Quels industriels pour développer l'avion de combat de 6e génération européen ?

Pour l’Europe, et notamment la France et la Grande-Bretagne, il est temps de se pencher sur l’avion de 6e génération. Dassault et BAE Systems ont déjà embarqué sur le programme FCAS (Futur Combat Air System). Et Airbus ? "Futur avion de combat, quelle stratégie industrielle pour l'Europe?" sera l'un des débats du Paris Air Forum (organisé par La Tribune) qui se tiendra le 21 juin auquel participeront Olivier Andriès, PDG de Safran Engines Aircraft, François Mestre, directeur adjoint de la direction de la Stratégie et chef du SPSA de la DGA, et Pierre-Eric Pommellet, directeur général adjoint en charge des systèmes de mission de défense de Thales.
Michel Cabirol
Dassault Aviation sait conduire un programme à l'échelle européenne, comme en témoigne la réussite du démonstrateur Neuron réalisé avec un budget de 406 millions d'euros et livré à l'heure. Le Neuron a d'ailleurs volé le 4 juin lors du meeting organisé par l'armée de l'air, ce qui est une première mondiale dans l'histoire de l'aéronautique mondiale.

Combien y aura-t-il d'avions de combat européens après le Rafale (Dassault Aviation), l'Eurofighter (BAE Systems, Airbus Group et Leonardo) et le Gripen (Saab) ? Un ou deux? A priori un seul, parce que les coûts de développement sont trop importants pour se lancer seul dans un tel programme. Et quels seront les industriels qui pourront travailler sur cet appareil ? Il faudra très certainement les réunir au sein d'un même consortium pour englober les principaux acteurs de l'industrie de l'aéronautique militaire européenne.

Surtout, il faudra mettre en place une maîtrise d'oeuvre forte, à partager certainement entre les trois grands du secteur (Dassault Aviation, Airbus, BAE Systems) pour ne pas répéter les erreurs des derniers grands programmes européens, à l'image des déboires de l'A400M qui n'en finissent pas. Toutes ces questions vont se poser rapidement aux pays européens, notamment à ceux qui entretiennent une telle industrie. Même si, bien sûr, de nouvelles versions modernisées du Rafale, de l'Eurofighter et du Gripen voleront bien au-delà de 2030.

Des avions de combat dans l'espace?

Le Pdg de Dassault Aviation, Éric Trappier, demande d'ailleurs une mobilisation dès maintenant. "Je vois peu de penseurs préparer le futur", avait-il estimé en juillet 2015 lors d'une audition à l'Assemblée nationale. Selon lui, "un important travail de préparation reste à effectuer, en même temps que les mentalités doivent changer, de façon à être capable de répondre à des questions comme celle de savoir, par exemple, si les avions de combat de demain devront aller dans l'espace".

Deux pays ont déjà pris le leadership en Europe, la France et la Grande-Bretagne. Les deux nations ont célébré en novembre 2014 leurs fiançailles dans le cadre des traités militaires de Lancaster House, conclus entre les deux pays en 2010. Ainsi, Dassault Aviation et BAE Systems, les deux plus grands avionneurs de la vieille Europe, accompagnés par les motoristes Rolls-Royce et Safran et les électroniciens Thales et Selex UK développent le programme franco-britannique FCAS-DP, un futur drone aérien de combat à l'horizon de 2030.

"Aujourd'hui, la France et la Grande-Bretagne décident de préparer ensemble l'avenir de leur aéronautique de combat", avait assuré, en novembre 2014, le PDG de Dassault Aviation.

Ce projet qualifié "d'historique" a déjà trouvé un prolongement aux études industrielles lancées il y a pratiquement deux ans maintenant. Les deux pays ont convenu de lancer la deuxième phase du programme, le développement d'un démonstrateur, évalué à 2 milliards d'euros. En Grande-Bretagne, les partisans d'une politique pro-européenne ont pris le dessus sur ceux qui soutiennent une politique pro-outre-Atlantique. Mais jusqu'à quand ? Personne n'est aujourd'hui en mesure de prévoir ce qui va passer si les partisans du Brexit gagnent le 23 juin...

Que va faire l'Allemagne?

L'Allemagne va-t-elle rejoindre un programme portant sur un futur avion de combat européen ? A priori, la question ne devrait pas se poser, mais développer l'avion de sixième génération avec les Allemands reste encore en suspens. Car Berlin n'a, pour le moment, rien prévu. Ces derniers mois, les Allemands ont toutefois approché les Français pour participer à l'avion de combat du futur. Et des discussions officielles pourraient être lancées dès cet été entre les deux pays. Enfin, que veut Tom Enders, le patron d'Airbus Group, jusqu'ici plutôt intéressé par le programme de drone Male ? À suivre...

En tout cas, Dassault Aviation sait conduire un programme à l'échelle européenne, comme en témoigne la réussite du démonstrateur Neuron réalisé avec un budget de 406 millions d'euros et livré à l'heure. Le Neuron a d'ailleurs volé le 4 juin lors du meeting organisé par l'armée de l'air, ce qui est une première mondiale dans l'histoire de l'aéronautique mondiale. C'est la première fois qu'un appareil furtif contrôlé depuis le sol évoluait en public. Dassault Aviation, comme maître d'oeuvre, a dirigé cinq grands pays partenaires et leurs industriels : l'Italie (Alenia Aermacchi), la Suède (Saab), l'Espagne (Airbus Defence & Space), la Grèce (HAI) et la Suisse (Ruag). Mais il en manquait deux des plus importants en matière d'aviation de combat, la Grande-Bretagne et l'Allemagne...

Michel Cabirol

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Commentaires 11
à écrit le 19/10/2017 à 23:43
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que ce soit eurofighter , l'A400M airbus et BAE ont prouvéd tout sauf qu'ils étaient capable d'assurer une maitrise d’œuvre performante.... par cotnre le RAFALE et le NeuroN ont clairement prouvés la maitrise de Dassault... malheureusement connaissan...

à écrit le 15/06/2016 à 14:11
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A la lecture de ses quelque echange, nous ne somme pas pour le réarmement de l'Allemagne ( ce n'est pas a l'ordre du jour) . Je suis plus favorable a la creation d'une defense commune au niveau Europeen, une armee payer, équiper, entraîner, commander...

à écrit le 14/06/2016 à 11:39
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Bien sûr , il nous faut préparer l'avenir.... Mais la question est de savoir si en Europe nous souhaitons avoir un ou deux prototypes, si nous souhaitons nous retrouver à devoir acheter à un seul producteur et une seul ligne de production.... ( exemp...

à écrit le 14/06/2016 à 9:56
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Avant de penser produit, il faudrait peut-être penser industrie et réorganiser le bazar aéronautique européen. Vous avez cité les différents constructeurs et ça en fait sans doute 4 de trop pour une Europe désunie qui achète du JSF par ailleurs (NL, ...

le 14/06/2016 à 11:46
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Il faut dire que cotée offre, nous n'avons pas vraiment le choix, le Raffale tous comme l'eurofilger sont biréacteur..... Nous n'avons pas d'avion à décollage cours ou verticale.... Cotee gros porteurs militaire le choix et vite fait.... Donc il y a ...

à écrit le 14/06/2016 à 9:50
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Brexit pas un problème Le Brexit (ou pas) n'est pas un soucis pour une coopération industriel. Le Neuron se fait avec la Suisse, avec les Britanniques on a fait le concorde et le Jaguar sans avoir eu besoin de Bruxelles. je dirais même au contrair...

à écrit le 14/06/2016 à 8:05
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L'Allemagne en terme d'armement est un boulet toujours dans l'expectative. L'armée allemande est devenue une armée dans le bricolage pour maintenir à flot ses équipements. Sa politique, jusqu'à maintenant, même si une petite ouverture est entrain de...

le 14/06/2016 à 10:40
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Il n'y a pas que les moyens qui comptent, mais les ressources et les compétences. En cela, la Grande-Bretagne et la France sont mieux placées.

le 14/06/2016 à 15:38
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L'Allemagne se concentre surtout sur la livraison de sous-marins "Dolphin" à Israel. Lesquels sont équipés de missiles de croisière avec têtes nucléaires.

le 14/06/2016 à 16:15
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L'Allemagne....Chaque fois qu'elle a réarmé... ça c'est mal terminé. L'Allemagne d'hier n'est pas celle d'aujourd'hui, mais elle est toujours au milieu de l'Europe, avec les mêmes frontières, les mêmes voisins, les mêmes vieux conflits, les mêmes ra...

le 14/06/2016 à 22:21
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@netrick : des têtes nucléaires de 200 kT selon Wikipedia ! Ne croyez pas à tout ce bourrage de mou. Israël n'a effectué aucun essai nucléaire et on ne "monte" pas une charge de 200 kT sur un missile de croisière sans faire de sérieux tests (pour co...

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