Le Koweït s'offre pour 1 milliard d'euros 30 Caracal d'Airbus Helicopters

Par Michel Cabirol  |   |  990  mots
Les Caracal sont destinés à l'armée koweïtienne (24) et à la garde nationale du Koweït (6)
Le Koweït achète 30 hélicoptères de transport de type Caracal (H225M) pour 1,1 milliard d'euros à Airbus Helicopters.

Airbus Helicopters peut respirer... L'achat de 30 hélicoptères de transport Caracal par le Koweït est une annonce qui était attendue depuis plusieurs mois par le constructeur de Marignane avec pas mal de fébrilité. Et pour cause. Ce contrat de 1,1 milliard d'euros va apporter une bouffée d'oxygène à l'hélicoptériste européen en manque de grands contrats militaires et off-shore ces dernières années, et donc de charge de travail pour ses usines de Marignane notamment.

Airbus Helicopters est également empêtré par le crash en Norvège de la version civile du Caracal, le H225. L'enquête sur l'accident d'un H225 en Norvège en avril se poursuit et les conséquences financières sont "difficilement prévisibles à ce stade", avait estimé Airbus Group lors de la présentation des résultats semestriels.

Un partenariat de 30 ans avec le Koweït

Le contrat a été signé par le ministère de la Défense koweïtien en présence du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Il prévoit la livraison du premier appareil dans 29 mois et du dernier dans 48 mois. Les appareils seront construits dans l'usine de Marignane. L'accord prévoit également la formation des équipages, des mécaniciens et la maintenance en conditions opérationnelles pendant au moins deux ans.

Ces appareils sont destinés à l'armée koweïtienne (24) et à la garde nationale du Koweït (6). Les Caracal seront utilisés par l'armée koweïtienne essentiellement pour des missions de "Combat search and rescue" (sauvetage de pilotes abattus), de transport et d'appui au sol. Les appareils seront livrés armés de mitrailleuses, un contrat pour l'équipement de missiles anti-navires pourra être négocié ultérieurement.

"Ce contrat s'inscrit dans le cadre d'une relation stratégique entre le Koweït et la France qui s'est bâtie au fil de plus de 30 ans d'engagement de la France aux côtés de l'Émirat notamment lors du conflit qui a suivi l'invasion du Koweït en 1990", a expliqué le ministère de la Défense dans un communiqué publié mardi. La France a par ailleurs toujours un accord de Défense avec le Koweït.

Cité dans le communiqué, Jean-Yves Le Drian a estimé que "le choix du Koweït consacre une nouvelle fois la cohésion de l'Équipe France et la qualité des industries françaises de Défense. Par cette décision, le Koweït renforce encore le partenariat stratégique qui lie nos deux pays depuis plusieurs décennies alors que nous sommes aujourd'hui engagés côte à côte dans la lutte contre Daech en Irak et en Syrie".

Un long cheminement

Les sociétés italienne Agusta et américaine Sikorsky avaient répondu à l'appel d'offres koweïtien lancé en 2013, mais il y avait "du côté koweïtien une claire volonté d'accorder ce contrat à la France, dans le cadre de nos relations institutionnelles" a indiqué une source dans l'entourage du ministre. Une intention de commande avait été annoncée en juin 2015 par l'Élysée, puis confirmée en octobre lors de la visite à Paris du Premier ministre koweïtien, Cheikh Jaber Al Moubarak Al Ahmad Al Sabah. Le contrat avait passé à la fin de cet hiver la dernière étape de son long cheminement administratif, selon nos informations. Il ne manquait plus que le feu vert de l'émir du Koweït, le cheikh Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah. C'est fait.

L'acquisition des Caracal par le Koweït confirme également la confiance des armées étrangères dans des "systèmes français éprouvés sur les théâtres d'opération où les forces armées françaises les utilisent quotidiennement", a expliqué le ministère de la Défense. Avant le Koweït, Airbus Helicopters a vendu plus d'une centaine de Caracal à la France, au Brésil, au Mexique, à la Malaisie et à l'Indonésie (108). Plus particulièrement, les forces armées koweïtiennes sont ou ont déjà été équipées par des hélicoptères d'Airbus tels que les Super Puma, les Puma ou encore les Gazelle. Airbus Helicopters entretient des relations avec l'émirat depuis plus de 40 ans.

Un contrat primordial pour Airbus Helicopters

Ce contrat était primordial pour assurer les charges de travail de 2016 et des deux années suivantes du constructeur de Marignane. Car si aucun grand contrat n'arrivait cette année, la direction d'Airbus Helicopters aurait dû mettre en place un plan B... "Ce contrat renforcera la pérennité des emplois de l'usine de Marignane, qui emploie plus de 8.000 salariés, c'est un bol d'air très significatif pour Marignane", a estimé à l'AFP Jean-Yves Le Drian.

Déjà deux de ses plus grands concurrents ont lancé des plans de restructuration. Le constructeur américain Bell  vient de supprimer en février puis en mai 260 emplois (850 personnes licenciées depuis 2014). En outre, Sikorsky avait annoncé en juin 2015 le départ de 1.400 salariés. Enfin, Airbus Helicopters ne pouvait pas se permettre une nouvelle année blanche commerciale ou presque avec le H225 (2 exemplaires vendus en 2015).

Des résultats en baisse

Au premier semestre 2016, Airbus Helicopters a enregistré 127 commandes nettes (contre 135 au premier semestre 2015). En valeur, la baisse s'élève à 14%. Le constructeur de Marignane a été notamment sélectionné comme fournisseur de services aéronautiques dans le cadre du Système de formation des pilotes militaires du Royaume-Uni (UK Military Flying Training System - UKMFTS) et a également signé un accord avec un consortium chinois en faveur de 100 H135.

Airbus Helicopters a enregistré au premier semestre un chiffre d'affaires en repli de 9 %, à 2,68 milliards d'euros, qui s'explique par un mix moins favorable d'appareils livrés malgré une hausse des livraisons à 163 unités (152 au premier semestre 2015). Enfin, l'EBIT avant éléments non récurrents d'Airbus Helicopters s'est établi à 144 millions d'euros (contre 162 millions d'euros au premier semestre), principalement sous l'effet d'un mix de livraisons moins favorable.