durée automobile, un marché en plein essor, déjà âprement disputé par Société générale et BNP Paribas.
La location longue durée sera la support de la bascule de l'automobile vers l'électrique.
La location longue durée sera la support de la bascule de l'automobile vers l'électrique. (Crédits : DR)

La fusion de Fiat Chrysler (FCA) et du groupe PSA, pour créer Stellantis, n'a pas manqué de rebattre les cartes des partenariats bancaires, avec, en bout de course de ce chantier complexe, l'avènement d'un nouvel acteur sur le marché porteur de la location longue durée (LLD). Crédit agricole, BNP Paribas et Santander sont en effet liés à Stellantis. Ce vendredi, plusieurs annonces simultanées viennent clarifier les rôles de chacun.

Le groupe Stellantis avait de fait hérité d'une situation complexe. D'un côté, Crédit agricole Consumer Finance, le pôle de financement du groupe Crédit agricole, avait un partenariat avec FCA Banque, la captive de financement du groupe Fiat, détenue à 50-50 entre la banque et le constructeur automobile. Cette banque développe trois métiers, le financement des véhicules de la marque Fiat, le financement en marque blanche pour d'autres constructeurs (Jaguar, Ferrari...) et enfin, la location longue durée.

De son côté, Santander avait noué un partenariat avec Banque PSA afin de créer des filiales communes en Europe, et BNP Paribas est également un partenaire de PSA, notamment au travers de la captive d'Opel.

Deux opérations majeures pour Crédit agricole

Tous ces partenaires bancaires, et néanmoins concurrents, devaient donc trouver leur place au sein de la nouvelle galaxie Stellantis, qui souhaitait elle-même rationnaliser ses partenariats en Europe. C'est aujourd'hui chose faite, pour une mise en œuvre opérationnelle en 2023.

Dans ce cadre, Crédit agricole vient d'annoncer deux opérations importantes pour réorganiser ses liens avec le constructeur, qui lui rapportent à ce jour, environ 250 millions d'euros de revenus par an. La réorganisation s'effectue autour de deux axes : le financement en marque blanche et la LLD.

La première opération porte ainsi sur la reprise de 50% de FCA Bank et de Leasys Rent (location courte durée), actuellement détenus par Stellantis. Les activités de FCA Bank, dont le nouveau nom sera précisé plus tard, seront donc recentrées sur le financement en marque blanche.

L'idée, précise Stéphane Priami, directeur général de Crédit agricole Consumer Finance, est d'accompagner la mutation du marché automobile qui est de « moins en moins aux mains des constructeurs au profit de nouveaux intervenants qui ont besoin de financements », comme les plateformes ou les gros concessionnaires.

Parallèlement, BNP Paribas annonce des négociations exclusives avec Stellantis pour devenir le partenaire exclusif de la captive du constructeur, pour l'ensemble de ses marques sur trois marchés stratégiques, l'Allemagne, l'Autriche et le Royaume-Uni. Enfin, Santander, via des coentreprises, reste le partenaire exclusif de Stellantis (hors leasing) dans plusieurs pays, dont la France.

Top 3 européen de la LLD

La deuxième opération annoncée par le Crédit agricole, sans doute la plus importante, repose sur la création d'une société commune à 50-50 avec Stellantis dans le domaine du leasing, né du regroupement des activités de Leasys (314.000 véhicules) et de Free2Move Leasing (près de 370.000 véhicules), lancée par Peugeot (groupe Stellantis) il y a cinq ans. L'objectif est ambitieux : parvenir, d'ici 2026, dans le Top 3 européen, avec un parc d'un million de véhicules. Pour la banque mutualiste, c'est un pas de géant dans la LLD, un marché très lucratif sur lequel elle était encore peu présente.

Parallèlement, Crédit agricole avait annoncé son intention de développer une activité de LLD automobile et de services annexes (assurances...) auprès des particuliers et des professionnels via ses réseaux bancaires, avec un objectif de 100.000 véhicules d'ici cinq ans. A cette fin, une nouvelle structure a été créée sous la marque CA Mobility, qui n'est pas concernée par les accords noués avec Stellantis.

Cette nouvelle opération avec Stellantis confirme l'engouement des banques pour le leasing (ou LLD). Ce marché a connu une croissance rapide à la faveur de la pénurie actuelle des véhicules neufs mais il est promis structurellement à un bel avenir. « La LLD est le vecteur du passage de la propriété à l'usage, qui est le meilleur support à l'électrification du parc automobile », souligne Stéphane Priami.

C'est un marché pour l'heure très axé sur les entreprises et la gestion de flottes automobiles. Mais demain, la LLD devrait se généraliser avec la montée en charge de la voiture électrique, dont la valeur résiduelle, encore mal appréhendée, reste un obstacle à l'achat, y compris auprès des particuliers. Une nouvelle génération de LLD, sous la forme d'un abonnement de services, est même en train d'émerger.

Nouveau secteur stratégique pour les banques

Pour l'heure, trois acteurs dominent le marché de la LLD en Europe, avec le néerlandais LeasePlan (1,9 million de véhicules), le groupe ALD (1,4 million de véhicules), filiale de Société générale, et Arval (1,8 million de véhicules), filiale de BNP Paribas. Mais les ambitions de Société générale sont désormais mondiales : devenir le numéro un mondial du leasing automobile. La banque a en effet ouvert des discussions en vue d'un rapprochement avec LeasePlan, qui devrait aboutir, selon nos informations, au tout début d'année prochaine. Une opération à dix milliards d'euros !

Ce sera, en cas de réussite, la plus grosse acquisition jamais réalisée par Société Générale et une opération stratégique majeure pour l'avenir de la banque. Le groupe, dirigé par Frédéric Oudéa, compte bien faire du leasing le troisième pilier des activités du groupe, aux côtés de la banque de détail et des services spécialisés et de la banque d'investissement.

Les banques considèrent l'activité de LLD comme très proches de leurs activités de crédit, avec moins de réglementation et surtout moins de fonds propres à mobiliser. C'est un marché surtout en forte croissance et rentable, plus encore que le crédit à la consommation.  Enfin, c'est une activité qui entre parfaitement dans les clous des objectifs climat des grandes banques, compte tenu du rôle que la LLD va jouer dans la bascule du parc automobile vers le 100% électrique dans les prochaines année.

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