Petits lanceurs spatiaux : le moment de vérité est proche

Quelles sont les start-up de la filière des petits lanceurs qui vont réussir leur examen de passage ? Quels sont les lanceurs qui vont in fine décoller ? Lors de la table ronde "Petits lanceurs : une chance pour l'Europe ?" organisée dans le cadre du Paris Air Forum 2022, le directeur du transport spatial à l'ESA Daniel Neuenschwander, mais aussi Raúl Verdu, directeur du développement commercial de PLD Space, Adrià Argemi, fondateur et PDG de Pangea Aerospace, Josef Fleischmann, cofondateur et directeur des opérations d’Isar Aerospace et Yohann Leroy, président exécutif de Maïa Space ont livré leurs réflexions sur un segment de marché en pleine effervescence. Modérée par Peter DE SELDING
« J'ai vraiment hâte de voir un, deux, quel qu'en soit le nombre, de ces projets (de start-up) arriver à terme au niveau européen. A terme, cela apportera des capacités supplémentaires », indique le directeur du transport spatial à l'Agence spatiale européenne (ESA), Daniel Neuenschwander, en rappelant qu'en 2021, sur les 145 lacements effectués dans le monde, 14 l'ont été avec des micro-lanceurs.
« J'ai vraiment hâte de voir un, deux, quel qu'en soit le nombre, de ces projets (de start-up) arriver à terme au niveau européen. A terme, cela apportera des capacités supplémentaires », indique le directeur du transport spatial à l'Agence spatiale européenne (ESA), Daniel Neuenschwander, en rappelant qu'en 2021, sur les 145 lacements effectués dans le monde, 14 l'ont été avec des micro-lanceurs. (Crédits : La Tribune)

L'effervescence sur le segment des petits lanceurs en Europe produit ses effets avec des vols de démonstration prévus au cours des prochains mois, mais aussi une certaine décantation qui permet au secteur de commencer à se structurer. Les start-up sur la ligne de départ s'appuient sur le soutien financier des institutionnels pour lever des fonds auprès des investisseurs privés, avec l'objectif d'être rentables pour asseoir leur pérennité, sachant que s'il y a beaucoup d'appelées, il y aura peu d'élues. L'objectif pour l'Europe est d'assurer « la continuité » de son accès à l'espace, souligne à l'occasion du Paris Air Forum organisé par La Tribune Daniel Neuenschwander, directeur du transport spatial à l'Agence spatiale européenne (ESA). Pour accompagner ce mouvement, il a mis en place le programme « Boost » pour stimuler les initiatives commerciales de transport spatial.

L'introduction d'Ariane 6 et de Vega C ouvre « un nouveau chapitre » de l'aventure spatiale européenne, mais « j'ai vraiment hâte de voir un, deux, quel qu'en soit le nombre, de ces projets (de start-up) arriver à terme au niveau européen. A terme, cela apportera des capacités supplémentaires », poursuit Daniel Neuenschwander, en rappelant qu'en 2021, sur les 145 lacements effectués dans le monde, 14 l'ont été avec des micro-lanceurs. A cette fin, l'ESA est prêt à « agir en tant que client principal », ce qui permet à ces start-up de lever des fonds supplémentaires dans le privé. L'agence a injecté 40 millions d'euros dans le secteur via « Boost », qui ont permis de débloquer 200 millions d'euros d'investissements privés, « soit un facteur 5 », souligne Daniel Neuenschwander.

Premiers vols attendus pour Isar et PLD Space

« Le fait que l'ESA veuille agir en tant que client principal est un énorme coup de pouce pour les startups », se félicite Josef Fleischmann, directeur des opérations d'ISAR Aerospace. La start-up, née à Munich en 2018, emploie désormais 270 personnes avec un budget de 200 millions d'euros, « ce qui est suffisant pour le développement et les premiers lancements de la fusée », indique-t-il. Le premier aura lieu en Norvège en 2023, depuis un pas de lancement en construction dans le pays scandinave. PLD Space se prépare à un premier vol de démonstration « à la fin de l'année », indique Raúl Verdu, son directeur du développement commercial, pour un vol inaugural en 2024. La compagnie, qui a investit 45 millions d'euros, dont 70% viennent du secteur privé et 30% via des petits contrats de l'ESA. Son ambition à terme est de pouvoir proposer à l'ESA un accès à l'espace comme un service « que l'on peut acheter sur le marché ».

Maïa Space affiche un profil un peu différent, celui d'une entreprise commerciale avec un rôle de démonstrateur technologique pour les lanceurs européens. La start-up, issue d'un spin-off d'ArianeGroup qui demeure son actionnaire de référence, développe et commercialisera « le premier lanceur partiellement réutilisable et éco responsable », indique Yohann Leroy, son président exécutif. Le premier vol est prévu en 2026 depuis Kourou. « Notre objectif est de tirer parti de certaines briques en cours de développement, à savoir le moteur Prometheus et le démonstrateur (de lanceur réutilisable) Themis qui sont développés dans le cadre d'un contrat entre ArianeGroup et l'ESA ».

Preuve de la décantation du secteur, Pangea Aerospace a glissé du segment des micro-lanceur vers celui des moteurs de lanceurs, en développant un moteur économique, fabriqué en 3D et réutilisable, qui permet une poussée accrue de 15% en orbite. « Nous sommes arrivés à la conclusion que nous avions quelque chose de si différent, commençons par ce bloc technologique », explique Adrià Argemi, son PDG fondateur. Il table sur la qualification de son moteur en 2024 et un premier vol d'essai début 2025. A terme, Pangea vise également les lanceurs de taille intermédiaire. Sa vision : la spécialisation des acteurs plutôt que l'intégration verticale, plaide Adrià Argemi, en soulignant que les industries matures s'appuient sur des équipementiers et fournisseurs.

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Commentaire 1
à écrit le 13/06/2022 à 11:34
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