L'armée de Terre devrait finalement recevoir le drone SDT (Patroller) début 2022 et non plus fin 2021. Safran "s'engage" désormais à livrer un premier système (cinq vecteurs et deux stations sol par système) au cours du "premier semestre 2022", explique-t-on à La Tribune. L'armée de Terre, qui regrette de ne pas disposer de cette capacité précieuse au Mali dans le cadre de l'opération Barkhane, n'est plus désormais à six mois près, explique-t-elle. Ce qu'elle veut, c'est disposer d'un produit fiable et sûr. "Les opérateurs doivent avoir une totale confiance dans leur matériel", avait martelé dans une interview accordée à La Tribune, le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Thierry Burkhard.
"Safran a identifié ce qui s'était passé. (...) Ce dont l'armée de Terre a besoin, c'est de réceptionner et de mettre en œuvre un matériel sûr et fiable. L'arrivée de ces drones constitue un défi important pour l'armée de Terre", avait-il souligné à La Tribune.
Selon des sources concordantes, le système de commandes de vol de fabrication américaine (Flight Control systems) a buggé. Ce qui a provoqué le crash en 2019 d'un SDT en cours de livraison à l'armée de Terre. "Ce sont des lignes de logiciel mal écrites", explique-t-on à La Tribune. Résultat, Safran est en train de "vérifier ligne par ligne" le logiciel mis en cause. "Nous avons parfaitement compris tout ce qui s'est passé lors de l'événement de la fin de l'année 2019, notamment la problématique du calculateur de commandes de vol américain, avait expliqué le directeur général de Safran, Olivier Andriès lors de la présentation des résultats 2020 de Safran. Une situation d'autant plus rageante que Safran a proposé vainement au ministère des Armées de développer un système de commandes de vol français dans le cadre du plan de relance. Ce qui aurait permis en outre de désitariser le Patroller à l'exportation (ITAR free).
L'armée de Terre s'entraine sur le simulateur de Safran
En attendant de recevoir son premier système, les pilotes de drones du 61e régiment d'artillerie de Chaumont "squattent" le simulateur SDT de Safran, pour garder la main et maintenir leurs compétences. "Cela ne nous coûte rien", explique-t-on au sein de l'armée de Terre. Elle devrait également disposer cet été d'un simulateur livré à Chaumont. Un achat qui ne coûtera rien non plus au budget de l'armée de Terre, qui reste toutefois très irritée par ces retards, elle qui souhaitait engager d'emblée le SDT armé d'une roquette guidée laser sur Barkhane. "On ne cache pas à l'industriel notre agacement sur le retard et en particulier pour des raisons opérationnelles", précise-t-on à La Tribune.
Chipé in extremis à Thales en 2016, ce programme destiné à l'armée de Terre a déjà beaucoup pris de retard. Deux systèmes (cinq vecteurs et deux stations sol par système) devaient être déjà livrés, l'un en 2019, puis le suivant en 2020. Mais fin 2019, au cours d'un vol d'essai en vue de sa livraison à l'armée de Terre, un drone tactique Patroller, opéré par les équipes de Safran Electronics & Defense, s'est écrasé. Le Patroller devait enfin décoller cette année. Ce ne sera pas encore le cas. Et l'armée de Terre n'est peut-être pas au bout de son attente. Le SDT doit encore être certifié par la DGAC pour voler. Ce qui en fera le premier drone militaire au monde certifié.
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