"La survie d'Airbus est en jeu, il faut agir maintenant pour reprendre le contrôle de notre destin" (Guillaume Faury)

Dans un contexte de crise sans précédent qui frappe le transport aérien, le patron d'Airbus a prévenu les salariés que des plans de réductions de coûts seraient nécessaires pour survivre. La trésorerie chute drastiquement et, après la réduction d'un tiers des cadences déjà décidée, une nouvelle évaluation du niveau de production à maintenir sera précisée d'ici deux à trois mois.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Christinne Muschi)

"La survie d'Airbus est en jeu". Le patron du groupe aéronautique et de défense européen n'y est pas allé par quatre chemins pour résumer aux salariés la situation à laquelle le groupe est confronté.

"Il s'agit d'une crise mondiale d'une magnitude jamais connue par notre génération. Malheureusement, l'industrie aéronautique se relèvera beaucoup plus faible et plus vulnérable qu'avant le début de la crise", a-t-il écrit aux salariés du groupe dans un courrier dévoilé par l'agence Reuters que La Tribune s'est également procuré.

Représentant le gros de son activité, sa branche de construction d'avions commerciaux est gravement menacée par la crise sans précédent qui frappe le transport aérien, aujourd'hui quasiment à l'arrêt à cause du Covid-19. À genoux, ne sachant pas si elles seront encore vivantes demain, les compagnies aériennes surveillent leur cash comme le lait sur le feu. L'heure est davantage aux reports de livraisons d'avions et aux annulations de commandes qu'à la réception des avions ou aux prises de commandes. Même quand le trafic reprendra, les compagnies devront se remettre de ce choc sans précédent et prendront du temps avant d'investir comme elles le faisaient jusqu'ici. La reprise sera en effet progressive. Par exemple, Ben Smith, le directeur général d'Air France-KLM, ne prévoit pas un retour de l'activité pré-crise avant 2022. Pour les constructeurs, cela pourrait être encore plus tard.

Lire aussi : Air France-KLM : la dernière copie du plan de sauvetage

Baisse d'un tiers la production

Il y a deux semaines, Airbus a déjà réduit sa production d'un tiers. Mais une baisse supplémentaire pourrait être décidée.

Guillaume Faury a voulu préparer les esprits :

"Nos nouveaux plans de production sur la partie aviation commerciale reflètent la gravité de l'impact de la crise sur nos clients et l'ampleur des risques encourus par Airbus et par nos fournisseurs. Les taux de production de nos avions sont maintenant de 30 à 35% inférieurs à nos plans précédents. En d'autres termes, en seulement quelques semaines, nous avons perdu environ un tiers de notre activité. Oui, un tiers. Et, franchement, nous devons nous préparer à ce que cela puisse encore empirer", écrit-il.

Selon lui, ce nouveau planning de production "restera valable le temps de finaliser notre évaluation de la situation et d'en tirer les conséquences". "Cela prendra probablement entre deux et trois mois", ajoute-t-il.

Vu les perspectives du marché long-courrier, des baisses de cadence supplémentaires de la production de gros-porteurs (A330-A350) sont à attendre. Ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour les sites toulousains de l'avionneur qui regroupent la totalité de la production d'avions long-courriers. La baisse de production devrait être beaucoup moins forte sur la famille A320.

"Airbus pourrait ne pas retrouver le niveau de production qui était le sien en 2019 avant 2024", estime Yan Derocles, analyste chez Oddo BHF.

"La trésorerie diminue à une vitesse sans précédent"

La chute de la production entraîne une chute drastique des recettes alors que les coûts restent élevés malgré la prise en charge dans certains États du chômage partiel.

"Notre trésorerie diminue à une vitesse sans précédent, ce qui peut menacer l'existence même de notre entreprise", déclare Guillaume Faury.

Le groupe a récemment obtenu des lignes de crédit supplémentaires à hauteur de 15 milliards d'euros. Une enveloppe qui "donne la flexibilité et le temps nécessaires pour adapter et redimensionner notre activité", explique Guillaume Faury pour qui il faut "agir de toute urgence pour réduire nos dépenses, rétablir notre équilibre financier et, au final, reprendre le contrôle de notre destin".

Baisse des coûts

Aussi, ce dernier prévient qu'il faudra faire des efforts.

"Nous devrons peut-être aussi prévoir des mesures de plus grande envergure à cause de l'ampleur de cette crise et de sa durée probable [...]. Nous devons absolument réduire nos coûts [...] et considérer toutes les options. La survie d'Airbus est en jeu si nous n'agissons pas maintenant", prévient-il.

La baisse d'activité va de facto générer du sureffectif. Sa pyramide des âges favorable peut néanmoins compenser un impact qui, dans tous les cas, s'annonce très lourd.

Fabrice Gliszczynski

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 11
à écrit le 29/04/2020 à 10:05
Signaler
Airbus se rend compte que la croissance souhaitée dans l aerien est ubuesque? La réalité est qu on vit dans un espace fini sous contrainte et que l homme est un animal quelconque. Avion pollution co2 et inutilité à grande échelle. Ce virus e...

à écrit le 28/04/2020 à 12:29
Signaler
Je trouve le PDG d'Airbus très alarmiste ! Il devrait se réjouir ; plus de pression sur lui ! Avec l'argent magique de la BCE et de l'État français, Airbus ne risque rien ! Des milliards d'euros magiques tombent du ciel et sont distribués aux ...

le 29/04/2020 à 1:47
Signaler
Vous confondez Airbus et l'administration de vos rêves. Si cette société est vraiment aussi idyllique que vous semblez le croire, que n'en faites vous pas partie? De tels propos sont insultants pour tous les compagnons et employés qui contribuent au ...

à écrit le 28/04/2020 à 11:05
Signaler
Ça y est la France prends le chemin des pays du tiers monde ! Le dernier rempart économique va tomber ! Et nous avec malheureusement

à écrit le 28/04/2020 à 10:51
Signaler
Mais comment font ils pour ne pas profiter, malgré cette crise qui touche tout le monde, des déboires de Boeing qui a fait le pire du pire à savoir mettre en vente un avion défectueux ???

le 29/04/2020 à 19:16
Signaler
Le transport aérien est à l'arrêt. Les compagnies suspendent, annulent ou repoussent les acquisitions d'avions neufs, or les vendeurs d'avions sont payés à la livraison. Pour accroitre la crise, les compagnies cessent les locations aux loueurs (qui b...

à écrit le 28/04/2020 à 10:06
Signaler
Pour connaître la manière dont la Chine a dépecé un Airbus A320 pour le copier au profit de son avion commercial, lisez "L'empreinte du Dragon" de Jean Tuan chez C.LC. Editions. Une lecture édifiante et jubilatoire ! Disponible sur amazon.fr et fnac....

à écrit le 28/04/2020 à 9:38
Signaler
Par des alliances on essaie de conserver une personne qui échoué à la tête d'une entreprise.

à écrit le 28/04/2020 à 9:38
Signaler
Par des alliances on essaie de conserver une personne qui échoué à la tête d'une entreprise.

à écrit le 28/04/2020 à 7:31
Signaler
Je crois que c'est mal parti, ils ont interet a se reinventer diversifier fissa. Voiturettes et mobylettes electriques en materiaux composites, constructions modulaires pré équipées, pourquoi pas un peu d'eletromenager... Autrement ça coutera beaucou...

à écrit le 27/04/2020 à 19:04
Signaler
disons que ce qui est inquietant, c'est qu'on sait que les clients ne vont pas se precipiter dans les avions apres deconfinement ca va restreindre les marches!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.