La folle croissance des dépenses de sécurité stoppée net par le Covid-19 en 2020

Si l'année 2020 a été l'année de la panne pour le marché de la sécurité mondial, 2021 devrait être l'année de la reprise. Avec des segments de marché en très forte hausse comme la cybersécurité, le contrôle d'accès et l'authentification, les drones et la robotique et, enfin, la gestion des crises.
Michel Cabirol
Au salon Milipol 2021, les drones seront très présents
Au salon Milipol 2021, les drones seront très présents (Crédits : Reuters)

Il n'y avait qu'une pandémie mondiale inédite telle que le Covid-19 pour arrêter la folle croissance des dépenses de sécurité dans le monde (sécurité intérieure des États, cybersécurité, sécurité électronique et physique, surveillance humaine...). Cette crise sanitaire a donc provoqué une baisse sans précédent de ce marché depuis la Seconde Guerre Mondiale à l'échelle de la planète (- 3% en 2020 après une croissance de 6,7% en 2019). Soit 605 milliards d'euros de chiffre d'affaires générés essentiellement par l'achat de systèmes de sécurité par les entreprises (2/3) ainsi que par les États (1/4), qui représente près de 150 milliards d'euros.

"La baisse de 2020 résulte notamment de l'effondrement de la sûreté aéroportuaire, de la baisse du transport de fonds pénalisé par le développement du commerce en ligne, du report de certains contrats pendant les confinements et de la chute de certaines activités liées au secteur du bâtiment comme la sécurité incendie ou la serrurerie", explique les organisateurs de Milipol.

Toutes les régions du monde ont été plus ou moins affectées par ce recul en 2020, à l'exception de l'Asie/Moyen orient (+ 2%) : - 4% en Europe, - 1% en Amérique du Nord et - 5% dans le reste du monde. Pour sa part, Milipol devrait encore pâtir des restrictions de voyage dues à la pandémie. Le nombre d'exposants (dont 65% d'étrangers) n'atteindra pas comme en 2019 (1.089 exposants venus de 55 pays), la barre des 1.000 exposants en raison de l'absence des exposants chinois. Plus de 30.000 visiteurs (contre plus de 31.000 en 2019) ainsi que 170 délégations étrangères, sont attendus cette année. Des chiffres qui illustrent "le signal de la relance", estime le président des salons Milipol et PDG de Civipol, le préfet Yann Jounot, à la Tribune.

Un marché mondial dynamique

Pour autant, le marché mondial de la sécurité reste "extrêmement dynamique", assure Yann Jounot. Selon les organisateurs du salon Milipol, le premier salon mondial de la sécurité, qui a ouvert ce lundi ses portes à Villepinte au nord de Paris, la reprise de la croissance devrait atteindre 7% en 2021 (soit un point de plus que l'économie mondiale) et 6% en 2022 (contre un PIB mondial de +4,9%). Sur les trois prochaines années, les dépenses devraient bondir notamment en matière de cybersécurité (64%), de surveillance, de contrôle d'accès et d'authentification (60%), de drones et de robotique (56%) et de gestion de crise/risques majeur (44%).

Les clés de cette croissance résidera dans la maîtrise de certaines technologies ou applications comme l'Intelligence artificielle (IA), l'internet des objets et la cybersécurité (transformation digitale). Bref, la pandémie n'aura été finalement qu'une pause dans la folle croissance des dépenses de sécurité, notamment dans les trois régions qui pèsent près de 90% du marché : Amérique du Nord (33%), Asie/Moyen Orient (31%) et Europe (25%).

Un marché résilient en France

"En France, le marché de la sécurité a été moins atteint que d'autres secteurs, estime le préfet Jounot. La sûreté aéroportuaire a pour sa part été impactée très fortement avec une chute de 40% en 2020 (ndlr, 324 millions de chiffre d'affaires). Mais la décroissance du secteur du marché de la sécurité a été plus faible en France que celle du PIB". L'an dernier, la filière de la sécurité française (près de 30 milliards d'euros de chiffre d'affaires, dont plus de 50% à l'international), n'a effectivement reculé que de 3,1% (contre une chute du PIB de 8,3%). Toutefois, sur 22 secteurs d'activités analysés par le journal spécialisé dans la sécurité privée, En Toute Sécurité, 17 sont en décroissance.

En dépit de la crise, certains secteurs ont poursuivi leur croissance comme la cybersécurité qui a affiché une croissance de 4,8% (4,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires). "Les perspectives 2021 se présentent sous de très bons augures avec une prévision de croissance de 9,7% suite aux nombreuses cyberattaques durant les confinements liées au développement exponentiel du télétravail", analyse le journal En Toute Sécurité. C'est aussi le cas des drones de surveillance (+5,8%). Le marché a atteint 93,4 millions d'euros de chiffre d'affaires (contre 88,3 millions en 2019 et 79,8 millions en 2018). Soit une croissance divisée par deux en 2020. Les prévisions de croissance s'élève pour 2021 à 7,8%.

En revanche, les dépenses consacrées à la sécurité intérieure de l'État (gestion des identités, protection des frontières, matériels de détection de produits dangereux, équipements de maintien de l'ordre, fabrication de vêtements NRBC, etc.) ont subi une chute de 8,6% (3,6 milliards d'euros), ce qui a illustré clairement les nouvelles priorités des pouvoirs publics pendant la pandémie. Une reprise de la croissance est attendue en 2021 (+5%). A l'image de la sûreté aéroportuaire, la protection rapprochée s'est pris lui aussi une belle claque (-30,6%) en raison de l'arrêt des déplacements des personnalités politiques, sportives et du monde culturel. Enfin, le transport de fonds a freiné de 10,3%, concurrencé par l'essor du paiement sans contact et de l'e-commerce.

Le plus gros continuent de grossir

Selon Milipol, les dix plus grosses entreprises (plus de 400 millions de chiffre d'affaires) de la profession continuent de conquérir des parts de marché. Si elles ont enregistré une baisse de leur activité de 1,6% (recul de 3,1% de la filière), selon les chiffres publiés dans l'Atlas d'En Toute Sécurité, les leaders à l'image d'Idemia, de Thales, d'Airbus Defence & Space, d'Atos, d'Orange ou de Securitas France, contrôlent 33% aujourd'hui du marché total, contre 28% en 2019.

Michel Cabirol

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Commentaires 3
à écrit le 20/10/2021 à 5:28
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Toute cette surveillance n'a pas empeche un fada de foncer sur le trt de la promenade a Nice, mais les vieux aiment le controle.

à écrit le 19/10/2021 à 16:24
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stoppée net par le Covid-19 en 2020, "cybersécurité, sécurité électronique et physique, surveillance humaine." Bonne nouvelle donc, c'est rare

à écrit le 19/10/2021 à 13:33
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"Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux" Benjamin Franklin. L'imposture sécuritaire totale, une surveillance de masse d'abord et avant tout.

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