Airbus : le deuxième trimestre sera douloureux

Après un premier trimestre déjà affecté par la crise du Covid-19, le deuxième trimestre s'annonce très difficile pour Airbus sur le plan des livraisons d'avions. Le groupe aéronautique verra en juin s'il doit diminuer encore sa production, déjà réduite d'un tiers. Cette réduction d'activité pose évidemment la question des sureffectifs et des suppressions de postes sont à attendre.
Fabrice Gliszczynski
La trésorerie diminue à une vitesse sans précédent, ce qui peut menacer l'existence même de notre entreprise, écrivait la semaine dernière le DG Guillaume Faury aux salariés.
La trésorerie "diminue à une vitesse sans précédent, ce qui peut menacer l'existence même de notre entreprise", écrivait la semaine dernière le DG Guillaume Faury aux salariés. (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

Avec la crise du Covid-19 et les conséquences catastrophiques sur le transport aérien, Airbus est entré dans une zone de turbulences extrêmement fortes pouvant, de l'aveu même de son directeur général Guillaume Faury, mettre en cause la survie du groupe si des mesures fortes de réductions des coûts et de redimensionnement de l'entreprise ne sont pas prises.

Un premier trimestre déjà affecté

La tempête va souffler très fort sur l'avionneur et l'ensemble du secteur aéronautique. Déjà au premier trimestre, alors que le transport aérien n'était pas à l'arrêt comme il l'est en quasi totalité depuis fin mars - début avril, l'impact du coronavirus a pesé sur les comptes du constructeur. Le chiffre d'affaires a reculé de 15% à 10,63 milliards d'euros et le résultat opérationnel ajusté a chuté de 49% pour tomber à 281 millions d'euros. Seuls 122 avions ont pu être livrés et soixante autres appareils, produits, n'ont pu être livrés en raison de l'épidémie.

Le deuxième trimestre s'annonce autrement plus difficile, en raison d'une chute des livraisons. La majorité des compagnies aériennes ont cloué au sol la quasi-totalité de leur flotte et cherchent par tous les moyens à préserver leur cash, alors qu'elles devraient, selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), brûler 61 milliards de dollars de cash sur cette période.

Sans visibilité sur la reprise et sur leur avenir, l'heure est aux reports de livraisons. Ce qui prive Airbus de rentrées de cash. Résultat : Airbus dépense plus d'argent qu'il n'en rentre et la trésorerie "diminue à une vitesse sans précédent, ce qui peut menacer l'existence même de notre entreprise", écrivait la semaine dernière Guillaume Faury aux salariés. Selon Dominik Asam, le directeur financier, il faudra attendre le dernier trimestre pour qu'Airbus cesse de brûler du cash.

Lire aussi : Airbus : face au Covid-19, la livraison des avions devient..."électronique"

Plan social en vue

Face aux demandes de reports de livraisons des compagnies aériennes, le constructeur a d'ores et déjà réduit de 30 à 35% sa production. Un point sera fait en juin pour voir s'il faudra à nouveau baisser les cadences. Comme les compagnies aériennes, Airbus prévoit une crise longue. Selon nos informations, le constructeur ne s'attend pas à une reprise de l'activité court et moyen-courrier avant trois ans et à une reprise du long-courrier avant 5 ans. D'où l'intention de Guillaume Faury de redimensionner l'entreprise.

Un plan d'économies est évidemment prévu et "tous les postes de coûts sont en cours d'examen", a expliqué Guillaume Faury.

Une baisse drastique de la production va provoquer d'énormes sureffectifs parmi les 135.000 salariés que compte le groupe.

"La question n'est pas de savoir s'il y aura un plan social mais de quelle ampleur il sera", explique une source interne.

La réduction des effectifs va-t-elle coller au niveau de baisse de la production? Autour de 30%? Certains experts ne rejettent pas l'hypothèse. Ce mercredi sur RTL, Guillaume Faury a indiqué qu'Airbus n'envisageait pas de licenciements à ce stade, à la différence de son concurrent américain Boeing qui va supprimer 16.000 postes. Pour l'heure, les mesures de chômage partiel aujourd'hui en vigueur en France et au Pays de Galles pourraient également concerner les sites allemands. Airbus peut néanmoins compter sur une pyramide des âges favorable.

Un soutien aux États n'est pas nécessaire aujourd'hui

Pour traverser cette crise aussi profonde, Guillaume Faury a redit qu'un soutien des États "ne devrait pas être nécessaire". Le patron d'Airbus préfère que les États soutiennent les compagnies aériennes et les fournisseurs. Le groupe a levé 15 milliards d'euros de liquidités il y a trois semaines.

Lors d'une audition au Sénat ce mercredi, Bruno Le Maire a indiqué qu'une aide à Airbus, qu'il avait évoquée plus tôt dans la journée sur LCI, pourrait passer par un renforcement des mécanismes de financement à l'exportation, un accès au chômage partiel et une aide "au renouvellement des flottes dans les compagnies aériennes", comme cela a été fait pour Air France.

Parallèlement, le gouvernement réfléchit également à "un dispositif spécifique de fonds d'assistance à la chaîne de valeur aéronautique", auquel pourraient participer "tous les grands donneurs d'ordre aéronautiques", les banques privées et publiques. Selon le ministre des Finances, cela permettrait "de soutenir les 3.000 PME et ETI qui travaillent dans la chaîne de valeur de l'aéronautique en France" et de donner "à ces entreprises une visibilité sur leurs commandes et donc la possibilité de se financer plus facilement" auprès des banques.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 6
à écrit le 30/04/2020 à 19:56
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Il va falloir dmd a notre conseil d administration de mettre ses roubignolles sur la table pour profiter de la situation en mettant sous contrôle 'grand programme' l ensemble des activités de santé r&d et sortir le drone 4L ... A défaut on fabriquera...

à écrit le 30/04/2020 à 15:28
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Airbus a mis fin au seule programme qui compte pour l'avenir - le E-Fan X. Apres tout le hype depuis 2017, le nouveau centre d'essais vante a Munich, meme que je suis aguerri a voir la hypocrisie et mensonges environnementales et tergrevisations de c...

à écrit le 30/04/2020 à 14:34
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Pour connaître la manière dont la Chine a dépecé un Airbus A320 pour le copier au profit de son avion commercial, lisez "L'empreinte du Dragon" de Jean Tuan chez C.LC. Editions. Une lecture édifiante et jubilatoire ! Disponible sur amazon.fr et fnac....

le 30/04/2020 à 15:03
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Par ce que vous croyez que les chinois européens des américains n'ont pas fait la meme chose avec les boeing qui avaient des dizaines d'années d'avance sur airbus ? L' europe achète les licenses d'exploitations mais aussi parfois de conception, dass...

à écrit le 30/04/2020 à 13:16
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Hi hi qu'est-ce qui se passe avec ceux qui avaient pense que Boeing mourirait apres la crise avec 737Max.

à écrit le 30/04/2020 à 10:40
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Le seul espoir, c'est que la crise affecte davantage le concurrent de tjrs dt la MES hypothétique du best seller est reportée en août, avec peut'être l'arrêt définitif de la production du Max... Ça apporterait sûrement un ballon d'oxygène à Airbus, m...

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