Lait : la compétitivité de la filière française fragilisée par les faibles prix payés aux agriculteurs

La concentration de l’industrie laitière, à l’origine de la paupérisation des producteurs de lait, place paradoxalement la France en tête des pays les plus compétitifs du monde selon une étude de France Agrimer.
Le principal problème posé par la forte compétitivité du lait français est qu'elle met en lumière une distorsion de marché. La rentabilité de la filière s'appuie notamment sur la faiblesse des prix payés aux agriculteurs par les trois plus grands acteurs, ce qui remet sérieusement en question la durabilité du modèle.
Le principal problème posé par la forte compétitivité du lait français est qu'elle met en lumière une distorsion de marché. La rentabilité de la filière s'appuie notamment sur la faiblesse des prix payés aux agriculteurs par les trois plus grands acteurs, ce qui remet sérieusement en question la durabilité du modèle. (Crédits : Stephane Mahe)

La filière du lait en France aurait le plus d'avantages compétitifs que tous les autres pays producteurs, selon une nouvelle étude réalisée par le cabinet de conseil Agrex pour France Agri Mer.

Une affirmation qui peut étonner, tant les producteurs de lait sont à la peine. Les prix de vente de la plupart des lait produits en France ne permettent pas aux éleveurs de rentrer dans leurs frais. Leur détresse est telle que les producteurs laitiers sont les plus touchées par le suicide, comme l'a montré l'étude de la Mutualité sociale agricole en septembre dernier.

Et c'est bien tout le paradoxe de cette situation. Car parmi les atouts de la France relevés par l'étude, la concentration de l'offre laitière aux mains de trois industriels, Lactalis, Sodiaal et Eurial, qui ont poids croissant avec plus 52 % du marché en 2018, est une des raisons de cette forte compétitivité. Cette concentration est aussi à l'origine de la paupérisation des producteurs de lait.

Les Français, premiers consommateurs de produits laitiers au monde

L'étude analyse au total sept caractéristiques des 13 principaux pays producteurs, au sein desquels la France n'est pas un acteur si important, puisqu'elle se place au 5e rang mondial  derrière les États-Unis, l'Inde, le Brésil et l'Allemagne. Mais la filière lait en France est organisée de longue date, ce qui a des conséquences directes sur sa solidité.

Les Français sont les premiers consommateurs de produits laitiers au monde par habitant, la recherche est constante, les contrôles sanitaires rigoureux et la capacité à trouver de nouveaux débouchés est aussi un souci constant. Par ailleurs, les trois grands distributeurs totalisent une douzaine d'implantations dans des pays émergents, ce qui facilite les exportations.

Parmi les autres facteurs concurrentiels, le contrôle de la hausse des prix du foncier et la pluviométrie relativement régulière jouent aussi plutôt en faveur de la France. En revanche, le niveau élevé de la monnaie euro par rapport au reste du monde pénalise la France comme les autres pays européens, Allemagne, Irlande, Pays-Bas, Danemark et Pologne.

Compétitivité du lait français et distorsion de marché

Le diagnostic posé soulève néanmoins des questions quant à la structure du marché qui ne prend en effet pas en compte la qualité de l'offre. Or, la moitié des laits offerts à la consommation par les industriels du lait en France sont des laits appauvris : une partie de leurs composants sont retirés (protéines, matière grasse etc) pour augmenter la rentabilité des industriels, aux dépens de la qualité du produit.

Mais le principal problème posé par cette forte compétitivité du lait français est qu'elle met en lumière une distorsion de marché. La rentabilité de la filière s'appuie notamment sur la faiblesse des prix payés aux agriculteurs par les trois plus grands acteurs, ce qui remet sérieusement en question la durabilité du modèle.

Et pose la question de l'objectif de l'agriculture : faire de l'argent et organiser des filières compétitives, ou nourrir les Européens et aménager le territoire. Des objectifs qui peinent visiblement à cohabiter.

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Par Aline Robert, Euractiv.fr

(Article publié le mercredi 8 janvier 2020 à 9:47 (mis à jour:  11:06)

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Commentaires 21
à écrit le 09/01/2020 à 20:37
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Pas un mot sur la souffrance animale. On ne voit plus une vache dans les prés… Cela vous étonne-t-il pas ? Par contre, on devine une horreur cauchemardesque derrière les murs des hangars que l'on voit partout à la campagne... Des animaux inséminés...

le 10/01/2020 à 10:08
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Il y a encore beaucoup de vaches qui vont au pré. La pâture est la culture la plus présente en France et la première en terme de surface... Les antibiotiques ne sont pas distribuer systématiquement. D’ailleurs, les antibiotiques de 3ème et 4ème gén...

le 10/01/2020 à 10:15
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Ce n'est pas Dieu qui a créée l'Arche de Noé, mais Noé lui-même pour sauver les animaux de la colère de Dieu...

à écrit le 09/01/2020 à 19:03
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bien s'ils sont si competitifs, qu'ils arretent de vendre et france et facent de l'export, ca sera l'epreuve du feu, et souhaitons aux agriculteurs le succes que merite leur travail ( actuellement mal remunere, vu qu'il est de bon aloi de vendre le ...

à écrit le 09/01/2020 à 14:59
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on savait déjà tout ça mais ça reste hallucinant. L'UE, le gouvernement et les hauts fonctionnaires (ceux qui s'attribuent des rentes et des retraites dorées garanties par nos impôts) nous ramènent socialement au temps des pyramides (au moins les pha...

à écrit le 09/01/2020 à 13:51
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Les agriculteurs "d'en bas" devraient sortir de la FNSEA et de la FDSEA ... ... et se démener "très vite" pour se créer un nouveau syndicat indépendant, hors de tout lien avec le pouvoir ; Qu'ils s'intéressent à ce que la majorité massive des f...

le 09/01/2020 à 14:18
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"... et se démener "très vite" pour se créer un nouveau syndicat indépendant, hors de tout lien avec le pouvoir" C'est en effet une excellente idée indispensable, maintenant si déjà vous appartenez à la confédération paysanne, non dénuée d'hypocr...

le 09/01/2020 à 14:47
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@ Citoyen blasé le 09/01/2020 à 14:18 le jour ou la FNSEA sera une coquille vide de 95 % de ses adhérents, les dirigeants de la FNSE ne représenteront plus rien du tout [une petite poignée de bandits accrochés tels des poux], ils se trouveront à ...

le 09/01/2020 à 15:25
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"ABUS DE FONDS PUBLICS" La partie visible de l'iceberg en sommes mais bon il n'y a que comme ça qu'ils ont pu choper Al Capone... "la CFDT CFTC et UNSA. " Là je sais pas je connais pas.

à écrit le 09/01/2020 à 13:43
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@ Aline Robert je partage le fait que l'euro est une monnaie qui plombe notre compétitivité, et vous dites justement : "le niveau élevé de la monnaie euro par rapport au reste du monde pénalise la France comme les autres pays européens, Allemagne, I...

à écrit le 09/01/2020 à 12:03
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Il est sûr qu'en achetant à un prix très faible le lait aux producteurs, le produit travaillé est compétitif pour les industriels français vis à vis de la concurrence mondiale. Cet article est nul dans ses divers aspects. Il est contradictoire sur bi...

à écrit le 09/01/2020 à 12:01
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P.S mais il ne faut pas que cela vous desserve parce que ça fait tellement plaisir à lire: "Or, la moitié des laits offerts à la consommation par les industriels du lait en France sont des laits appauvris" JAMAIS je n'ai lu cette information, ...

le 09/01/2020 à 14:30
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C'est vite dit: à partir du moment ou vous ne prenez pas du lait entier, ce que vous achetez est dit appauvri.

le 09/01/2020 à 14:55
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@ multipseudos: "Mais il faut voir jusqu'où est allée l'agro-industrie dans l'irrespect de la santé humaine et de l'humanité. " Tu veux que je détaille ma phrase peut-être ? Tu me cherches ? Parce que je l'ai vu et entendu moi ce dont vous êt...

le 09/01/2020 à 15:01
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Le lait qui sort des pis est "lourd" à digérer, trop crémeux & riche. Le lait pseudo "entier" ou demi-écrémé, il lui reste un peu de "gras", avec quoi faire le beurre sinon que prélever à la source ? Baratter de la crème, et vendre le reste (les gen...

à écrit le 09/01/2020 à 11:06
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Le problème des agriculteurs, c'est d'abord la FNSEA. C'est tout.

à écrit le 09/01/2020 à 10:29
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La galère des agriculteurs est le fait du gouvernement et de Bruxelles ; Que font les agriculteurs en cette période, ils sont satisfaits d'une promesse d'une retraite de 1 000 € !!! comme stupidité, ya pas mieux !!! Peut-être ne sont-ils pas as...

à écrit le 09/01/2020 à 10:15
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Le bagage législatif est inadapté au fonctionnement capitalistique de l'économie : depuis très longtemps les politiciens sont gavés de préceptes devenus faux mais qu'ils tentent malgré tout maintenir en place (pourquoi, mystère). Pour revenir sur le ...

à écrit le 09/01/2020 à 8:13
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3 milliardaires au sein de la seule société lactalis, pas la peine de gueuler contre l’État, si ce n'est de laisser faire cette asservissement honteux ou de s'en prendre aux consommateurs qui n'aimeraient plus leurs agriculteurs hein... Nous n'y ...

à écrit le 09/01/2020 à 5:54
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La tradition de boire du lait le matin est une aberration, sur le plan nutritif. Il vaut bien mieux manger un bon plat de pâtes ou de riz, ça met en forme pour la journée.

le 09/01/2020 à 11:29
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@Max D'autant plus que c'est quasiment de la "flotte" et indigeste. Tout aussi nocif que le gluten.

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