
Les marchés montent, montent.Le CAC 40 a franchi à l'ouverture le seuil symbolique des 6.000 points, un niveau jamais atteint depuis février 2020, avant le déclenchement de la crise sanitaire.
La détente ces derniers jours sur les taux d'intérêt américains explique l'essentiel de ce rally sur les actions et le niveau d'inflation aux Etats-Unis, publié hier mercredi, a rassuré les investisseurs. Et les perspectives de reprise économique grâce notamment aux plans de relance massifs et aux campagnes de vaccination dominent désormais les craintes exprimées en février de retour d'inflation et de hausse des taux. Les investisseurs tablent en effet toujours sur les politiques monétaires ultra-accommodantes des banques centrales pour enrayer toute tentative de hausse des taux.
Or, les taux d'intérêt sont en effet le nouveau « driver » des marchés. « Ce qui a changé, c'est l'influence des taux sur l'ensemble de la cote, et non plus seulement sur les valeurs technologiques. Et c'est l'ampleur des mouvements sur les taux qui va désormais conditionner les marchés dans les prochains mois. Or, les banques centrales, qui ne veulent à aucun prix contrarier la reprise, devraient tenir un discours volontariste pour rappeler plus fermement qu'elles n'accepteront pas une remontée excessive des taux longs. Si la promesse des banques centrales est prise au sérieux par les investisseurs, alors les marchés ont toutes les raisons de continuer de monter », explique Benoît Peloille, stratégiste chez Vega Investment Managers.
Rotation sectorielle toujours à l'œuvre
La rotation sectorielle bat également son plein, signe pour les investisseurs d'une normalisation de l'économie, et facteur de soutien pour les indices européens, moins exposés sur le secteur de la technologie et plus ancrés dans la "vieille économie".
Et à ce jeu, l'indice phare de la place de Paris est mieux placé pour profiter de cette rotation sectorielle, compte tenu du poids plus important des banques, du luxe et du pétrole dans le CAC 40 par rapport aux autres indices européens. Depuis le début du mois, la performance du CAC 40 est parmi l'une des meilleures des principales places financières.
De fait, les investisseurs procèdent à des réallocations dans les portefeuilles en revenant sur les valeurs cycliques et « value », plus sensibles à la reprise de l'activité, comme les banques, les compagnies pétrolières et minières, mais également sur des secteurs particulièrement attaqués l'an dernier, comme l'automobile, la construction et le tourisme/loisirs.
En revanche, les valeurs technologiques sont à la peine, même si le Nasdaq a également profité ces derniers jours de la détente des taux. Depuis la crise du Covid, les valeurs technologiques, bien que corrélées sur le long terme au cycle économique, sont devenues particulièrement sensibles aux niveaux des taux.
La résilience du modèle pendant la crise et des taux d'actualisation faibles ont en effet gonflé les valorisations des valeurs de technologie et surtout l'écart de valorisation avec le reste de la cote. La tension sur les taux en début d'année a donc logiquement favorisé les prises de bénéfices, surtout au détriment des valeurs dites de « rupture » (Tesla, Amazon...) qui ont fait les belles heures de l'année boursière 2020. La logique est toujours la même sur les marchés, surtout en sortie de crise : adorer aujourd'hui ce que l'on a détesté hier (et inversement).
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