C'est la bonne nouvelle pour Daher et ses salariés. Mais le prêt garanti par l'État (PGE) d'un montant de 170 millions d'euros ne va pas changer le redimensionnement contraint de l'équipementier aéronautique (80% de son activité) impacté de plein fouet par la crise très violente qui touche le transport aérien, et, par ricochet, la filière aéronautique à la suite du Covid-19. La direction de l'équipementier aéronautique a confirmé mardi lors comité social et économique central (CSEC) la suppression de 1.300 contrats à durée indéterminée (CDI) et des 2.000 emplois intérimaires au sein de Daher. La plupart des intérimaires ont déjà quitté l'entreprise, qui avait réalisé 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2019. Un CSE se tiendra le 25 juin.
Obtenu auprès du pool historique de partenaires bancaires de Daher (Société Générale, LCL, Natixis, BNP, HSBC France, J.P. Morgan et Banque Européenne du Crédit Mutuel), le PGE permettra "de sécuriser les besoins en trésorerie du groupe et la mise en œuvre de son plan de transformation pour se positionner comme un acteur de référence sur ses marchés au moment de la reprise", a expliqué Daher dans un communiqué. Il permettra également de minimiser l'impact de la crise. "La stratégie long terme de Daher et la stabilité de son actionnariat (87% pour la famille Daher et 12,5% pour Bpifrance 12,5%, ndlr) ont toujours été attrayants pour nos partenaires financiers", a précisé le directeur général de Daher, Didier Kayat.
Les sites de la région Ouest, Centre et Occitanie touchés
Les salariés attendent désormais de savoir quels seront les sites impactés par cette restructuration. Mais d'ores et déjà des menaces pèsent sur les usines de l'Ouest (Saint-Aignan-Grandlieu, Malville) du Centre et d'Occitanie. Le site de Saint-Julien-de-Chédon (Centre), qui emploie 350 CDI environ, pourrait être cédé, explique-t-on à La Tribune. Les syndicats craignent également que le plan d'Airbus, qui pourrait être annoncé début juillet et qui pourrait ré-internaliser de l'activité aux dépens de ses sous-traitants, ne contraigne la direction de Daher à renforcer un peu plus son plan de restructuration. A Tarbes (aérostructure et TBM), les petits mono-turbopropulseurs de la famille TBM (TBM 910 et TBM 940) résistent relativement bien. Daher prévoit la livraison entre 35 et 38 appareils en 2020 (contre 48 en 2019).
En revanche, les organisations syndicales fondent des espoirs dans la négociation tripartite entre le ministère du Travail, les syndicats et le patronat dans le nouvel outil ARME (Activité réduite pour le maintien dans l'emploi) pour minimiser les impacts sur l'emploi chez Daher. Il doit permettre une réduction du temps de travail, compensée en partie par l'État. Concrètement, les entreprises pourront "diminuer par accord avec les organisations syndicales le temps de travail, faire de la modération salariale, à condition de maintenir totalement l'emploi, avec une aide de l'État qui viendra en complément pour rattraper une partie de la perte du pouvoir d'achat", avait expliqué la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
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