L'aéronautique est le moteur de la croissance de Daher

Année 2015 historique pour l'équipementier centenaire. En revanche, le PDG du groupe prévoit un tassement de son activité en 2016 et 2017 en raison d'une transition entre les anciens et les nouveaux programmes dans l'aéronautique.
Michel Cabirol
L'aéronautique a été le moteur de la croissance de Daher en 2015

Année historique pour Daher. Pour la première fois de son histoire, l'équipementier, présent dans l'aéronautique (80% du chiffre d'affaires) et l'énergie, a annoncé un chiffre d'affaires qui dépasse le milliard d'euros (1,04 milliard d'euros en 2015). Soit une croissance de 7%. Le carnet de commandes de Daher, qui a la particularité de mixer des activités industrielles et de services (50-50), s'est envolé également l'année dernière (+ 11%) et s'est élevé à 3,6 milliards d'euros. Une belle année qui lui a permis d'embaucher au total 599 personnes en CDI en 2015.

Ce carnet de commande donne à Daher "une très, très grande visibilité", a souligné ce mercredi lors de la présentation des résultats du groupe, le PDG Patrick Daher, qui va laisser à compter du 1er avril les commandes de l'entreprise familiale centenaire à Didier Kayat, nommé directeur général. A long terme, le groupe vise un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros. L'équipementier veut également participer à la consolidation du secteur de l'aérostructure. Pour l'heure, les valorisations (25 fois l'Ebitda, selon les dirigeants de Daher) ne semblent pas raisonnables à la direction du groupe.

L'aéronautique moteur de la croissance de Daher

C'est l'aéronautique qui a propulsé Daher au-delà du milliard d'euros de chiffre d'affaires. Ainsi, les activités d'aérostructures (fuselages, environnement moteur...) ont enregistré une très belle croissance de 9,8 % tandis que les avions d'affaires léger ont affiché une augmentation de 9 %. Daher produit notamment des trappes de train d'atterrissage pour l'A350-1000, la plus grande version actuelle du nouveau long-courrier d'Airbus, et participe au programme du moteur LEAP 1B de CFM International (Safran -General Electric ) destiné au 737 MAX.

L'équipementier, qui a signé quatre contrats en 2015 et 2016 avec Gulfstream (G500, G600 et G650..), espère être sélectionné par Boeing, avec qui il est en discussion pour fournir des pièces d'aérotructures en thermoplastique, qui apportent une réduction de 20% en poids en moyenne. Le constructeur américain, qui est en train de requalifier et revoir sa chaine de sous-traitance, est en discussion depuis deux ans avec Daher pour l'intégrer éventuellement dans sa liste de fournisseurs. Un contrat avec Boeing pourrait être le déclic pour l'entreprise marseillaise d'installer enfin une usine aux États-Unis pour faire du "Make in USA".

En outre, le cinquième constructeur français basé à Tarbes, qui fabrique des petits turbopropulseurs a réalisé sa deuxième meilleure année de son histoire. Il a livré l'année dernière 55 appareils, ses TBM 900. Ce nouveau modèle a très bien été accueilli par le marché de l'aviation d'affaires en dépit des turbulences actuelles, notamment aux États-Unis (80% des ventes de Daher). En 2016, Daher prévoit déjà de dépasser à nouveau les 50 livraisons de TBM 900.

En revanche, Daher a souffert sur le marché de l'énergie (- 9%), et plus particulièrement sur le marché de l'oil&gas. Le secteur Energie (nucléaire et oil&gas) représente environ 20% du chiffre d'affaires de Daher. En outre, ce marché plombe actuellement les constructeurs d'hélicoptères, dont Airbus qui travaille beaucoup avec Daher. L'entreprise a toutefois décidé de poursuivre ses investissements dans les marchés de l'énergie pour accompagner la reprise après 2018.

Pression sur les prix

En dépit des très bons résultats, Patrick Daher n'affiche pas un optimisme béat sur le marché aéronautique à court terme. L'équipementier, qui fournit notamment Airbus, s'attend à un tassement de son activité en 2016 et 2017. Les montées de cadence prévues par les avionneurs vont vraiment démarrer qu'à partir de 2018 pour Daher. Airbus et Boeing prévoient d'augmenter fortement la production de leurs monocouloirs respectifs, l'A320 et le 737, sur fond de transition vers leurs versions remotorisées, l'A320neo et le 737MAX. Les deux rivaux accélèrent en outre la cadence sur leurs long-courriers - l'A350 européen et le 787 américain.

Les équipementiers aéronautiques devraient en outre subir des pressions sur les prix dans la décennie à venir en raison de l'absence d'avion entièrement nouveau, a en outre indiqué mercredi Patrick Daher. "Les compagnies aériennes ne vont plus se battre sur les nouveautés mais sur le prix (...) et notre secteur économique va connaître de très grandes pressions sur les prix pendant les dix ans qui viennent", a-t-il expliqué. "Les équipementiers vont devoir suivre le rythme" demandé par les maîtres d'oeuvre qui exigent entre 10% et 20% de baisse de prix, a-t-il précisé. "Nous n'avons pas le choix".

"Si les équipementiers faisaient 10% à 20% de marges, cela se saurait", a fait valoir Didier Kayat. C'est donc pour cela que Daher s'est lancé depuis 2012 dans une profonde transformation de son organisation industrielle, en investissant entre autre dans la robotisation, pour gagner en compétitivité. En revanche, Patrick Daher a considéré que le rythme de baisse des prix exigé par les avionneurs n'était "pas toujours raisonnable".

Michel Cabirol

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