En 2019, Thales a surfé sur des sommets de rentabilité

Pour la première fois de son histoire, le groupe a enregistré un EBIT supérieur à 2 milliards d'euros. La marge opérationnelle de Thales a atterri à 10,9%.
Michel Cabirol
La robustesse des résultats de 2019 comme ceux enregistrés depuis son arrivée est un peu aussi l'assurance-vie de Patrice Caine à la tête de Thales
La robustesse des résultats de 2019 comme ceux enregistrés depuis son arrivée est un peu aussi l'assurance-vie de Patrice Caine à la tête de Thales (Crédits : Martin Bureau / AFP)

Après une année compliquée en 2019 où les relations avec ses deux principaux actionnaires (Etat et Dassault Aviation) se sont tendues, Thales et son PDG Patrice Caine peuvent enfin tourner mercredi la page. Et de quelle façon ! Grâce à un quatrième trimestre 2019 jugé "assez exceptionnel" (sic), le groupe d'électronique a superformé en termes de commandes (19,1 milliards d'euros, soit un book-to-bill - ratio chiffre d'affaires sur prises de commandes - de 1,04) et de rentabilité en dépassant très légèrement pour la première fois la barre symbolique des 2 milliards d'euros d'EBIT (bénéfice avant intérêts et impôts) à 2,008 milliards (+ 4% en organique).

Ces résultats permettent à la fois à Thales d'enregistrer une marge opérationnelle de 10,9% et, donc, de verser un dividende de 2,65 euros, soit un bond de 27%. Un geste qui devrait être apprécié par tous les actionnaires... Seul bémol à ces résultats robustes, la dette de Thales s'élève à 3,3 milliards d'euros en raison de l'impact d'une nouvelle norme comptable internationale (IFRS 16), qui plombe la trésorerie de Thales de 1,5 milliard d'euros.

Accélération de la croissance à compter de 2021

Pour Patrice Caine, la robustesse des résultats de 2019 comme ceux enregistrés depuis son arrivée est un peu aussi son assurance-vie à la tête de Thales. Et c'est loin d'être terminé car il prévoit même une accélération de la croissance grâce aux investissements digitaux et à l'intégration de Gemalto à compter de 2021 : hausse du chiffre d'affaires entre 3% et 5% en moyenne sur la période 2019-2023 et une marge d'EBIT entre 11,5% et 12% à l'horizon 2023.

Pour 2020, comme d'habitude, le patron de Thales a préféré être prudent dans ses objectifs financiers avec un book-to-bill supérieur à 1, un chiffre d'affaires compris entre 19 milliards et 19,5 milliards d'euros et une marge d'EBIT entre 10,8% et 11%. Mais le contexte international (impact du Coronavirus sur les marchés et la supply chain de Thales, les taxes douanières des Etats-Unis sur Airbus et les déboires du 737 MAX de Boeing) incite le groupe à la prudence. Prudent mais "confiant" en 2020 : "le pipeline est extrêmement solide en particulier dans la défense", a précisé Patrice Caine, qui a rappelé également les actions entreprises "pour être plus performant".

Thales investit dans le futur

Pour autant, ces objectifs financiers ne se font pas au détriment de l'investissement en Recherche et Développement (R&D). "Thales investit dans le futur", a affirmé le PDG de Thales. Il sera supérieur à 4,5 milliards d'euros, dont plus de 1,4 milliard autofinancés, en 2023 (contre 3 milliards d'euros, dont 800 millions autofinancés en 2017). Soit une hausse de 25% de croissance dans la R&D concentrée sur les technologies digitales, quantiques et les innovations de rupture. Si Thales peut investir dans le futur, c'est grâce au free cash-flow opérationnel généré. Fin 2019, il atteignait 1,37 milliard d'euros, en très nette croissance de 69% par rapport à 2018 (811 millions). "Une année exceptionnelle au-dessus de nos attentes", a souligné Patrice Caine, qui surveille cet indicateur comme le lait sur le feu.

Les nouvelles commandes se sont établis en 2019 à 19,1 milliards (+4% à périmètre et taux de change constants). La dynamique commerciale a été particulièrement solide dans le secteur Défense & Sécurité (9,9 milliards d'euros, +17% en variation organique). Le groupe d'électronique a engrangé 21 grandes commandes d'un montant unitaire supérieur à 100 millions d'euros, dont 12 au dernier trimestre, pour un montant total de 4,5 milliards d'euros. Fin décembre 2019, le carnet de commandes consolidé s'élevait à 33,8 milliards d'euros. Soit près de deux ans d'activité.

Michel Cabirol

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Commentaires 2
à écrit le 27/02/2020 à 0:31
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Et pendant ce temps là, on coupe tous les budgets, on bloque les recrutements, on ne distribue qu'une toute petit prime macron à un petit nombre de salarié, c'est sûr que Patrice Caine mais c'est aux dépends des salariés...

à écrit le 26/02/2020 à 19:43
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Le bénéfice de Thalès se fait sur des charnier un peu partout sur la planète. Et malheureusement pour les gens normaux, les perspectives des marchands de mort sont florissantes.

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