La constellation Iridium NEXT, une success-story technologique... et financière

Iridium Communications déploie sa nouvelle constellation Iridium NEXT. Un succès technologique qui doit beaucoup à Thales Alenia Space.
Michel Cabirol
La nouvelle constellation Iridium NEXT devrait être complètement déployée mi-2018.

Pour la constellation Iridium NEXT, la success-story se poursuit. "On déploie actuellement la plus grande constellation du monde et ça marche", confirme le patron des activités télécoms de Thales Alenia Space (TAS) Bertrand Maureau. Sur les dix nouveaux satellites de la constellation Iridium NEXT développés et fabriqués par TAS, puis mis sur orbite par SpaceX le 14 janvier dernier, huit d'entre eux vont être déclarés bon pour le service dès la mi-avril. Ces huit satellites déjà connectés les uns aux autres vont en remplacer onze de l'ancienne génération. Les deux derniers satellites, qui étaient en attente, vont être envoyés finalement sur un autre plan orbital. Ils seront mis en service opérationnel dans une dizaine de mois.

"Trois mois après le lancement de Falcon 9, nous n'avons décelé aucune anomalie sur les dix satellites, se félicite Denis Allard, patron du programme Iridium NEXT chez TAS. Les performances des trois premiers satellites de nouvelle génération en opération sont par ailleurs bien meilleures que les satellites de première génération. Le client est extrêmement satisfait".

Après 20 jours de tests, chaque satellite validé s'est très bien inséré dans la constellation existante Block One aujourd'hui en fin de vie. Leur intégration n'a provoqué aucune interruption de service pour Iridium Communications. C'était l'un des principaux défis techniques de TAS de fabriquer des satellites compatibles avec Block One. Pari tenu pour TAS. Le déploiement des nouveaux satellites est donc l'une des grandes fiertés du fabricant tricolore. "Iridium NEXT se déploie bien, ce qui crédibilise TAS comme champion du monde des constellations", estime ainsi Bertrand Maureau. Outre Iridium NEXT, TAS est l'un des rares constructeurs de satellites à avoir déjà déployé deux autre constellations, Globalstar SG et O3b.

Un  satellite produit par semaine

Thales Alenia Space, maître d'œuvre du système et son sous-traitant pour la production, Orbital ATK, ont participé de bout en bout au développement du d'Iridium NEXT, depuis la conception et la fabrication des satellites jusqu'à la gestion d'une chaîne de production de 18 stations à la pointe de la technologie. Actuellement, l'usine d'assemblage de Phoenix dans l'Arizona sort un satellite de 860 kg au décollage par semaine, soit 10 tous les deux mois environ. L'usine fonctionne en 3X8 quatre jours sur sept. "Un de nos défis était de réussir à assembler des satellites à une cadence atypique jamais vue dans le spatial et de maîtriser un parc de sous-traitants majeurs comme Orbital et Lockheed Martin", explique Bertrand Maureau.

Si les débuts ont été difficiles à Phoenix pour TAS, le retard a été depuis rattrapé. "Je n'aurais pas rêvé mieux, résume Denis Allard. Nous sommes même un peu en avance". Orbital ATK est en train d'intégrer le 50ème satellite. La production de la constellation devrait être achevée avant la fin de cette année, compte tenu qu'une quarantaine de satellites ont déjà été fabriqués et 28 sont actuellement stockés en attente des lancements. Ainsi, TAS, qui a 18 salariés à Phoenix (100 personnes pour Orbital environ), a déjà produit les satellites pour les trois prochains vols de Falcon 9.

Une signature que Thales a voulu cacher

Signé le 1er juin 2010 puis annoncé le 2 juin à l'ouverture de la séance du Nasdaq, ce méga-contrat garanti par la Coface représentait pour Thales la construction de 81 satellites de télécoms en orbite basse pour un montant de 2,2 milliards de dollars (1,7 milliard d'euros). Soit 50% de la charge industrielle du programme. Thales a toutefois tenté de rester le plus discret possible à l'époque sur la signature de cette méga-commande. "On ne communique pas", avait intimé la direction de Thales à TAS. Pourquoi une telle discrétion? L'obtention de contrats n'était pas la priorité de la direction du groupe qui était alors en plein effort de redressement. Ce qui a fait enrager beaucoup, beaucoup de cadres. Mais un contrat de cette envergure ne pouvait évidemment pas passer inaperçu...

Les deux premiers satellites devaient être mis sur orbite par le lanceur russe Dniepr depuis la base de Yasni. Puis le reste par grappes de dix à bord du Falcon 9 de SpaceX depuis la base militaire américaine de Vandenberg. C'était un vrai pari pour Iridium Communications. Car SpaceX était à l'époque un jeune trublion dans les services de lancements. D'ailleurs le premier lancement a été annulé en raison... d'un veto russe. Iridium Communications a pris la décision de passer directement à un premier lancement SpaceX de dix satellites. Soit un contrat total d'une valeur de 468,1 millions de dollars pour SpaceX (66,87 millions par lancement).

Plus de six ans après, le premier vol a eu lieu le 14 janvier dernier et le déploiement des dix satellites a été un succès, a estimé Iridium Communications, qui a investi 3 milliards de dollars au total dans ce programme. le calendrier de lancements semble très agressif. Car le prochain lancement d'Iridium NEXT par SpaceX est prévu le 17 juin de Vandenberg. Puis trois autres vols sont prévus mi-août, mi-octobre et enfin mi-décembre si SpaceX, qui a un manifeste déjà très chargé, tient la cadence. Soit un lancement tous les deux mois d'ici à la fin de l'année. Au total, 50 satellites d'Iridium NEXT pourraient être mis en orbite en 2017. La nouvelle constellation devrait être complètement déployée mi-2018.

Une maillage mondial

Le système de satellite en orbite basse (LEO) Iridium NEXT permet d'offrir une connectivité mondiale grâce à 66 satellites exploités sur six plans inclinés (11 satellites par plan). Outre les 66 satellites en orbite à une altitude de 780 km, six autres sont positionnés en orbite de parking et neuf autres sont des satellites de rechanges. Complètement indépendant de tout réseau terrestre, ce réseau mondial en orbite terrestre basse fournit ainsi à Iridium Communications une capacité pour des communications en mouvement (personnes, véhicules, avions, bateaux), qui fonctionnent dans le monde entier avec une couverture universelle, y compris sur tous les océans.

Les liaisons inter-satellite (bande Ka), qui sont sécurisées, permettent d'acheminer la voix ou des données autour de la terre à plusieurs passerelles terrestre ou vers des utilisateurs mobile. Un tel système offre un faible temps de latence dans le monde entier. C'était aussi l'un des défis techniques de Thales Alenia Space, qui a développé des antennes actives pour digitaliser les satellites. Ce qui permet de reconfigurer les capacités des satellites. Soit une technologie dite du futur intégrée déjà il y a près de six ans dans le design des satellites.

Et ça marche. Et même très bien pour Iridium Communications, qui s'est imposé sur des marchés en croissance (machine-to-machine - M2M -, maritime, aviation et gouvernement américain). En 2016, la croissance du chiffre d'affaires s'est d'ailleurs élevée à 5 % (433,6 millions de dollars) alors que l'EBITDA opérationnel a atteint 254.2 millions de dollars. En 2017, la société basée en Virginie vise un EBITDA opérationnel compris entre 255 millions et 265 millions de dollars ainsi qu'un chiffre d'affaire en croissance de 3 % à 5 %. Ce qui ferait rêver n'importe quel groupe, start-up comprises...

Michel Cabirol

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Commentaires 4
à écrit le 06/04/2017 à 22:53
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Iridium.. la constellation lancée par motorola dans les années 90, qui devait coûter 4 milliards de dollars et qui en a coûté plus de 7, un désastre technologique (les premiers terminaux n'arrivaient pas à établir la connection) et financier qui a am...

le 07/04/2017 à 13:04
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Ça c'est le passé... Le présent est lucratif et le futur sera encore plus lucratif. Il est temps pour vous de vous tourner vers le futur. Iridium au vu des résultats d'Iridium NEXT est très prometteur sans être sous perfusion d'argent public.

à écrit le 06/04/2017 à 15:33
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En français, digital, c'est ce qui a rapport avec les doigts. En anglais, digital, c'est ce qui a rapport avec la numérisation. En traduit donc digital en numérique, sinon on parle d'activités manuelles, ce qui est un contre-sens assez savoureux....

le 07/04/2017 à 13:06
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Jaloux... Travaillez-vous pour Airbus? Vous n'avez pas encore eu un article favorable dans la presse...

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