Pourquoi Naval Group est la société la plus solide de son secteur en Europe

Par Michel Cabirol  |   |  794  mots
Naval Group a engrangé 3,7 milliards d'euros de prises de commandes en 2018 (Crédits : STEPHANE MAHE)
Après s'être redressé, Naval Group navigue désormais en tête des chantiers navals militaires en Europe. Le groupe naval a dégagé une marge de 7,4% en 2018.

Naval Group confirme son redressement. Et le résultat est très spectaculaire en 2018 grâce à une revue sévère des programmes. Notamment sur le plan financier. La marge opérationnelle du groupe s'est élevée à 7,4%, pour un résultat opérationnel avant amortissement des écarts d'évaluation (Ebitda) de 265,9 millions d'euros. Soit un bond vertigineux de plus de 170% (contre 98 millions d'euros d'Ebitda pour une marge de 3,1% en 2017). La progression du résultat net (178,2 millions d'euros) est un peu moins vertigineuse mais reste très appréciable (91%). Ce qui est loin d'être le cas pour son rival allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS), qui a affiché un Ebit négatif (128 millions) pour un chiffre d'affaires de 1,3 milliard d'euros.

"Naval Group est la société européenne la plus solide de la filière grâce à à une forte croissance de ses résultats en 2018", a souligné à La Tribune le PDG Hervé Guillou. "On a fait 85 millions de plus de résultats nets qu'en 2017".

Ces résultats portent les fonds propres de Naval Group "à plus de 1 milliard d'euros, renforçant ainsi sa capacité à financer sa croissance future", a expliqué le groupe dans un communiqué publié jeudi. Ainsi, ils ont permis de recruter plus de 1.500 nouveaux personnels en 2018 et Naval Group devrait en embaucher plus de 1.000 en 2019. En outre, Naval Group a réalisé un chiffre d'affaires de 3,6 milliards d'euros (+13%). Il a été porté essentiellement par les grands programmes nationaux, principalement les sous-marins nucléaires d'attaque Barracuda et les FREMM. A l'international, le groupe naval a bénéficié "des bonnes contributions du Brésil et de l'Australie". Dans les services, les programmes de modernisation du porte-avions Charles de Gaulle et l'adaptation au missile M51 du sous-marin nucléaire lanceur d'engin Le Téméraire ont été les principaux contributeurs du chiffre d'affaires.

Un carnet de commandes solide

En dépit de la baisse des prises de commandes, l'année 2018 a été satisfaisante avec un book-to-bill (ratio chiffre d'affaires/commandes) qui est supérieur à 1. Elle aurait pu être meilleure mais les clients peuvent parfois être capricieux (Roumanie) et certaines campagnes peuvent s'étirer dans le temps (Egypte, Emirats Arabes Unis...). Au final, Naval Group a engrangé 3,7 milliards d'euros de commandes (contre 4 milliards d'euros en 2017). Ce qui porte le carnet de commandes à 13,83 milliards d'euros à fin 2018. Les principales notifications dans le domaine des constructions neuves ont concerné des programmes nationaux : sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) Barracuda et frégates multi-missions (FREMM). Dans les services, Naval Group a fait le plein avec la Marine nationale en signant plusieurs contrats de disponibilité pluriannuels (SNLE Le Terrible), frégates FREMM, les SNA et les chasseurs de mines.

A l'international, Naval Group a finalement pu imputer en 2018 le contrat des quatre patrouilleurs hauturiers achetés par la marine argentine en dépit de sa mise en vigueur tardive, le 14 février. Le groupe a également décroché en Australie une tranche de travaux complémentaires au premier contrat signé en 2016 portant sur le programme de sous-marins.

2019, une année internationale?

2019 pourrait être une belle année à l'international. Naval Group devrait signer dans quelques semaines en Australie un contrat portant sur le design des sous-marins d'un montant de 1,5 milliard d'euros, découpé en trois tranches (environ 500 millions en 2019). Il est possible aussi que Naval Group parviennent à achever les négociations aux Emirats Arabes Unis lancées en novembre 2017 (deux corvettes Gowind), en Egypte (deux autres Gowind) voire en Azerbaïdjan (trois patrouilleurs Gowind). En cas de succès, les deux premiers prospects généreraient de la charge pour le site de Lorient. Le groupe naval suivra également avec attention la situation explosive en Roumanie (quatre Gowind) et partira outsider au Brésil (quatre Gowind) et en Belgique (douze chasseurs de mines). Enfin, Naval Group devrait en principe faire partie d'une sélection de deux à trois constructeurs sélectionnés par les Pays-Bas pour la fourniture de quatre sous-marins de type océanique.

En France, l'Etat a déjà confié début 2019 aux Chantiers de l'Atlantique et à Naval Group un contrat de 1,7 milliard d'euros pour la construction de quatre bâtiments ravitailleurs de force (BRF) et de leurs six premières années de maintien en condition opérationnelle (MCO). Pour le groupe naval, ce contrat représente environ 340 millions d'euros (maîtrise d'oeuvre et système de combat). Enfin, il attend pour cette année la notification de la commande du sixième sous-marin Barracuda. Par ailleurs, il prévoit de sortir le premier exemplaire autour du 14 juillet. Des perspectives et un bilan qui font dire à Hervé Guillou que "notre robustesse est durable". D'autant que Naval Group va investir dans l'avenir en portant son effort global d'investissement au-dessus de 400 millions d'euros, dont 200 millions dans la R&D (Recherche et Développement).