GreenCreative lance R3D3, sa poubelle intelligente et connectée

Elle s'appelle R3D3, est plutôt jolie, mais cache une main de fer. Voici la première poubelle intelligente, connectée, et capable de compresser impitoyablement canettes et bouteilles. Rencontre avec sa co-créatrice, Lucile Noury, présidente de Green-Creative.

Cleantech Republic : Votre société livrera, cet été, les premiers modèles de sa poubelle intelligente et connectée. Décrivez-nous cet engin d'un nouveau genre...

Lucile Noury : R3D3 a un petit air de famille avec le robot auquel vous pensez. Il absorbe les trois types de déchets les plus rencontrés dans l'espace public, et donc susceptibles d'être recyclés : les bouteilles en plastiques, les gobelets, et les canettes en aluminium. En quelques secondes, et presque en silence, il est capable de reconnaître le déchet déposé dans le réceptacle, de l'accepter ou non, de le compresser, puis de le trier. C'est-à-dire l'envoyer dans le bon compartiment. Et comme la poubelle est connectée, un système d'information recueille l'état du remplissage et le met à disposition des opérateurs afin qu'ils optimisent leurs collectes.

Un concentré de technologie ou une bonne idée ?

Un peu des deux. Nous avons breveté trois technologies autour de la pesée, de la reconnaissance de la matière (métallique ou non), et de la compression par un piston mécanique avant l'aiguillage. Les telecoms sont assurés par une carte Wifi (de série) ou en 3G (en option). Enfin, nous avons ajouté une batterie, d'une capacité d'une demi journée d'usage, permettant d'assurer le fonctionnement en cas de coupure d'alimentation, ou plus simplement pour les utilisations évènementielles. Mais il y aussi de l'idée car nous avons beaucoup réfléchi à la manière de nous insérer dans la filière.

Oui, car il faut rentabiliser une poubelle à plus de 4000 euros !

Effectivement. D'autant plus que la chaîne de valeur est déjà bien implantée, et que des tentatives similaires ont échoué dans le passé (ndlr : on pense notamment à la poubelle compactante brevetée "Cyclabelle" dont le lancement a été annulé). Pour simplifier, la valeur que nous apportons résulte de la combinaison entre la compression et la connexion. R3D3 ingère 200 bouteilles, 500 gobelets, et 700 canettes. Soit une valeur matière sur le marché du recyclage dix fois supérieure à celle de trois poubelles classiques. Evidement, on divise aussi le nombre de collectes par 10, voire plus puisque l'on ne vient plus pour rien. Au final, le retour sur investissement est estimé à environ huit mois pour un site à fréquentation régulière, comme une gare par exemple.

Qui sont vos clients ?

Il faut distinguer nos clients directs, qui vont acheter et exploiter les robots, et les sites qui vont les accueillir. Les clients seront donc des sociétés de nettoyage, de collecte ou des opérateurs de distributeurs automatiques de boissons. Il s'agira aussi de "facility managers" (ndlr : Helios, Cofely, Sodexo) pour des sites présentant de forts gisements de déchets : parcs d'attraction, gares et aéroports, salons, stations services ou musées. Nous viserons enfin les entreprises, lorsque nous aurons prouvé la fiabilité et l'efficacité du dispositif, mais aussi réduit ses coûts.

Quelles différences avancez-vous face Canibal qui à initié ce marché avec une poubelle similaire ?

Justement notre meilleure intégration dans les filières existantes. Nous sommes strictement des fournisseurs de matériel quand Canibal propose des services de collecte. D'autre part, R3D3 est beaucoup plus petit et moins cher, ce qui facilite sont implantation. Et son design nous semble tout de même plus fun (ndlr : le Canibal présente a les dimensions et l'aspect d'un classique distributeur de boissons). Enfin, nous offrons plus de flexibilité puisque l'on peut choisir d'avoir plusieurs bacs pour un même déchet.

Vous avez levé 600 000 euros il y a quelques mois. A quoi sont destinés ces fonds ?

D'abord au lancement classique d'une start-up : embaucher des collaborateurs, finaliser la conception de nos produits (ndlr : Green-Créative développe aussi des déconditionneurs industriels Flexidry) et bien sûr réaliser des prototypes et les tester en situation réelle. Un point important c'est nous voulions surtout garder la main sur la fabrication. C'est pourquoi nous avons investi dans un atelier en région parisienne. Le R3D3 sera Made in France ! La première série est déjà pré-vendue à 100% et sera livrée en juillet 2015. Nous lançons donc dès maintenant un second lot de fabrication d'une centaine de machines pour novembre. Il reste donc encore des R3D3 pour les clients "early adopters". Nous garderons aussi quelques modèles pour les prêter à nos prospects. Enfin, notre marché est déjà mondial : nous allons donc rapidement nous développer commercialement à l'international.

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GreenCreative en bref...

  • Création : 2010
  • Effectifs : 8 (en croissance)
  • Financement : levée de fonds de 600 k€ en octobre 2014 (Bpifrance, Scientipole Capital, Business Angels)
  • Ventes 2015 : plus de 100 R3D3 et une quinzaine de Flexidry (déconditionneurs industriels)

Cleantech Republic

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Commentaire 1
à écrit le 27/04/2015 à 21:23
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Au lieu de faire une poubelle connecté à plus de 4000€, une simple poubelle avec un moteur et un détecteur de main aurait suffit. Surtout que vu son prix et son coût de fonctionnement / durée de vie, pour la rentabilisé il va falloir recycler beaucou...

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