Les Emirats arabes unis dans la course aux monnaies d'Etat, en parallèle du bitcoin

Les sept émirats, dont Abou Dabi et Dubaï, vont lancer leur première monnaie numérique d'ici 2026, a annoncé lundi la Banque centrale de ce riche pays pétrolier du Golfe. L'objectif est là aussi de proposer une alternative à la doyenne des cryptomonnaies, le bitcoin, tout en lui laissant une place suffisante pour attirer les investisseurs et entrepreneurs du monde entier.
Jeanne Dussueil
En parallèle, en juin, Nasdaq Dubaï, important marché financier des Emirats arabes unis, annonçait l'entrée en Bourse du Bitcoin Fund.
En parallèle, en juin, Nasdaq Dubaï, important marché financier des Emirats arabes unis, annonçait l'entrée en Bourse du "Bitcoin Fund". (Crédits : Ahmed Jadallah)

En pleine folie bitcoin, les Emirats arabes unis rejoignent la course mondiale au "CBDC" ou Central Bank Digital Currency. En annonçant le lancement de sa propre monnaie numérique via sa banque centrale d'ici 2026, le petit Etat du Moyen-Orient, qui cherche traditionnellement à être le premier en matière de nouvelles technologies, n'est pourtant pas précurseur sur le sujet. L'enjeu du contrôle de la monnaie est telle que, pour l'instant, c'est la Chine qui est la plus avancée avec une première phase de test de son yuan numérique lancé en mars.

A noter qu'en février 2021, la Bank for International Settlements (BIS) annonçait d'ailleurs une initiative entre la banque centrale des Emirats arabes unis et la banque centrale chinoise sur une infrastructure commune pour les transferts d'argent internationaux. Baptisée le "Multiple CBDC Bridge", elle a réuni le BIS Innovation Hub, la banque populaire de Chine (PBC), l'autorité monétaire de Hong Kong et la banque de Thaïlande.

Mais contrairement à la Chine qui tente d'interdire ou de réduire drastiquement les activités liées aux cryptomonnaies (ces monnaies numériques développées grâce au protocole de la blockchain) pour garder un pouvoir central, les Emirats ont l'intention de laisser cohabiter le bitcoin et la monnaie d'Etat.

De fait, entre le bitcoin et l'Ethereum, les deux cryptomonnaies les mieux valorisées parmi 9.000 actifs numériques, et les CBDC, les mécanismes des blockchains divergent. Les premiers prônent une chaîne de bloc ouverte - ou publique -, où la gouvernance opère de manière horizontale et décentralisée. Les seconds fonctionnent selon les principes d'une blockchain privée et centralisée, où un Etat où un acteur privé garde le contrôle des échanges et des droits d'entrée.

Deux monde parallèles

C'est sur ce dernier schéma que se positionne logiquement l'institution émirati. La Banque centrale va "émettre une monnaie virtuelle et œuvrer à la transition numérique des services financiers des Emirats", a-t-elle déclaré dans un communiqué publié par l'agence officielle WAM. Cette annonce s'inscrit dans "sa stratégie 2023-2026" qui ambitionne de "la placer parmi les dix premières banques centrales du monde", a-t-elle ajouté.

En parallèle, en juin, Nasdaq Dubaï, important marché financier des Emirats arabes unis, annonçait l'entrée en Bourse du "Bitcoin Fund", via un fonds basé sur des actifs numériques. Le tout premier à être coté au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

De même, pour son aéroport, Dubaï a créé des "zones franches" proposant une licence aux entreprises qui acceptent les paiements en cryptomonnaies.

Dès 2019, la cité de Dubaï de l'Emirat annonçait aussi devenir le premier Etat faisant fonctionner ses services publics grâce à la blockchain. Le même année, l'Arabie saoudite et les Emirats avaient annoncé une phase de test d'une cryptomonnaie commune pour les transactions entre les banques de deux pays.

L'accélération des banques centrales

Aussi, plusieurs banques centrales à travers le monde ont récemment annoncé des projets similaires, tout en critiquant les cryptomonnaies décentralisées comme le bitcoin.

Les banques centrales des Etats-Unis, de l'Union européenne et de l'Angleterre évaluent elles aussi la possibilité de lancer leur propre monnaie numérique. Pour accélérer, la Banque des règlements internationaux (BRI) œuvre aussi avec les banques centrales à un projet de monnaie numérique pour le grand public.

En introduisant des monnaies numériques, ces institutions publiques assurent vouloir apporter de la stabilité à ce secteur très spéculatif.

Créé en 2008 pour contrer les abus de la finance mondiale après la crise financière, le bitcoin, de loin le plus gros actif sur le marché des cryptomonnaies, a séduit de plus en plus d'investisseurs institutionnels ainsi que les particuliers.

(Avec AFP)

Jeanne Dussueil

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Commentaires 2
à écrit le 14/07/2021 à 9:44
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Les pays pétroliers du golfe vont devoir trouver d'autres ressources pour s'enrichir sans travailler, le modéle du pétrole stratégique pour le monde, vit ces derniers instants avec la révolution électrique du transport !

à écrit le 13/07/2021 à 8:22
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