Première leçon de cohabitation pour Hermès

L'assemblée générale d'Hermès, cet après midi à 16h30, se fera pour la première fois en présence des actionnaires de LVMH, qui détiennent 13 % des droits de vote.
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Poignées de main et sourires crispés de rigueur seront ce lundi au rendez-vous de l'assemblée générale d'Hermès. La première depuis la montée de LVMH au capital de la maison, à hauteur de 20,2 %, commencée en octobre dernier. Le leader mondial du luxe devrait être représenté par deux ou trois émissaires. LVMH refuse de donner des noms mais assure qu'ils seront discrets, dans la lignée de la stratégie « pacifiste » mais non « passive » édictée par le pdg, Bernard Arnault, en février dernier. Ouf, le pire a donc été évité.

Il y a dix jours, la représentante de l'association de défense des actionnaires minoritaires, Colette Neuville, avait saisi la justice en référé pour priver les actionnaires familiaux d'Hermès de l'essentiel de leurs droits de vote, arguant que la famille n'avait pas déclaré ses franchissements de seuil lors de la conclusion de leur accord sur la création d'une holding non cotée. Le tribunal de commerce en a pourtant décidé autrement, renvoyant au 12 juillet le référé, devenu ainsi caduc. « Contrairement à la menace brandie par Hermès de prise de contrôle de LVMH sur l'assemblée, Bernard Arnault n'aurait eu que 13 % des droits de vote, contre plus de 20 % pour les actionnaires familiaux », explique à La Tribune Colette Neuville, avant de jurer ne pas être à la solde du leader du luxe mais être toujours mandatée par un fonds Belge et 17 actionnaires individuels suisses. Colette Neuville sera donc présente ce lundi dans la grande salle du Palais de Congrès. « Je rappellerai à Hermès qu'il ne peuvent pas, un jour, plaider le concert pour obtenir une dérogation sur la création d'une holding sans faire d'OPA et, un autre, affirmer qu'ils n'ont jamais agit de concert, afin de ne pas avoir à déclarer leurs franchissements de seuil », continue-t-elle.

Au-delà de la validation du dividende et du renouvellement des membres du conseil de surveillance, cette assemblée générale ne devrait pas accoucher de grandes décisions. Elle assoit cependant le bras de fer de longue durée entre les deux maisons. Hermès a joué la carte de l'apaisement depuis ses bons résultats 2010 présentés en février, confirmés par des ventes en progression de 25,5 % au premier trimestre. Patrick Thomas est gentiment mis sous pression par certains de ses actionnaires familiaux, qui ne sont pas toujours d'accord avec ses prises de parole parfois virulentes contre Bernard Arnault. Nicolas Puech, ainsi que quelques membres Guerrand, moins proches de l'opérationnel d'Hermès, de plus en plus contrôlé par les Dumas, commencent à envisager la collaboration avec le leader mondial du luxe d'un ?il favorable. Dans un entretien publié ce lundi par le Figaro, Bertrand Puech souligne que plusieurs membres de sa famille mais aussi du personnel et de fournisseurs ont été approchés "de façon pernicieuse et peu élégante" : "Il y a des tentatives de déstabilisation des uns, des ponts d'or proposés à d'autres pour qu'ils nous quittent".

De son côté, Bernard Arnault n'a jamais été aussi sûr de sa puissance. Malgré son rachat du joaillier italien Bulgari, valorisé à plus de quatre milliards d'euros, Standard & Poor's vient de relever sa note de crédit long terme, du fait de la capacité du groupe à générer de la trésorerie malgré tout. Son pouvoir s'incarnera bientôt dans deux imposants monuments d'architecture : La Fondation Louis Vuitton dessinée par Frank Gehry dans l'ouest parisien en 2012, et la nouvelle Samaritaine en plein centre, deux ans plus tard. 
 

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