Levées de fonds : coup de mou dans les technologies vertes

Une trentaine d’opérations pour 141 millions d’euros : les investissements dans les cleantech en France accusent un net recul au premier semestre, selon le baromètre de l’AFIC avec EY et GreenUnivers. Une décrue en partie saisonnière, qui reflète une pause après le pic de la COP21 mais aussi une certaine maturité du secteur.
Delphine Cuny
Les investissements dans les énergies renouvelables sont en baisse : ce sont désormais les fonds d'infrastructures qui ont pris le relais.

Dur réveil après l'euphorie de la COP21 ou simple baisse de régime temporaire ? Les levées de fonds en capital-innovation et capital-développement dans les technologies vertes en France ont atteint 141 millions d'euros au premier semestre pour 31 opérations, en recul de près de 25% en valeur par rapport à la même période l'an dernier, où elles avaient déjà baissé de 22%, selon le dernier baromètre cleantech de l'AFIC (l'Association française des investisseurs pour la croissance). C'est un plus bas depuis quatre ans.

Invest cleantech depuis 2012

Réalisé avec le cabinet EY et le site GreenUnivers, ce baromètre se concentre sur les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique, les transports et le traitement des eaux, de l'air, du sol ainsi que le recyclage, et ne prend en compte que les acteurs du capital-investissement, et pas les investissements de corporate venture des industriels.

« Il y a des éléments conjoncturels, liés à la saisonnalité et au niveau record de l'année 2016 » relève Sophie Paturle, présidente de la commission Transition énergie environnement de l'AFIC, et associée du fonds d'infrastructure Demeter Partners.

« Il y a aussi une raison structurelle reflétant l'évolution du financement des énergies renouvelables, désormais de plus en plus réalisé par les fonds d'infrastructure, qui ne font pas partie du périmètre du baromètre » ajoute-t-elle.

D'ici à la fin de l'année, le baromètre devrait intégrer les investissements dans les technologies vertes de ces fonds d'infrastructures.

Internet des objets et mobilité du futur

Dans les transports et les énergies renouvelables, qui à eux deux représentaient la moitié des financements à la même période l'an dernier, les montants investis ont été divisés par plus de trois. Même si le marché des renouvelables ne semble pas fléchir par ailleurs.

« Cette évolution montre la maturité du secteur de la production d'énergies renouvelables. Un acteur comme Quadran [racheté par Direct Energie, ndlr] ne sera plus financé par le capital-investissement mais par les marchés financiers », analyse Sophie Paturle.

En revanche, les startups développant des technologies d'efficacité énergétique, à l'image d'Actility, concurrent de Sigfox, qui a levé 70 millions d'euros auprès de fonds et d'industriels dont Bosch et Inmarsat, ont le vent en poupe.

« C'est le secteur de l'efficacité énergétique qui a attiré le plus de capitaux, en montants investis et en nombre d'opérations, au premier semestre : on voit désormais de gros tours de table comme celui du breton Actility, qui fait la une du baromètre », souligne la présidente de la commission Transition énergie environnement de l'AFIC.

En deuxième place arrive la startup francilienne de chimie verte M2iLife Sciences, qui a levé 12 millions d'euros auprès d'Idinvest pour mettre au point des phéromones pouvant protéger les cultures agricoles. A la troisième place le projet un peu fou de SeaBubbles (10 millions auprès de la Maif), qui veut réinventer la mobilité avec ses taxis volants sur la Seine.

Après la pause du premier semestre, les planètes semblent alignées pour donner une nouvelle impulsion à ces investissements pour préparer la transition énergétique, entre le nouveau plan de Nicolas Hulot et la mobilisation du président Macron, qu a annoncé en clôture du G20 la tenue d'un sommet climat en décembre prochain en France.

Delphine Cuny

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Commentaires 2
à écrit le 10/07/2017 à 20:45
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Le message envoyé par le gouvernement n'est pas clair. Dans le genre investissez librement, mais uniquement dans quelques projets et pour des puissances régulées par des appel d’offres. Du côté "production en gros", les projets éoliens et photovolta...

à écrit le 10/07/2017 à 19:29
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N'oubliez pas que si le pétrole baisse, les technologies vertes deviennent moins intéressantes...

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