NewSpace : et si Pangea Aerospace révolutionnait le monde des lanceurs

Pangea Aerospace a réussi une première mondiale. Elle a réussi le premier essai à feu d'un moteur-fusée aerospike à refroidissement régénératif d'une poussée de deux tonnes. Fin 2023, elle compte certifier un nouveau moteur d'une poussée de plus de 10 tonnes.
Michel Cabirol
(Crédits : Pangea Aerospace)

Pangea Aerospace risque d'étonner vraiment le monde du spatial. Car le feu a parlé. La start-up basée à Barcelone a réussi une première mondiale que même la NASA n'a pas pu réaliser en son temps. Après deux ans de travaux et de Recherche & Développement (R&D), elle a réussi le premier essai à feu d'un moteur-fusée aerospike à refroidissement régénératif sur le site de Lampoldshausen du DLR (Centre allemand pour l'aéronautique et l'astronautique). Durant cette campagne de tests qui s'est étalée entre octobre et novembre, la poussée de ce moteur baptisé Demo P1 s'est élevée à 2 tonnes durant 160 secondes lors des deux derniers tests d'allumage. Ce démonstrateur permet à Pangea Aerospace de déverrouiller des verrous technologiques liés à l'histoire de ce type de moteur.

"Aucun moteur-fusée aerospike n'a jamais volé dans l'histoire", rappelle à La Tribune le PDG et cofondateur de Pangea Aerospace, Adrià Argemí.

Cette campagne de tests a servi à démontrer que "le moteur est très résistant et est capable de réaliser toutes les missions sans aucun problème", affirme Adrià Argemí. Une performance qui permettra à ce moteur de propulser des mini-lanceurs qui sont actuellement en développement. Cette campagne de tests "visait à démontrer notre process de fabrication du moteur et de son refroidissement", précise de son côté le patron du commerce et cofondateur de Pangea Aerospace, Xavier Llairó. Selon Pangea Aerospace, qui va selon nos informations ouvrir une filiale à Toulouse, il s'agit d'une "avancée majeure dans la propulsion" des lanceurs.

Un moteur aux performances étonnantes

"Pangea Aerospace s'est focalisé notamment sur des technologies, qui peuvent réduire de façon très importante le coût des lancement", fait valoir Adrià Argemí. La start-up promet un moteur-fusée aux performances incroyables si bien sûr les engagements annoncés sont tenus en opérations et à condition de terminer son développement. Ce moteur est 15% plus efficient que les moteurs traditionnels (moteurs en cloche), ultra low-cost (entièrement fabriqué par fabrication additive), vert (MethaLox) et conçu pour être réutilisable. "Le refroidissement régénératif va nous servir aussi pour la rentrée atmosphérique, affirme Xavier Llairó. En outre, ce type de moteur permettrait d'emmener la même charge utile en orbite avec jusqu'à 15% de propergols en moins. Demo P1 sera un moteur qui "permet d'augmenter très considérablement la capacité de charge utile des lanceurs, maximisant ainsi les revenus des fournisseurs de service de lancement", a estimé la start-up dans un communiqué ce mardi.

Pangea Aerospace compte proposer ce moteur sur le marché. Il pourrait voler si une entreprise est intéressée par Demo P1. Dans ce cas-là, la start-up irait jusqu'à la certification de ce moteur ayant une poussée de 2 tonnes. Ce qui n'est pas impossible car Pangea Aerospace a des discussions avec des acheteurs potentiels.

Pourquoi Pangea a réussi son pari

"Ce moteur visait à démontrer qu'on pouvait refroidir ce type de moteur, qui est très compliqué à refroidir, explique Adrià Argemí. C'est pour cela qu'aujourd'hui ce moteur n'est pas utilisé". Un type de moteur que la NASA avait tenté de mettre au point dans les années 90 mais le programme a été finalement abandonné. Comment Pangea Aerospace a-t-il réussi son pari ? La fabrication additive a permis de débloquer certains verrous technologiques liés à ce moteur grâce.

"Pour refroidir ce moteur, on a besoin de canaux de refroidissement très petits, avec des géométries très complexes. Grâce à la fabrication additive et à l'impression 3D métallique, nous sommes capables d'avoir une liberté de conception très grande, notamment pour ces canaux de refroidissement", souligne Xavier Llairó. "Nous, nous avons réussi à le refroidir", s'enthousiasme le PDG de la start-up. En outre, Pangea Aerospace peut proposer des moteurs à des coûts très compétitifs grâce à l'impression 3D.

Les coups d'après : concurrencer ArianeGroup

Pangea Aerospace ne souhaite pas s'arrêter à Demo P1. La start-up est très ambitieuse. A partir des technologies développées sur Demo P1, elle est en train de développer en parallèle pour ses propres besoins un moteur de plus de 10 tonnes de poussée baptisé Arcos. Car elle veut développer son propre lanceur. "Demo P1 a pour objectif de démontrer que Arcos est un moteur possible à développer", explique Adrià Argemí. Si Pangea Aerospace ne souhaite pas communiquer aujourd'hui sur la puissance exacte de la poussée d'Arcos, elle veut le certifier fin 2023. Un calendrier ambitieux mais tenable, selon la start-up barcelonaise. Seule incertitude, les deux fondateurs ne savent pas encore s'ils souhaitent opérer ou pas ce lanceur. Pour réussir ce développement, ils comptent lever dans les six à neuf mois prochains 20 millions d'euros environ.

Enfin, Pangea Aerospace a récemment gagné un petit contrat avec le CNES. Cette étude de faisabilité va leur permettre de voir s'il est possible d'implémenter la technologie et la conception du moteur aerospike sur des moteurs de forte poussée, soit au-delà de 100 tonnes (1 méga Newton de poussée). "Des moteurs qui seraient en compétition dans le futur avec des moteurs de type Prometheus ou Merlin, estime Xavier Llairó. C'est la classe d'Ariane 6 et de Falcon 9 et autres". On n'a pas fini d'entendre parler de Pangea Aerospace.

Michel Cabirol

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Commentaires 3
à écrit le 17/11/2021 à 21:13
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Et quoi gagnent les français de cela?Est-ce que cette entreprize est française?Non Dans chaque situation le citoyen inteligeant/te doit se demander :Qu'est-ce que je gagne de ça?Et si'il/elle gagne quelque chose le prochain question serait Comment ...

à écrit le 16/11/2021 à 20:01
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Que tout nos milliardaires européens investissent massivement dans ce projet. Pas 20 millions mais 100, 200, 500 voir 1 milliard et plus si nécessaire. Au risque de voir la concurrence US de Bezos et Musk (un cowboy des affaires) dépasser ce projet c...

le 17/11/2021 à 2:17
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Qu'ils soit racheté par la France et relocalisé à Vernont avant que les allemands ne s'en emparent et fassent le même coup de pu** qu'avec le Vinci

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