
« Ça va dans le bon sens, on est plein d'espoir », affirme Dominique Anract, président le de Confédération nationale de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie française. Un optimisme affiché après une réunion ce matin en présence de Bruno Le Maire et d'Olivia Grégoire, alors que le secteur a vu ses factures bondir, parfois d'un facteur dix, ces derniers mois. En cause : l'augmentation du prix de l'électricité, la grippe aviaire ou la flambée du coût des matières premières.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire rencontrait également les fournisseurs d'énergie cet après-midi, estimant que « l'effort doit être fait par tous ». « Les consommateurs paient leur part, les boulangers et l'Etat aussi. Il faut que les fournisseurs d'énergie fassent l'effort également », a insisté le locataire de Bercy. Retour sur ces mesures qualifiées d'« exceptionnelles ».
Quel dispositif pour aider les boulangers à faire face à la crise ?
Un dispositif d'aides en trois étapes, c'est ce qu'ont promis Bruno Le Maire et Olivia Grégoire à l'issue de l'entretien avec les représentants des boulangers de France. Dans un premier temps, le ministre de l'Economie a rappelé que les PME pouvaient solliciter l'aide de l'Etat grâce au guichet de l'aide gaz et électricité. « Aujourd'hui, il y a à peine une cinquantaine de PME chaque jour sur le site, ce n'est pas assez, je les appelle à venir », a déclaré Bruno Le Maire, rappelant au passage que ce dispositif devait être fermé pour janvier mais qu'il continuera finalement pour début 2023.
Les boulangers pourront ensuite bénéficier d'une remise en moyenne de 20% de la part de leurs fournisseurs d'énergie sur leurs factures de début d'année 2023, le fameux « amortisseur électricité ».
« Les deux aides cumulées - le guichet et l'amortisseur - pourront allées jusqu'à 40% de remise sur la facture d'électricité des boulangers. Enfin, comme l'a rappelé la Première ministre ce matin, nous avons décidé un report des charges sociales et des charges fiscales pour tous les boulangers qui auraient des problèmes de trésorerie », a résumé Bruno Le Maire.
Ces mesures seront complétées par un meilleur dispositif d'information : le ministre de l'Economie et Olivia Grégoire se sont engagés à écrire aux 33 000 boulangers de France cette semaine afin de les avertir au mieux des aides auxquelles ils auront le droit. Ces aides devraient parvenir à diviser par deux la hausse des factures de ces milliers de PME. Elles sont néanmoins limitées dans le temps, sans pour autant avoir de date de fin.
Qu'est ce que la mesure exceptionnelle promise par les fournisseurs d'énergie à la filière ?
Les fournisseurs d'énergie se sont engagés à accepter de résilier les contrats sans frais lorsque les prix ont explosé de manières « prohibitives » et « insupportables », sans plus de détail. Cette mesure, jugée « exceptionnelle » par le ministre de l'Economie, permettra de renégocier les contrats pour des prix plus avantageux. Une mesure accordée uniquement aux boulangers et évaluée au cas par cas selon les situations financières.
Une décision qui pourrait entraîner des revendications similaires dans d'autres secteurs artisanaux, également très touchés par la crise énergétique. « Les boulangers souffrent à la fois de l'augmentation des matières premières et de l'augmentation de l'énergie, c'est la double peine pour eux », a justifié Bruno Le Maire.
Celui-ci avait, plus tôt dans la journée, critiqué les fournisseurs d'énergie en dénonçant des engagements qui n'ont pas été tenus dans la charte signée le 16 décembre dernier notamment « améliorer la lisibilité du processus de renouvellement de contrats professionnels. » Bruno Le Maire a menacé de « prélever davantage aux fournisseurs » s'ils ne respectaient pas leurs engagements ainsi qu'à « divulguer les noms » des entreprises responsables.
Quelles répercussions sur les consommateurs ?
Concernant la trésorerie des boulangers, les ministres ont souligné que leurs problèmes étaient surtout prégnants cet hiver. Olivia Grégoire a annoncé un étalement des factures jusqu'à l'été pour soulager les soucis des entreprises cet hiver. Des discussions sont également en cours avec le secteur bancaire pour soutenir les artisans. Difficile donc de connaître l'évolution finale du prix des produits en boulangerie dans les prochains mois.
Pour leur représentant Dominique Anract, il faudra néanmoins obligatoirement augmenter les prix de 3 à 5% pour « limiter la casse ». Des augmentations « raisonnables » selon le responsable, même s'ils confessent que les boulangers « ont peur d'augmenter leur prix » alors que les prix ont bondi de 30% sur certaines matières premières comme la farine ou le chocolat, se répercutant déjà sur la prix du pain et des pâtisseries.
Les boulangers, dont certains prévoient de manifester à Paris le 23 janvier, n'ont donc pas terminé de faire entendre leur voix. Le président de la République les recevra par ailleurs jeudi autour de la traditionnelle cérémonie de la galette des rois à l'Elysée. Une galette qui devrait elle aussi coûter plus cher cette année.
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