Les entreprises sont friandes de rachats d'actions qui ont atteint un record de 1.310 milliards de dollars en 2022, soit presque autant que le versement des dividendes qui progresse de son côté à 1.390 milliards de dollars. Sur 10 ans, le montant consacré aux rachats d'actions a triplé alors que celui des dividendes n'a augmenté que de 54%. En 2012, le montant des dividendes versés était deux fois supérieur aux rachats d'actions, alors que les deux sont quasiment égaux en 2022.

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Cette forte croissance « reflète la solidité des bénéfices et des flux de trésorerie disponibles, ainsi que la volonté de récompenser les actionnaires sans susciter d'attentes inutiles en matière de dividendes », estime Ben Lofthouse, le responsable de l'équipe actions mondiale de Janus Henderson, gestionnaire d'actifs derrière l'étude. Racheter ses propres actions permet en effet de rémunérer les actionnaires tout en soutenant le cours en Bourse, et ainsi doper la performance de l'investissement.

Une pratique beaucoup plus ancrée aux Etats-Unis

En 2022, les entreprises du CAC 40 ont racheté pour 23,7 milliards d'euros d'actions, selon la lettre financière Vernimmen. Cette pratique est beaucoup plus ancrée aux Etats-Unis, qui concentrent les trois quarts des rachats d'actions effectués en 2022. Plus particulièrement, les médias et la technologie sont « traditionnellement portés sur les rachats d'actions », dont la valeur représentait « huit fois » les dividendes versés en 2022, souligne l'étude qui cite notamment Meta, maison-mère de Facebook, et Alphabet, maison-mère de Google, qui préfèrent racheter leurs propres actions plutôt que de verser un dividende annuel.

Apple a également acheté pour 89 milliards de dollars de ses actions en 2022, « 7% du total mondial », selon Janus Henderson. Le secteur pétrolier a connu la plus forte croissance des rachats d'actions, multipliés par quatre entre 2021 et 2022. Chevron a annoncé fin janvier l'un des plus gros programmes de rachats d'actions jamais annoncés, allant jusqu'à 75 milliards de dollars, et ExxonMobil va débourser jusqu'à 50 milliards. Ces annonces n'ont pas été sans susciter des mécontentements politiques. Aux Etats-Unis, le budget 2024 du président Joe Biden prévoit notamment « un quadruplement de la taxe appliquée aux rachats d'actions ».

Emmanuel Macron avait dénoncé le « cynisme » de cette pratique

Fin mars, Emmanuel Macron, lors d'une interview sur TF1 et France 2, avait taclé les entreprises. « Il y a quand même un peu un cynisme à l'œuvre, quand on a des grandes entreprises qui font des revenus tellement exceptionnels qu'ils en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions ». Avant d'expliquer : « il faut trouver la bonne technique », a-t-il expliqué, pour que les entreprises qui « sont en train d'acheter leurs actions distribuent davantage à leurs salariés ».

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TotalEnergies avait prévu de débourser deux milliards de dollars au premier trimestre 2023 pour des rachats d'actions, soit autant que ce que le groupe a versé au titre d'une taxe sur les superprofits dans l'UE et au Royaume-Uni. BNP Paribas souhaite consacrer 5 milliards d'euros à un programme de rachat d'actions, l'équivalent de la moitié de son bénéfice record de plus de 10 milliards d'euros en 2022.

 (Avec AFP)