Salon aéronautique de Dubaï : le missilier MBDA affiche ses ambitions

A la veille de l'ouverture du salon aéronautique de Dubaï, le PDG du missilier européen MBDA, Antoine Bouvier, affirme que la région du Golfe est au cœur de sa stratégie de vente à l'export, avec à la clé plusieurs prospects en cours, dont le Rafale aux Emirats arabe unis et au Koweït. Antoine Bouvier se dit prêt à participer à la consolidation du secteur en France. A l'international, il discute d'un rapprochement avec le missilier sud-africain Denel. Enfin, il détaille son plan de relance en deux phases dans le secteur des missiles de combat terrestre.

La Tribune - Le salon de Dubaï ouvre ses portes demain, quels sont vos espoirs dans la région du Golfe ?

- Dans les pays du Golfe, priorité au Rafale, d'abord aux Emirats Arabes Unis puis au Koweït. Des opportunités intéressantes dans la défense aérienne : plusieurs pays (Koweit, EAU, Oman et Arabie saoudite) ont en effet annoncé qu'ils allaient moderniser ou remplacer leurs équipements en service.. Pour MBDA, à l'horizon 2011, l'export devrait représenter entre 40 et 50 % des prises de commandes, parmi lesquelles les pays du Golfe représenteront environ 60 % du total. Pour MBDA, c'est une région extrêmement importante. Nous avons des relations très étroites, et très anciennes avec la plupart des pays du Golfe sur les applications aussi bien aériennes, maritimes que terrestres. Notre objectif est de renforcer cette présence et de développer de nouvelles opportunités.

 

- Quelles sont vos prévisions économiques à quelques semaines de la fin 2009 ?

- Nous sommes en ligne avec nos objectifs. Le chiffre d'affaires 2009 devrait rester stable au niveau de celui de 2008 (Ndlr : soit 2,7 milliards d'euros). Le carnet de commandes est stable également avec environ quatre ans d'activité. Et conformément aux objectifs, nous avons une hausse très significative des prises de commandes à l'export.

 

- Votre objectif de compenser la baisse des commandes des quatre pays européens de MBDA (France, Grande-Bretagne, Italie et Allemagne) par l'export est-il réussi pour cette 2009 ?

- Cet objectif sera atteint en 2009. Nous allons pouvoir compenser la stabilité ou la réduction de nos commandes et de notre activité en Europe par une croissance à l'export. Les marchés export sont certes difficiles et très compétitifs : les derniers grands contrats de plates-formes aériennes ou navales françaises remontent à plus de 10 ans. Mais nous avons aujourd'hui avec le Rafale et la frégate multimission Fremm de solides et nouvelles opportunités. Concrétiser rapidement ces opportunités est un objectif majeur que nous partageons avec Dassault et DCNS

 

- Avez-vous des discussions avec Thales pour une consolidation du secteur des missiles en France ?

- Non, nous n'avons pas de discussion avec Thales sur ce sujet. Nous discutons en revanche de l'ensemble de nos activités communes. Thales est un partenaire important à travers le groupement d'intérêt économique Eurosam sur les systèmes Aster de défense Sol-Air. Thalès est un fournisseur essentiel sur les autodirecteurs électromagnétiques. Thalès est aussi, et de temps en temps, un concurrent.

 

- Seriez-vous intéressés si la question se posait ?

- La question se pose de manière plus générale. Compte tenu des contraintes fortes sur les budgets de défense pour les prochaines années, doit-on envisager des rectifications de périmètre, des optimisations qui feraient sens et permettraient de renforcer la base industrielle en France ? Nous sommes toujours prêts à contribuer à cette réflexion. C'est ce que nous avons fait il y a un an avec Sagem sur les autodirecteurs infrarouge et sur le missile AASM.

 

- C'est ce que vous faites dans la mise en place d'Herakles ?

- Oui, nous contribuons au schéma de mise en place d'Herakles à travers notre filiale commune Roxel avec SNPE. Plusieurs schémas sont actuellement en discussion. Nous avons un objectif partagé avec Safran : adosser la propulsion tactique de Roxel à la propulsion spatiale et à la propulsion balistique qui bénéficient de solides perspectives à long terme tout en préservant les spécificités commerciales et les structures de coûts qui caractérisent la propulsion tactique.

 

- Avez-vous des discussions pour vous rapprocher du Sud-africain Denel ?

- Nous discutons effectivement avec Denel depuis début 2008. C'est un acteur important et reconnu dans le domaine des missiles.

 

- La France a retoqué votre proposition du missile Milan ER. Comment allez-vous rebondir sur un marché historique pour MBDA ?

- Le remplacement à terme du Milan va représenter plus de 3000 missiles pour l'Armée de Terre d'ici à 2020 : ces besoins couvrent le combat débarqué - les fantassins -, le combat embarqué - les véhicules - et enfin l'équipement des hélicoptères. La décision qui a été prise par le Ministère de la Défense est l'achat sur étagère d'un lot limité de missiles non européens. Cette décision répond à une demande spécifique de l'Armée de Terre lié aux retours opérationnels d'Afghanistan. Le Milan ER ne correspondait pas à cette demande parce qu'il n'avait ni la capacité « tire et oublie » ni la capacité de tir en espace confiné. Mais au total cet achat sur étagère d'environ 300 missiles représente moins de 10 % des besoins à terme de l'Armée de Terre. Ce premier achat limité correspond à un besoin urgent et spécifique, il laisse toutes les options ouvertes pour MBDA.

 

- Quel est le plan d'action de MBDA pour rebondir ?

- Le secteur du combat terrestre est très important pour MBDA. Nous avons bien l'intention d'y investir et d'y développer nos activités.. Le combat terrestre représente plus de 15 % du marché mondial des missiles et pour MBDA entre 10 et 15 % de l'activité actuelle, à travers le Milan et l'Eryx. Notre plan d'action comporte deux volets. Premièrement, prolonger bien au-delà de 2015 la vie opérationnelle des missiles Milan actuels en traitant les obsolescences techniques. Le Milan restera pour de nombreuses années le principal missile de combat de l'armée de Terre. Un budget dédié à la prolongation de vie du Milan a été décidé lors du Comité ministériel de juillet. Deuxième volet, l'Armée de Terre exprimera en 2010 ses besoins pour la nouvelle génération de missiles de combat terrestre (ce qu'elle appelle la « trame missiles-roquettes »). Les premières livraisons de cette nouvelle génération pourraient intervenir dés 2014/2015. MBDA se positionnera pour proposer une solution globale. Notre objectif est de coopérer avec des industriels européens et/ou non européens en réutilisant autant que possible des technologies ou des équipements déjà développés.

 

- Donc ce n'est pas un nouveau programme ?

- Ce sera un nouveau programme sous maîtrise d'?uvre MBDA. La réutilisation de briques existantes permettra se réduire les coûts et les cycles de développement. Nous avons des discussions en cours avec des industriels israéliens et américains et bien entendu nous avons également l'objectif, comme sur tous nos programmes, de nous placer dans un cadre européen.

 

- Pourtant, il me semblait que la Délégation générale pour l'armement ne souhaitait pas investir dans un nouveau missile terrestre.

- Si les quantités pour le client français sont importantes et le potentiel à l'export suffisant, nous trouverons le moyen de boucler le financement.

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