Le lanceur Vega-C ne revolera qu'au quatrième trimestre 2024

Le lanceur italien Vega-C, cloué au sol depuis l'échec de son premier vol commercial en décembre 2022, n'effectuera pas son retour en vol avant le quatrième trimestre 2024, a annoncé l'Agence spatiale européenne.
Michel Cabirol
Le lanceur italien Vega-C ne reviendra en vol qu'au dernier trimestre 2024
Le lanceur italien Vega-C ne reviendra en vol qu'au dernier trimestre 2024 (Crédits : DR)

Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas... L'Agence spatiale européenne (ESA) va de déconvenues en déconvenues en matière de lanceurs entre les retards répétés d'Ariane 6 et les défaillances techniques de Vega-C, dont le deuxième lancement a été un échec total (VV22) en décembre 2022. Et le lanceur italien sous maîtrise d'œuvre d'Avio n'est pas prêt de revoler. Vega-C ne devrait reprendre ses vols qu'au quatrième trimestre 2024, a annoncé lundi l'ESA lors d'une conférence de presse. Le surcoût lié à la remise en vol de Vega-C devrait s'élever à entre 25 et 30 millions d'euros, compris dans le financement de l'ESA voté l'an passé par les États membres, selon le directeur du Transport spatial de l'Agence, Toni Tolker-Nielsen.

L'ESA considère le retour en vol de Vega-C comme « une priorité stratégique pour garantir l'accès indépendant de l'Europe à l'espace ». Sur les six premiers mois de l'année, Arianespace a lancé pour le compte de l'ESA un seul lanceur Ariane 5 en juillet dernier quand l'américain SpaceX effectuait 43 lancements de Falcon 9 - soit près de deux par semaine - et la CASC chinoise 18.

Nouvelle défaillance technique de la tuyère

A la suite de l'échec de décembre 2022, une commission d'enquête indépendante a formulé des recommandations « pour assurer un retour en vol fiable et une exploitation robuste », a expliqué l'ESA. L'une des recommandations était de mettre en œuvre une qualification d'une nouvelle tuyère du lanceur avec un nouveau matériau carbone-carbone différent de celui précédemment utilisé sur Zefiro40, le moteur du deuxième étage du Vega-C. Mais, le 28 juin, un essai de tir statique du moteur Zefiro40 modifié, qui a eu lieu au banc d'essai de Salto di Quirra en Italie, s'est très mal passé. Au cours du test, la tuyère du moteur a subi de nouveaux dommages importants.

Dans ses conclusions dévoilées lundi, la commission d'enquête indépendante affirme que « dans la conception actuelle de la tuyère, la combinaison de la géométrie de l'insert du col et des différentes propriétés thermomécaniques du nouveau matériau, ont provoqué un endommagement progressif d'autres pièces adjacentes de la tuyère et une dégradation progressive conduisant finalement à sa défaillance ».

Le directeur général de l'ESA, Josef Aschbacher, a mis en place une nouvelle commission d'enquête indépendante présidée par l'inspecteur général de l'ESA, Giovanni Colangelo, et composée d'experts du CNES, de l'Agence spatiale italienne (ASI), de l'ESA, d'Arianespace et du monde universitaire pour comprendre la cause de l'anomalie de test et proposer de nouvelles recommandations. La commission d'enquête indépendante a conclu que la conception de la tuyère provoquait « des dommages progressifs aux autres pièces adjacentes de la tuyère et, finalement, une dégradation progressive, conduisant à la défaillance de la tuyère ».

Retour en vol de Vega

La commission d'enquête a donc formulé une nouvelle série de recommandations, notamment la nécessité d'améliorer la conception des tuyères du moteur Zefiro40 et de réaliser deux essais statiques supplémentaires afin d'assurer un retour en vol fiable et une exploitation commerciale robuste de Vega-C. Dans ce cadre, un groupe de travail dirigé par l'ESA et Avio, qui s'engage à mettre en œuvre les recommandations de la commission d'enquête, a été mis en place et commencera à les mettre immédiatement en place. « Nous devons modifier le design » de la tuyère du Zefiro 40, a ainsi résumé le patron d'Avio Giulio Ranzo lors d'une conférence de presse. Une fois de retour en vol, la priorité sera d'assurer la montée en cadence des lancements de Vega-C à un rythme de quatre à cinq par an, a précisé le président d'Arianespace, Stéphane Israël, qui a dans son carnet de commandes 16 lancements de Vega-C.

Avant le retour en vol de Vega-C fin 2024, Arianespace pourra néanmoins opérer les deux derniers lanceurs Vega. Les problèmes observés sur Vega-C ne sont pas liés à ceux observés sur Vega. Ainsi, la prochaine mission (VV23) est prévue vendredi 6 octobre : Vega doit décoller depuis le Centre Spatial Guyanais à Kourou en Guyane française. Le lanceur italien placera les satellites en orbite héliosynchrone et emportera le satellite d'observation de la Terre thaïlandais THEOS-2, le satellite météo taïwanais Formosat-7R/Triton ainsi que dix passagers auxiliaires. Enfin, un autre vol Vega aura lieu au deuxième trimestre 2024.

Michel Cabirol

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Commentaires 3
à écrit le 04/10/2023 à 9:03
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C'était louable de confier l'usinage de la tuyère de Vega à un industriel ukrainien, mais celui-ci n'a pas bien délivré, apparemment. Et comme Ariane 6 est en retard, et qu'il n'y a plus de Soyouz à Kourou, l'Europe ne peut plus lancer de satellite...

à écrit le 03/10/2023 à 12:26
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Il y a autre chose à part le gouvernement qui vole ou va voler ! Bilan, à cause de Poutine( l'excuse fourre tout) , on a plus rien qui va dans l'espace malgré les sommes anglouties à faire de vieux lanceurs one shot. Nous passons par les Américains ...

à écrit le 03/10/2023 à 7:31
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Bonjour, bon ils me semblent que toute cette petite histoire a coûter tres chère... Donc avant de repartir de l'avant, ils me semblent important de tous contrôler.... Souvent le diable se cache dans les détails... D'ailleurs airbus espace je tro...

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