Moins d'un an après son arrivée à la Maison Blanche, Joseph Robinette Biden Jr., dit Joe Biden, a déjà fait perdre aux industriels de l'armement français plusieurs milliards d'euros. En Suisse fin juin, puis en Australie en septembre. Plus de 7 milliards d'euros à Dassault Aviation (5,5 milliards) et Eurosam (MBDA et Thales) en Suisse (Rafale et système de défense aérien SAMP/T) et entre 8 et 12 milliards à Naval Group en Australie (12 sous-marins à propulsion classique). A l'image de Barack Obama, les présidents des États-Unis démocrates, qui bénéficient toujours d'une très bonne cote de popularité auprès des Français, ne font aucun cadeau à la France. Bien au contraire.
Le Blitzkrieg américain en Suisse
En Suisse, le Rafale est resté longtemps favori dans la compétition, qui l'opposait au F-35 de Lockheed Martin, au F/A 18 de Boeing et à l'Eurofighter porté par le consortium éponyme (BAE Systems, Airbus et Leonardo). Jusqu'à ce que Joe Biden rencontre mi-juin à Genève le président suisse Guy Parmelin en marge d'un sommet entre les Etats-Unis et la Russie. Après la visite du président américain, le F-35 est subitement devenu le favori de la Suisse, selon la presse helvétique. Le camp français constate également un retour en force très brutal des Etats-Unis dans cette compétition qu'ils ne souhaitent plus vraiment perdre face à Dassault Aviation.
Il y a eu donc un avant et un après assez troublant. D'autant que le 30 juin, la Suisse sélectionne le F-35 en dépit d'une très grosse opposition dans la Confédération, et le Patriot. "La machine de guerre américaine est en mouvement", expliquait alors à La Tribune un observateur de cette compétition. Et l'administration américaine en connait un rayon pour exercer des pressions indicibles, via notamment les lois extraterritoriales américaine, pour faire pencher la balance du bon côté. De son côté.
Le partenariat stratégique qui éjecte la France d'Australie
Depuis sept ans environ, la France, puissance dans l'Indopacifique (près de 2 millions de ressortissants français) avait patiemment et suffisamment donné des gages pour donner confiance à l'Australie. Paris et Canberra avaient signé un partenariat stratégique appelé Strategic partnering agreement (SPA) qui devait verrouiller une bonne fois pour toute le contrat portant sur l'achat par Canberra de douze sous-marins à propulsion conventionnelle construit par le groupe naval français pour un montant total de 50 milliard de dollars australiens (31,2 milliards d'euros), puis réévalué à 89 milliards de dollars australiens. Une somme qui recouvrait aussi bien la construction du chantier naval à Adélaïde que les sous-marins (Naval Group) et leur système de combat (Lockheed Martin).
Depuis deux ans, le programme, qui faisait l'objet d'une guerre informationnelle, passait par des hauts et des bas entre Paris et Canberra. Jusqu'à ce que les Etats-Unis proposent discrètement à la Grande-Bretagne et l'Australie un partenariat "historique" de sécurité dans la zone indopacifique, baptisé "AUKUS". Ignoré jusqu'au dernier moment par la France, ce pacte anglo-saxon torpille le contrat de sous-marins de Naval Group et éjecte Paris d'Australie. Naval Group voit donc s'envoler entre 8 et 12 milliards d'euros de chiffre d'affaires et la France est reléguée en deuxième division en Indopacifique face à AUKUS. Merci qui ? Merci, Joe Biden qui dynamite, disperse, ventile les ambitions françaises.
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