EADS-BAE Systems : la bataille contre la Bourse

Si d'ici à la date limite du 10 octobre pour lancer ou pas le processus de rapprochement, le marché établit durablement une autre parité que les 60-40 en faveur d'EADS dans le nouvel ensemble, ou si les cours d'EADS ou de BAE baissent, l'opération sera arrêtée ou peut être renégociée sur d'autres bases.
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Créera t-elle des synergies, sera-t-elle rentable, indépendante des pouvoirs politiques...? La fusion entre EADS et BAE Systems sera forcément compliquée en raison de la nature stratégique de ses activités et de l?implication d?une manière ou d?une autre des trois grands états européens, la France, l?Allemagne et le Royaume-Uni. Mais avant même d?en arriver là, cet énorme projet de coopération européenne doit surmonter un obstacle majeur : les marchés.

Il ne faut pas que la parité 60-40 en faveur d?EADS dans le nouvel ensemble, décidée par les deux groupes ne soit remise en cause par l?évolution des cours de bourse. Cela jusqu?au 10 octobre, date limite pour EADS et BAE pour dire s?ils décident de fusionner ou s?ils renoncent. "Si les cours décrochent trop longtemps ou si, d?une manière générale, le marché établit durablement un autre niveau de parité, le message sera clair : il faudra laisser tomber", confie à "latribune.fr" un proche du dossier, "ou repartir sur d'autres bases".

Les parités se tiennent

Pour l?heure, les parités se tiennent. Jeudi en clôture, elles étaient exactement à 60-40. Le cours d?EADS a décroché de 10 %, dans la foulée de la baisse de 6 % mercredi le jour de le confirmation de l?existence des discussions. Dans le même temps, l?action BAE a fait le yo-yo. Elle a grimpé de 10,62 % mercredi pour chuter de 7,29 % jeudi. Ce vendredi, les deux actions ont progressé, de 0,64% pour EADS, de 2,0,8 % pour BAE. L?action d?EADS a ouvert en forte hausse, avant de retomber dans le rouge et de revenir dans le vert. Pour autant, pour des analystes, la parité n'est pas le sujet majeur en Bourse car les traders "arbitragistes", s'ils estiment que "l'opération peut se faire", agiront pour garantir cette parité. La modifier pour une parité à 65-35, plus favorable aux actionnaires d'EADS, se heurtera dans tous les cas à l'hostilité de BAE. "La question est plutôt dans la baisse des cours. Si le cours d'EADS ne se redresse pas et continue d'afficher une baisse de plus de 4 euros depuis mardi (la veille de l'annonce des discussions), cela pourrait inciter certains gros actionnaires d'EADS à faire pression sur la direction pour faire capoter le deal", explique à latribune.fr un  analyste chez Oddo Securities. Cela pourrait être le cas de Lagardère dont la participation a déjà perdu moins de 300 millions d'euros depuis mercredi mais aussi d'autres actionnaires dans le Top 10, furieux de la baisse du cours."

Rebond technnique

"Le rebond d'aujourd'hui est simplement technique. Le marché reste sceptique face au projet avec BAE très délicat à mettre en place", a indiqué à l?AFP un analyste parisien sous couvert d'anonymat. "Les investisseurs misaient sur EADS essentiellement à cause d'Airbus. Or, l'avionneur sera complètement dilué dans le nouvel ensemble. Il représentera environ 45 % du chiffre d'affaires de la future entité contre 65 % actuellement", a déclaré à l'agence Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities. Cet équilibrage entre les activités civiles et de défense du groupe européen inquiète les analystes à l?heure où les Etats coupent dans leur budget militaire. Pour la Bourse, "il y a un nombre incroyable d'incertitudes dans ce dossier, explique un autre proche du dossier à "latribune.fr". Et nous pouvons pas vendre cette opération aux marchés tant qu'elle n'est pas lancée officiellement. Nous sommes au milieu du gué. Nous sommes dans la situation la plus mauvaise possible". C'est pour cela que les marchés "par prudence" vendent pour le moment le titre EADS.

Pour autant, les agences de notation Fitch et Moody's font valoir qu'un regroupement EADS-BAE serait positif pour les notations des deux groupes.

 

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Commentaires 2
à écrit le 15/09/2012 à 22:12
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J'ai investi pour le long terme dans EADS et BAE : la fusion est la solution financière apte à palier à la déconfiture des Etats, et les deux Sociétés sont techniquement super.

à écrit le 15/09/2012 à 21:34
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Une fois de plus les petits actionnaires sont SPOLIES ! Pas étonnant que le petit actionnariat fasse de + en + défaut aux entreprises

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