Les petites voitures font baisser le CO2 mais desservent le "made in France"

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  555  mots
La nouvelle Citroën C1 émet peu de CO2 mais est produite hors de France
Un quart des véhicules particuliers neufs vendus en 2013 dans l'Hexagone émettent moins de 100 grammes de CO2 au kilomètre, contre 14% en 2012. Problème: la descente en gamme du marché tricolore entraîne la chute de la production dans l'Hexagone.

Un quart (24%) des véhicules particuliers neufs vendus en 2013 dans l'Hexagone émettent moins de 100 grammes de CO2 au kilomètre, contre 14% en 2012, selon le bilan annuel de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) publié ce mercredi. 89% des véhicules neufs immatriculés en France rejetaient par ailleurs moins de 140 grammes de CO2 au kilomètre.

Avec une émission moyenne de 117  grammes de gaz à effets de serre au kilomètre, la France se place au quatrième rang européen derrière les Pays-Bas (113), le Danemark (114) et le Portugal (114) mais "reste en tête parmi les grands marchés européens de plus d'un million de véhicules par an", selon le communiqué de l'Ademe, qui se félicite de ce caractère vertueux.

Certes, les effors techniques des constructeurs pour abaisser les émissions payent. Mais, ces résultats sont surtout explicables par la descente en gamme du marché auto français. Ce qui est une mauvaise nouvelle pour le "made in France"! Les petites voitures d'entrée de gamme ont représenté 54% des immatriculations totales de voitures neuves sur cinq mois, selon les données du CCFA (Comité des constructeurs français d'automobiles). Et ce, contre 52% il y a un an et 51% en 2012. Un poids énorme et démesuré. La France s'éloigne de la moyenne ouest-européenne, où les "petites" (type Renault Twingo, Peugeot 208) représentent à peine 42% des ventes. il ya donc bel et bien appauvrissement du marché auto tricolore.

Les familiales (gamme "moyenne supérieure" type Peugeot 508) pèsent seulement 11% du marché total en France, contre 13% en 2013 et... 17% en Europe occidentale. Enfin, le "haut de gamme", spécialité des constructeurs allemands que les français ne concurrencent plus, est réduit à presque rien: 4% à peine du marché français, contre 5% il y a deux ans et 12% en moyenne pour l'Europe occidentale.

Pas étonnant, dans ces conditions, que Renault et PSA soient devenus à leur corps défendant des spécialistes de petits véhicules... qui ne se vendent  quasiment qu'en Europe occidentale, principalement du sud. En effet, la plupart de ces petits véhicules - sauf les Dacia - sont trop chers pour l'Inde ou le Brésil, des marchés pourtant portés eux aussi sur les "petites".  Et ces modèles sont  pratiquement invendables en Russie, Chine, Asie du sud-est et en Amérique du nord.

"Made In France" défavorisé

Favorisés par les pouvoirs publics, ces petits modèles à zéro marge - sauf les Dacia à bas coûts - sont en grande partie produits... hors de France! Les Dacia à bas coûts de Renault sont fabriquées en Roumanie et au Maroc, les Renault Twingo en Slovénie, les Peugeot 108 et Citroën C1 en République tchèque, le Renault Captur en Espagne... PSA a décidé de délocaliser à terme la production de petites voitures "généralistes" pour des raisons de coûts.  L'usine PSA de Rennes, en Bretagne, en surcapacités chroniques et qui risque de fermer à terme selon les élus locaux, pâtit à plein de cette "descente" en gamme. La production de voitures en France a d'ailleurs chuté de moitié en dix ans. 

Dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, l'Union européenne  a édicté des normes draconiennes. Pour 2021, l'objectif est fixé à 95 grammes au kilomètre.