Covid-19 : Thales, qui a pourtant une exposition limitée, souffre beaucoup

Premier groupe du "Big four" de l'aéronautique française à publier ses résultats trimestriels, Thales a souffert de l'impact économique provoqué par la crise du Covid-19. Sur le chiffre d'affaires, il est estimé à 200 millions d'euros. Les résultats du premier trimestre 2020 sont toutefois en partie masqués par la consolidation de Gemalto à partir du 1er avril 2019.
Michel Cabirol
Selon le PDG de Thales, Patrice Caine, au sortir de cette crise sans précédent, Thales pourra s’appuyer sur son positionnement unique : une base de clients solides et diversifiés, une implantation mondiale, et un portefeuille de technologies clés au meilleur niveau scientifique et technique, en particulier dans le digital.
Selon le PDG de Thales, Patrice Caine, "au sortir de cette crise sans précédent, Thales pourra s’appuyer sur son positionnement unique : une base de clients solides et diversifiés, une implantation mondiale, et un portefeuille de technologies clés au meilleur niveau scientifique et technique, en particulier dans le digital". (Crédits : Martin Bureau / AFP)

Facialement, Thales est passé entre les gouttes du Covid-19 au premier trimestre 2020... Mais c'est surtout grâce à la consolidation des activités de Gemalto (à partir du 1er avril 2019) par rapport au premier trimestre 2019. Ce qui lui permet de présenter des résultats honorables. En outre, l'exposition directe aux marchés les plus affectés par la crise du Covid-19 est limitée : les activités dans l'aéronautique civil ne représentent qu'environ 12% du chiffre d'affaires du groupe (2,15 milliards en 2019). Ainsi, dans ce contexte, les prises de commandes ont bondi de 17%, à 2,7 milliards d'euros (- 15% en variation organique) tandis que le chiffre d'affaires a cru de 16% à 3,9 milliards d'euros (- 4,7% en variation organique).

"Le chiffre d'affaires et les prises de commandes du premier trimestre 2020 sont marqués par les premiers impacts de la crise du Covid-19, qui masquent la bonne dynamique des secteurs opérationnels Défense & Sécurité ainsi que Identité et Sécurité Numériques", souligne le PDG de Thales Patrice Caine, cité dans un communiqué sur les résultats du premier trimestre 2020 publié mardi.

Covid-19 : un impact très significatif en 2020

Sur l'impact de la crise sanitaire, le groupe, qui a annulé ses objectifs financiers 2020, reste encore très prudent sur le chiffrage. "A ce stade, il est impossible de quantifier quels seront les impacts financiers de cette crise sur les comptes du groupe. Ces impacts dépendront notamment de l'étendue et de la durée des mesures sanitaires prises par les différents pays où le groupe opère", affirme Thales. Dès qu'il sera en mesure de le faire, Thales précisera les impacts financiers de cette crise sur ses comptes et ajustera ses objectifs financiers, assure-t-il.

Compte tenu des mesures de confinement partiel ou total mises en place dans une grande partie du monde, Thales anticipe toutefois "un impact très significatif sur son activité du deuxième trimestre 2020 et sur ses comptes du premier semestre 2020". Car les mesures mises en place pour limiter la propagation du virus ont un impact significatif sur la production, l'exécution des projets, les approvisionnements et la capacité des clients à prendre livraison des produits et systèmes. D'une manière générale, Patrice Caine a estimé dans une conférence de presse que "le bateau Thales est solide dans cette tempête". A la sortie de la crise, le groupe pourrait rebondir en raison de son positionnement sur des marchés qui répondent "à des demandes sociétales profondes", a-t-il expliqué.

Une seule commande au-dessus de 100 millions

Selon Thales, l'impact des perturbations liées au Covid-19 est estimé à environ 190 millions d'euros sur le premier trimestre : environ 80 millions d'euros liés aux activités d'aéronautique civil et environ 110 millions liés aux autres activités, principalement dus à des retards sur prises de commandes. "Corrigé de cet impact, elles sont en baisse d'environ 8%, reflétant la volatilité naturelle des signatures de grands contrats", précise le groupe. Au cours du trimestre, Thales enregistre une seule grande commande d'un montant supérieur à 100 millions pour l'acquisition par un pays du Moyen-Orient d'un système de surveillance aérienne, contre trois grandes commandes au premier trimestre 2019.

Par division, les prises de commandes des activités aérospatiales, tirées par "une solide dynamique des activités d'avionique sur la période de janvier à mi-mars 2020", sont paradoxalement en hausse de 16%, à 778 millions d'euros (contre 672 millions au premier trimestre 2019). Et ce malgré les effets négatifs induits par la crise du Covid-19. A 156 millions, les prises de commandes du secteur Transport sont en baisse de 37%, après un premier trimestre 2019 dynamique, affectées par des retards dans la finalisation de contrats, précise Thales. A 960 millions (contre 1,3 milliard au premier trimestre 2019), les prises de commandes du secteur Défense & Sécurité sont en forte baisse (-26%). Selon le groupe, cela traduit "la volatilité naturelle des grandes commandes et des décalages de commandes induits par la crise du Covid-19".

Le chiffre d'affaires impacté de 200 millions

Par rapport au premier trimestre 2019, le chiffre d'affaires du premier trimestre 2020 est en baisse de 4,7% à périmètre et taux de change constants. "Corrigé de l'impact estimé des perturbations induites par la crise du Covid-19, le chiffre d'affaires enregistre une légère croissance, en ligne avec les attentes", explique Thales. L'impact de la crise du Covid-19 sur le chiffre d'affaires est estimé à environ à 200 millions d'euros : 60 millions liés aux activités d'aéronautique civil et 140 millions liés aux autres activités, "principalement dus à des pertes d'efficacité dans la production".

Dans le secteur Aérospatial, le chiffre d'affaires s'est élevé à 1,08 milliard, en baisse de 11,9% à périmètre et taux de change constants par rapport au premier trimestre 2019. Cette baisse s'explique par l'impact du Covid-19 sur les activités d'aéronautique civile, et un impact plus réduit sur le reste du secteur, traduisant les premières perturbations en France et en Italie. Le secteur Transport a réalisé un chiffre d'affaires de 347 millions d'euros, en baisse de 13,1% (à périmètre et taux de change constants). La baisse d'activité sur les quatre grandes contrats de signalisation urbaine signés en 2015 et 2016 (Londres, Doha, Dubaï et Hong-Kong) explique la majorité de cette baisse. "En dépit de difficultés ponctuelles d'installations sur site, l'impact de la crise du Covid-19 est modéré sur le trimestre, la majorité des équipes étant basées dans des pays peu affectés par les mesures sanitaires au premier trimestre", souligne le groupe.

Le chiffre d'affaires du secteur Défense & Sécurité atteint 1,72 milliards d'euros, en hausse de 2,4% par rapport au premier trimestre 2019 (à périmètre et taux de change constants). "La croissance de ce secteur est ralentie par une base de comparaison élevée après une année 2019 dynamique, et par les premiers effets des retards de production liés au Covid-19, notamment sur les sites en France", explique Thales. Enfin, le chiffre d'affaires du secteur Identité et Sécurité Numériques a atteint 727 millions, affichant une hausse de 5% par rapport au premier trimestre 2019 pro forma. "L'impact de la crise du Covid-19 est concentré sur les solutions biométriques et les modules IoT, l'impact étant très réduit sur le reste du secteur", précise le groupe.

Michel Cabirol

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Commentaires 8
à écrit le 28/04/2020 à 14:16
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Pas grave. Macron va vendre l'entreprise aux chinois ou aux américains ou aux Allemands, comme Alstom, Nexter, HGH Infrared etc...

à écrit le 28/04/2020 à 11:58
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On achète à grands frais des missions de conseil à Mc Kinsey ... puis on va demander à l'Etat français d'acheter Thales, quel que soit le prix pour le contribuable ... Que la France s'inspire des autres grands pays et abandonne sur le bord de la rou...

le 28/04/2020 à 14:31
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@Frenchy, Thales sous perfusion ? Pouvez-vous détailler ?

le 28/04/2020 à 23:17
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Voys parlez sans savoir, thales n'est pas sous perfusion de deniers publics, une tres grosse partie de son activité n'est pas liée a l'etat francais

le 29/04/2020 à 8:55
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Faux. Thales n'est absolument pas sous perfusion. Au contraire. Elle est très rentable

le 29/04/2020 à 16:06
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Oui comme les néerlandais qui se retrouvent à pleurer quand DCNS postule pour l'appel d'offre des sous-marins au Pays-Bas et à des chances de gagner car ceux-ci sont vexés que leur "champion nationale" a de faible chance de gagné face à une entrepris...

le 30/04/2020 à 0:47
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Sérieux ? C'est de la provoque, allez !!

à écrit le 28/04/2020 à 10:16
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Les limites du "partenariat" public-privé sont plus nombreuses que les avantages mais permettent de rassurer les investisseurs faibles.

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