Airbus : face au Covid-19, la livraison des avions devient..."électronique"

Avec les mesures de confinement imposées dans de nombreux pays et la fermeture des frontières, il est difficile pour des compagnies aériennes d'envoyer leurs personnels à Toulouse, Hambourg ou d'autres sites du groupe. Or, le processus de livraison des avions doit se poursuivre. Airbus a donc mis en place un processus électronique pour résoudre cette contrainte. Explications.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Reuters)

Si des compagnies aériennes demandent de reporter leurs livraisons d'avions, il y a encore de nombreux transporteurs qui maintiennent leur commande. Airbus a d'ailleurs prévu de maintenir les deux tiers de sa production au cours des prochains mois, soit plus de 500 avions sur une base annuelle. Mais avec les mesures de confinement imposées dans de nombreux pays à travers la planète, la fermeture des frontières, comme l'espace Shenghen, il est extrêmement difficile pour certaines compagnies d'envoyer pendant plusieurs jours des équipes à Toulouse, Hambourg, ou vers les autres sites de livraison d'Airbus, à Mobile aux Etats-Unis, Mirabel au Canada et Tianjin en Chine, pour assurer le processus de livraison de l'avion et repartir avec l'appareil vers leur pays d'origine. Pour cette raison, des livraisons n'ont pu être effectuées.

Face à ces problèmes, Airbus a mis en place un système de livraison...."électronique", qui permet aux compagnies aériennes d'effectuer les tâches de réception technique de l'avion (TAC), le transfert de propriété (TOT), sans avoir de personnels présents sur place.  Le processus de livraison se limite donc à la présence des pilotes de la compagnie pour quelques heures seulement, avant de ramener l'appareil.

L'exemple de Pegasus

C'est ce que vient de faire la compagnie low-cost turque Pegasus pour trois appareils de la famille A320. Arrivés en jet privé à Hambourg, les pilotes, qui avaient eu les dérogations nécessaires, sont restés pendant 2 à 3 heures dans un endroit confiné et sécurisé avant de prendre les commandes de leur avion neuf pour assurer le vol de convoyage vers Istanbul.

Pour réaliser cet exploit, Pegasus a pris l'option proposée par Airbus de déléguer les tâches de réception technique de l'appareil à l'avionneur (il est possible aussi de choisir une tierce partie locale). Ces tâches vont de l'inspection de l'avion au sol, au vol d'essai d'acceptation, en passant par des retouches esthétiques mineures si nécessaire, sans oublier la vérification des manuels et les procédures d'acceptation.

Ensuite, pour réaliser la transaction de la vente et le transfert de titres, les équipes d'Airbus et de Pegasus se sont retrouvées (chacun sur le lieu où ils se trouvaient) sur une plateforme digitale sécurisée baptisée, "e-SalesContracts". Celle-ci a permis aux deux parties de finaliser le contrat jusqu'à la signature de ce dernier de manière numérique.

La moitié des livraisons aujourd'hui

Ce procédé a permis à Airbus de finaliser une cinquantaine de contrats depuis son lancement il y a une quinzaine de mois. Aujourd'hui, il fonctionne pour la moitié des livraisons, précise Alain Vilanove, vice-président Livraisons Contractuelles pour les cinq sites d'Airbus, qui prévoit que ce système va se développer après la crise.

Pour rassurer les clients qui pourraient se montrer insatisfaits sur un point particulier au moment de la réception de l'avion, Airbus n'exclut pas de permettre de rouvrir la lettre de réserve pendant quelques jours afin qu'ils puissent s'assurer d'eux-mêmes de l'état de l'avion.

Pour les clients qui veulent continuer le processus classique et envoyer des équipes sur place, Airbus a établi un système sécurisé sur le plan sanitaire dans lequel les équipes restent dans un milieu confiné tout au long de leur "séjour", de leur sortie de l'avion à leur retour dans leur pays d'origine. Le processus dure entre 5 et 7 jours contre 3-4 jours avant la crise pour des avions monocouloirs et entre 12 et 15 jours pour des gros-porteurs, contre 8-10 jours auparavant.

Lire aussi : Les loueurs d'avions sous pression : l'autre menace pour Airbus et Boeing

Fabrice Gliszczynski

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